Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gagner, prétend que, pour que ces bracelets soient honnêtes, il y faut consacrer 3,000 livres ou 1,000 écus. En ce cas, voyez ce que vous avez à faire. Faites-moi réponse là-dessus, et présentez mon respect à M, le comte. Tâchez, pour Dieu, de ne faire aucune folie ni l’un ni l’autre, si vous ne voulez pas en être châtiés l’un par l’autre. Aimez-vous paisiblement, et ne pervertissez pas la nature et la fin d’une passion qui est moins précieuse par les plaisirs qu’elle nous donne que par les maux dont elle nous console. Si vous vous déterminez à dépenser 1,000 écus à vos bracelets, il me restera 750 livres dont je disposerai comme il vous plaira. Soyez bien aimable, bien douce surtout et bien honnête. Tout cela se tient. Si vous négligez une de ces qualités, il sera difficile que vous ayez bien les deux autres.


XIII

À LA MÊME,
CHEZ M. LE COMTE DE SCHULLEMBOURG, À BORDEAUX.
10 septembre 1768.

Mademoiselle, je ne saurais ni vous approuver ni vous blâmer de votre raccommodement avec M. le comte. Il est trop incertain que vous soyez faite pour son bonheur et lui pour le vôtre. Vous avez vos défauts, qu’il n’est jamais disposé à vous pardonner ; il a les siens, pour lesquels vous n’avez aucune indulgence. Il semble s’occuper lui-même à détruire l’effet de sa tendresse et de sa bienfaisance. Je crois que de votre côté il faut peu de chose pour altérer votre cœur et vous porter à un parti violent. Aussi je ne serais pas étonné qu’au moment où vous recevrez l’un et l’autre ma belle exhortation à la paix, vous ne fussiez en pleine guerre. Il faut donc attendre le succès de ses promesses et de vos résolutions. C’est ce que je fais sans être indifférent sur votre sort.

J’ai reçu votre procuration, elle est bien. Il me faut à présent un certificat de vie légalisé. Ne différez pas d’un instant à me l’envoyer. Je vous enverrai, par la voie que vous m’indiquerez,