Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XX.djvu/137

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Ils donneront la mesure du talent de Mme de Puisieux, lorsque ce n’était pas Diderot qui tenait la plume :


Quand tout Paris à la Bastille
Me met avec acharnement,
Je repose, mon cher V.....,
Dans mon lit fort tranquillement.

Jamais d’une coupable audace
À ma muse je n’ai permis
Contre des personnes en place
De décocher des traits hardis.

De l’amour et de la folie
Je fais mon occupation ;
Je mêle la philosophie
À leur douce distraction.

Dans une profonde ignorance
De ce qui concerne l’État,
J’impose aux amis le silence
Sur les querelles du Sénat.

Une affaire si relevée,

. . . . . . . . . . . . . . .

N’est point du tout de mon ressort ;

Je jase au risque d’avoir tort.

J’honore mon Roi, ma patrie,
Je m’en fis toujours un devoir.
Je vis à l’abri de l’envie,
Et sans redouter le pouvoir.

Je n’ai rien reçu de personne.
Et mon sort est indépendant ;
Mais la loi de l’honneur m’ordonne
D’avoir des égards pour le rang.

Dans un ministre respectable,
J’adore un mérite éclatant ;
Et s’il eût été moins aimable
Jamais je n’eusse, un seul instant,