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chose. Je vous en parlerai mieux et plus au long une autre fois.

Je vous salue et vous embrasse tendrement tous les deux. Ah ! mademoiselle Victoire, quel chemin vous avez fait !


Ce 6 avril 1769.


XX


Je vous écris à la hâte pour la seconde fois, mes amis ; Dieu m’envoie tous ceux qui partent pour Pétersbourg ; mais le diable, plus fin que lui, comme c’est l’ordinaire, ne leur permet d’arriver à mon étage qu’un quart d’heure avant leur départ. Je n’ai pas le temps de vérifier si j’ai reçu ou non les lettres dont vous me parlez. Tout ce que je puis vous dire, c’est que cinq ou six réponses que je vous ai faites ont été interceptées, et que j’en suis enragé, parce qu’elles contenaient des choses que je ne retrouverai plus et que vous auriez eu du plaisir à lire. Je vous disais, en cent façons différentes, tantôt en vous cajolant, tantôt en vous brusquant, que je vous aimais à la folie. Vous savez que M. Collin fait son séjour habituel à la campagne ; il faut le saisir au vol pour lui parler à la ville. Cela sera fait incessamment. M. Poissart a reçu et m’a montré la lettre de Mlle Collot. Nous avons fait apprendre à lire et à écrire à son frère, et je l’ai placé apprenti imprimeur chez Le Breton qui en est très-satisfait. C’est un état honnête, mademoiselle. Vos morceaux de sculpture me sont enfin parvenus, mais dans un état pitoyable ; malgré cela, les gens de l’art en font le plus grand cas, et conviennent tous, d’une voix unanime, qu’on a admis bon nombre d’artistes aux honneurs académiques sur des ouvrages qui ne les valaient pas. Servez M. de Cotensky auprès de l’Impératrice. C’est un galant homme, circonspect, exact, mais dont les dépêches ont subi le même sort que les miennes.

Ah ! mon ami, combien on nous a fait de vilenies ! Le prince