Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVII.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
340
VOYAGE

La plus longue durée du bain qui n’a pas été précédée de la douche est d’une heure.

Le bain excite la transpiration, qui s’y condense sous la forme de glaires ou de blanc d’œuf léger. Je ne sais rien de plus sur la nature et la qualité de ces glaires, qui mériteraient peut-être d’être examinés de plus près. Leur quantité, leur qualité varient-elles selon l’état des malades et la nature des maladies ? Mieux connues, ne fourniraient-elles pas de prognostics au médecin ? Je l’ignore.

Le premier jour de la saison est de deux verres ; puis les autres jours de trois, de quatre, de cinq, de six. On se tient plus ou moins de temps à chacune de ces doses, dont la plus forte se prend pendant les derniers des vingt-sept jours de la saison.

Pour les obstructions, la saison est quelquefois de quarante jours sans interruption.

Le repos entre une saison et une saison varie. L’intervalle d’une saison à la saison suivante est communément de quinze à vingt jours, selon les forces ou la fatigue du malade.

Pendant l’usage des eaux le régime est austère ; il est ordonné de dîner de bonne heure, de souper de bonne heure, de se coucher de bonne heure, parce qu’il faut prendre les eaux de bonne heure. Il y a des mets ordonnés, il y en a de proscrits. Pendant le repos, on traite les malades avec un peu d’indulgence ; on se relâche un peu de la sévérité sur les heures des repas, de la veille et du sommeil, et l’on fait mal, car je sais qu’on en abuse.

Pendant que j’étais aux eaux, on y douchait un cheval. L’animal malade prêtait sans peine son épaule infirme à la douche ; il léchait l’eau. Quant à son épaule saine, il la refusait au remède. Le coup du fluide qui blessait celle-ci était peut-être moins sensible sur l’autre paralysée.

Le nombre courant des douches est de neuf à douze.

Les eaux présentent à ceux qui entrent dans les bains une odeur de foie de soufre assez forte ; mais y a-t-il ou n’y a-t-il point de soufre ? C’est une autre question. Voici des faits qui semblent contradictoires et sur lesquels on ne peut également compter.

M. Chevallier, chirurgien du lieu, homme véridique et ins-