Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/402

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les fautes que je ne commets pas pour lesquelles je trouve de l’indulgence. Avec quelle chaleur votre sœur m’accuse ! comme elle dit ! quelle couleur ont ses expressions ! comme elle dirait si elle aimait ! comme elle aimerait ! mais par bonheur ou par malheur, cet être singulier est encore à naître. Je n’ai point commis d’imprudence là-bas ; rassurez-vous. J’ai quelquefois souri à certains propos, mais c’est tout. Vous avez vu le Baron au Palais-Royal ; il est donc à Paris ! Je me reproche de ne lui avoir écrit ni mon départ, ni mon séjour, ni mes arrangements, ni ma vie, ni mon retour. Grimm et ma Sophie ont tout pris ; mais peut-être ne s’en est-il pas aperçu ? De temps en temps je me tracasse sur des choses que je sens et que j’aperçois tout seul.

Pourquoi cette curiosité sur cette lettre de Grimm ? Espérez-vous y trouver l’excuse de votre sœur et la vôtre ? Tenez, ne faites plus de fautes ; quand vous les réparez, vous les aggravez. Je m’y attendais, je m’y attendais, et je ne saurais vous dire combien ce reproche me touche doucement. N’y a-t-il point de mal à vous demander ce que c’est que cette belle dame qui s’intéresse à moi, et à qui je ne m’intéresse guère, puisque je ne la remets pas ? mais il en est une autre qui m’a suivi jusqu’ici. Je n’ai que faire de vous la nommer ; madame votre mère m’en parlait hier à table et m’examinait. Je crois aussi que mon discours et mon visage étaient un peu embarrassés. C’est que je ne saurais parler à moitié ; il faut que je dise tout ou rien.

Il me dit des choses tendres, douces ; il les pense ; mais, n’en dit-il qu’à moi ? Belle occasion pour mentir ! Mais pourquoi faire de ces questions ? il me prend envie d’imiter votre ton léger ; mais je ne saurais. Non, mademoiselle ; je n’aime que vous ; je n’aimerai jamais que vous, et je ne laisserai jamais croire à une autre que je la trouve aimable sans me le reprocher. N’allez-vous pas dire encore de cette phrase qu’elle convient également à l’innocent et au coupable ? La remarque que vous faites sur la circonspection des méchants n’est pas juste ; et quand elle le serait, qu’est-ce que cela me fait ? Je n’ai pas été circonspect ; je me suis laissé aller tout bonnement, et les méchants ne font pas ainsi. Je suis bien aise que vous, Mme Le Gendre, Mlle Boileau me désiriez, pourvu que ce ne soit pas pour vous mettre d’accord. Je n’entends rien ni en fausseté ni en hypocrisie. Je me souviens seulement d’avoir lu