Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bienfaisante, heureuse comme le sont presque toujours les personnes prudentes, n’aquiesçât à la proposition que je lui faisais. J’en ai prévenu Gatti, qui attend son retour avec la même impatience que moi, et qui ne demande pas mieux que de l’initier dans cette pratique de l’inoculation. Il faut qu’au même moment où je la sollicite, le hasard lui envoie une pauvre créature aveuglée par la petite vérole naturelle pour appuyer ma demande.

Ne craignez-vous pas que cette méchante femme n’apprenne ou ne soupçonne que vous êtes au fond de cette petite correction, et qu’elle ne fasse quelque coup de tête violent ? Mes amies, prenez-y garde.

Le portrait de Mme Bouchard a été gâté chez elle, et gâté presque sans ressource ; l’artiste y a fait ce qu’il a pu, et il est à peu près comme au sortir de ses mains.

J’oubliais de vous dire qu’il est sorti du petit hôpital de Gatti soixante et un enfants inoculés sans qu’il y en ait eu un seul alité.

J’embrasse de tout mon cœur le garçon chirurgien qui s’occupe à bien faire depuis le matin jusqu’au soir, et qui sait si grand gré à ceux qui le suivent de loin.

Je crois que vous m’aimez toujours ; je m’en rapporte plus volontiers à votre goût pour la justice qu’aux apparences.

Pour maman, je suis très-sûr que je lui suis cher : cela tout simplement parce qu’elle vous permet de me le dire.

Quel diable d’amphigouri me faites-vous sur les grains ? Il y a à la halle deux sortes de farines : il y a de la farine dite malicet, du nom de celui qui la fournit, qui est plus belle, plus chère, et peut-être dans des sacs cachetés.

J’aime la conduite de vos magistrats ; il est rare que des officiers municipaux aient cette fermeté-là.

Si je ne me mêle pas de traîner le cher parent dans la boue, je l’abandonnerai à un certain Target qui s’en acquittera bien pour moi.

J’avoue que je ne connais pas quelle affaire nous pouvons avoir à démêler avec lui. Il a fait ses demandes ; elles ont été accordées. Il était fondé de procuration ; il a transigé pour lui et ses ayants cause. C’est donc un libelle qu’il veut publier ; il faut l’attendre, et avoir confiance dans nos ongles et ceux des lois.