Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/323

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votre monument à quelque apprenti fondeur. Croyez-moi, mon ami, faites venir Gor[1].

Votre cousine se porte fort bien. L’oncle de Mlle Collot est un honnête homme que j’estime, et son frère sera un jour un bon sujet. Nous lui avons appris à lire et à écrire, et je l’ai placé chez Le Breton, apprenti imprimeur. Il y est aimé, il y fait bien son devoir ; je l’ai mis là sous la direction d’un nommé Stouppe, qui aura l’œil sur ses mœurs et qui lui facilitera les progrès dans l’art.

Mon ami, ces gens-là, et quand je vous dis ces gens-là, je veux mourir si je sais bien précisément de qui je parle, ces gens-là donc ont joué le jeu de m’envoyer au Fort-l’Évêque.

Envoyez-moi votre souscription, envoyez-moi celle de M. de Villers, et dites-moi ce que vous avez fait, l’un et l’autre, des volumes de planches, afin que je sache ce qui vous en manque.

Au moment où je vous écris, je me figure qu’on ouvre les caisses qui contiennent ce beau Murillo de Gaignat avec trois Gérard Dow très-précieux et un excellent J.-B. Van Loo.

Je ne vous dis rien des cinq tableaux, dont la réputation est faite ; mais vous jugerez comme il vous plaira des quatre autres. Cela n’empêchera pas que nos artistes se sont surpassés. Jamais Casanove n’a peint avec tant de vigueur. C’est une belle et grande machine que le morceau de Machy. Michel y a mis tout son savoir-faire. Je ne vous dirai rien de Vien, vous le verrez. Ils étaient tous désolés de n’être par exposés au Salon.

J’ai fort à cœur que cet envoi réussisse.

Le projet qu’on avait formé de ruiner ici notre crédit a échoué ; mais ce n’a pas été sans peine de ma part et sans un ressentiment bien profond de vos envieux.

Ô l’indigne nature que ce Greuze !

M. le prince de Galitzin, dépité comme moi du mauvais succès de vos plâtres, m’a promis, sur son honneur, de vous faire fondre en bronze le buste de Catherine. Je vous prie, mon ami, de lui rappeler sa parole, et d’en favoriser l’exécution.

Souviens-toi, Falconet, qu’il faut mourir à la peine, ou faire

  1. Fondeur de l’Arsenal, qui avait coulé en bronze la statue de Frédéric V, roi de Danemark, par Saly.