Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/341

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moi ; libre de toute indisposition, comme moi ; jeune comme moi ? Dites-lui, en lui présentant mon respect, que je m’en réjouis autant que vous.

J’ai rêvé au motif du voyage de Vialet, et voici ce qui m’a passé par la tête. Le projet de M. Deparcieux d’amener les eaux de la rivière d’Yvette au haut de l’Estrapade est arrêté. M. Perronet, qui en est chargé, n’ayant plus pour Vialet une aversion dont la cause ne subsiste plus, et sentant le besoin qu’il a de ses talents, le fait-il venir pour lui succéder dans la conduite de cette entreprise, ou mieux encore, pour remplacer Chésy à l’École, tandis que celui-ci conduira les travaux de l’Yvette ? Mais alors, une autre chose qui pourrait bien arriver, c’est que le beau-frère, qui n’a pas plus de religion qu’il ne faut, trouvera plus d’avantage à lui donner sa fille qu’à Digeon, qui n’a que des espérances, et que Digeon fût éconduit.

Je suis veuf ; j’arrive du Grandval ; et aussitôt ma femme et ma fille partent pour aller à la campagne ; elles y resteront jusqu’à dimanche prochain, que j’irai les rechercher. Si je me détermine lundi à aller passer la semaine, et faire la Saint-Martin avec le baron, au Grandval, je ne manquerai pas de vous en informer.

Le tablier de la boutique de Grimm me reste encore pour jusqu’à ce qu’il soit délivré des embarras que son absence de cinq mois lui a accumulés. Ajoutez à cela que tout mon temps au Grandval s’en va à blanchir les chiffons des autres.

Je vous salue, vous embrasse, et vous présente à toutes trois les sentiments du plus sincère et du plus tendre respect. À Paris, le lendemain de la Toussaint.


CXXX


Bourbonne-les-Bains, le 15 juillet 1770.


Mademoiselle, ce n’est pas à vous que je dis, c’est à celles qui m’aiment.

Je ne suis pas venu en province pour mon amusement : je