Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/310

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Ils sont embarrassés de remplir les journées d’un voyageur qui séjourne un mois dans un pays où il y a de quoi voir pour dix ans.

Ce prince est souvent très-fin dans ses réponses et dans des occasions difficiles. Le roi lui disait, en lui montrant Mme de Flavacourt : « Sire, vous voyez cette femme-là ; elle est belle ; croiriez-vous qu’elle a cinquante-huit ans ? oui, cinquante-huit ans : elle est d’un an plus jeune que moi. — Sire, lui répondit le jeune souverain, je vois qu’on ne vieillit pas dans votre royaume. »

Il en est arrivé de ce prince tout au rebours des autres ; le contraire de la fable des Bâtons flottants.

J’attends que l’histoire de votre remboursement et ses suites soient finies, pour en rire à mon aise.

J’ai beau vous dire que je vous haïrai toutes si vous continuez à vous porter mal, il n’y a que Mlle de ••• à qui cela fasse peur.

Vous pouvez soupirer après l’abbé Marin tant qu’il vous plaira ; je ne veux plus m’en soucier.

Moi, je respire. La pauvre artiste[1] n’est pas encore à la barrière de Charenton, mais elle y sera bientôt ; je vous ferai ce conte-là quand il en sera temps.

Agréez et faites agréer mon respect. Je suis toujours le même, mon amie ; oui, toujours. Revenez, si vous en doutez.


CXIX


À Paris, le 15 novembre 1768.


Je vous supplie, mon amie, de ne pas vous plaindre de ma négligence : je réponds sur-le-champ. Votre dernière me parvint le 13 novembre, et votre avant-dernière était datée des derniers jours d’octobre.

Je n’ai pas eu le moindre doute que maman, bonne, humaine,

  1. Mme Therbouche.