Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/365

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NOTICE PRÉLIMINAIRE


Cet abbé Le Monnier, que Diderot rencontra chez les dames Volland et dont il resta l’ami jusqu’à la fin, est une agréable figure de rimeur, d’humaniste et de philanthrope. Mais il a expié le tort d’avoir écrit des fables après La Fontaine et d’avoir traduit Perse et Térence qu’on ne lit plus guère aujourd’hui, même dans une traduction. Quant à la Fête des bonnes gens, elle n’a point survécu à ses fondateurs. Parler de Le Monnier, c’est donc ajouter un chapitre à cette histoire des oubliés et des dédaignés de la littérature que chaque siècle laisse à faire après lui.

Guillaume-Antoine Le Monnier naquit à Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche), en 1721. Après ses études commencées à Coutances et achevées au collège d’Harcourt, il fut nommé, en 1743, chapelain de la Sainte-Chapelle, où, pour 1,400 livres par an, il enseignait aux enfants de chœur le plain-chant et le latin. Plus tard, une épître, fort gentiment tournée, à son archevêque lui valait une pension de 800 livres qui le garantissait, disait-il, « de la faim comme de l’indigestion ». La maîtrise et la classe ne l’empêchaient pas de se lier avec Diderot, Grétry, Raynal, « qui l’appelait le meilleur des hommes », Élie de Beaumont, Greuze, Moreau le Jeune, Sophie Arnould,


. . . . . . . .Le Carpentier,
Cochin, Perronet, Cendrier,
Et de leurs pareils quinze ou seize,
Qui sont amis chauds comme braise.


Non content de corriger le Dialogue sur la raison humaine, qui est la première œuvre imprimée de l’abbé, Diderot relisait, la plume à la main, ses deux traductions, et leur cherchait un éditeur. Le Monnier l’en remerciait par une fable dont il empruntait le sujet à une repartie