Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vertus propres de la femme, et que les pleurs sont ses véritables armes. Si vos yeux s’allument, si les muscles de vos joues et de votre cou se gonflent, si vos bras se raidissent, si les accents durs de votre voix s’élèvent, s’il sort de votre bouche des propos violents, des mots déshonnêtes, des injures grossières ou non, vous n’êtes plus qu’une femme de la halle, une créature hideuse à voir, hideuse à entendre, vous avez renoncé aux qualités aimables de votre sexe, pour prendre les vices odieux du nôtre. Il est indigne d’un galant homme de frapper une femme, il est plus mal encore à une femme de mériter ce châtiment. Si vous ne devenez pas meilleure, si tous vos jours continuent à être marqués par des folies, je perdrai tout l’intérêt que je prends à vous ; présentez mon respect à M. le comte, faites son bonheur puisqu’il se charge du vôtre.


XII

À LA MÊME,
À SALTZ-VEDEL, PRÈS MAGDEBOURG.
16 juillet 1768.

Vous avez écrit à madame votre mère une lettre aussi dure que peu méritée. Elle a gagné son procès. La Brunet ne me paraît pas une femme trop équitable. J’ai touché la pension sur le roi. J’ai reçu deux lettres de change de M. Fischer, l’une de 1,373 livres 18 sous 6 deniers sur MM. Tourton et Baure : elle est acceptée et sera payée le 9 du mois prochain ; l’autre de 2,376 livres 1 sou 6 deniers sur M. de Van-Eycken qui est payée. Ces deux sommes font celle de 3,750 livres qui répondent à mille écus de Saxe. Je ferai faire votre bracelet par un M. Belle, de mes amis, dont je réponds pour le travail et pour la probité. Mais de deux choses l’une, c’est que le portrait est de beaucoup trop grand et qu’il en faudra supprimer presque jusqu’au chapeau, ce qui ne nuira à rien ; l’autre, c’est que l’entourage du portrait et celui du chiffre seront bien mesquins en n’y mettant que cent louis. L’artiste, qui ne demande ni à vendre ni à