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De même si je dis Pierre est avec, sur, ou dans, ces mots avec, sur, ou dans ne sont que des parties de concept, & ont besoin chacun d’un complément ; or ces mots joints à un complément font un concept, qui, étant énoncé en un seul mot, forme l’adverbe, qui, en tant que concept particulier & tout formé, n’a pas besoin de complément pour être tel concept particulier.

Selon cette notion de l’adverbe, il est évident que les mots qui ne peuvent pas être réduits à une préposition suivie de son complément, sont ou des conjonctions ou des particules qui ont des usages particuliers : mais ces mots ne doivent point être mis dans la classe des adverbes ; ainsi je ne mets pas non, ni oui parmi les adverbes ; non, ne, sont des particules négatives.

A l’égard de oui, je crois que c’est le participe passif du verbe ouir, & que nous disons oui par ellipse, cela est oui, cela est entendu : c’est dans le même sens que les Latins disoient, dictum puto. Ter. Andr. act. I. sc. 1.

Il y a donc autant de sortes d’adverbes qu’il y a d’especes de manieres d’êtres qui peuvent être énoncées par une préposition & son complément, on peut les réduire à certaines classes.

Adverbes de tems. Il y a deux questions de tems, qui se font par des adverbes, & auxquelles on répond ou par des adverbes ou par des prépositions avec un complément.

1. Quando, quand viendrez-vous ? demain, dans trois jours.

2. Quandiu, combien de tems ? tandiu, si long-tems que, autant de tems que.

D. Combien de tems Jesus-Christ a-t-il vêcu ? R. Trente-trois ans : on sous-entend pendant.

Voici encore quelques adverbes de tems : donec jusqu’à ce que ; quotidie tous les jours : on sous-entend la préposition pendant, per : nunc maintenant, présentement, alors, c’est-à-dire à l’heure.

Auparavant : ce mot étant adverbe ne doit point avoir de complément ; ainsi c’est une faute de dire auparavant cela ; il faut dire avant cela, autrefois, dernierement.

Hodie, aujourd’hui, c’est-à-dire au jour de hui, au jour présent ; on disoit autrefois simplement hui, je n’irai hui. Nicod. Hui est encore en usage dans nos provinces méridionales ; heri, hier ; cras, demain ; olim, quondam, alias, autrefois, un jour, pour le passé & pour l’avenir.

Aliquando, quelquefois ; pridie, le jour de devant ; postridie, quasi posterà die, le jour d’après ; perindie, après demain ; mane, le matin ; vespere & vesperi, le soir ; sero, tard ; nudius-tertius, avant-hier, c’est-à-dire, nunc est dies tertius, quartus, quintus, &c. il y a trois, quatre, cinq jours, &c. unquam, quelques jours, avec affirmation ; nunquam, jamais, avec négation ; jam, déjà ; nuper, il n’y a pas long-tems.

Diu, long-tems ; recens & recenter, depuis peu ; jam-dudum, il y a long-tems ; quando, quand ; antehac, ci-devant ; posthac, ci-après ; dehinc, deinceps, à l’avenir ; antea, priùs, auparavant ; antequam, priusquam, avant que ; quoad, donec, jusqu’à ce que ; dum, tandis que ; mox, bien-tôt ; statim, dabord, tout-à-l’heure ; tum, tunc, alors ; etiam-nunc, ou etiam-num, encore maintenant ; jam-tum, dès-lors ; prope-diem, dans peu de tems ; tandem, demum, denique, enfin ; deinceps, à l’avenir ; plerumque, crebro, frequenter, ordinairement, d’ordinaire.

Adverbes de lieu. Il y a quatre manieres d’envisager le lieu : on peut le regarder 1°. comme étant le lieu où l’on est, où l’on demeure ; 2°. comme étant le lieu où l’on va ; 3°. comme étant le lieu par où l’on passe ; 4°. comme étant le lieu d’où l’on vient. C’est ce que les Grammairiens appellent in

loco, ad locum, per locum, de loco ; ou autrement, ubi, quo, qua, unde.

1. In loco, ou ubi, où est-il ? il est là ; & , sont adverbes ; car on peut dire en quel lieu ? R. en ce lieu ; hic, ici, où je suis ; istic, où vous êtes ; illic, & ibi, là où il est.

2. Ad locum, ou quò ; ce mot pris aujourd’hui adverbialement, est un ancien accusatif neutre, comme duo & ambo ; il s’est conservé en quocirca, c’est pourquoi, c’est pour cette raison : quò vadis, où allez-vous ? R. Huc, ici ; istuc, là où vous êtes ; illuc, là où il est ; , là.

3. Qua ? qua ibo ? là, où irai-je ? R. hac, par ici ; istac, par là où vous êtes ; illac, par là où il est.

4. Unde ? unde venis ? D’où venez-vous ? hinc, d’ici ; istinc, de-là ; illinc, de-là ; inde, de-là.

Voici encore quelques adverbes de lieu ou de situation ; y, il y est, ailleurs, devant, derriere, dessus, dessous, dedans, dehors, partout, autour.

De quantité : quantum, combien ; multum, beaucoup, qui vient de bella copia, ou selon un beau coup ; parum, peu ; minimum, fort peu ; plus, ou ad plus, davantage ; plurimum, très-fort ; aliquantulum, un peu ; modicè, médiocrement ; largè, amplement ; affatim, abundanter, abundè, copiosè, ubertim, en abondance, à foison, largement.

De qualité : doctè, savamment ; piè, pieusement ; ardenter, ardemment ; sapienter, sagement ; alacriter, gaiement ; benè, bien ; malè, mal ; feliciter, heureusement ; & grand nombre d’autres formés des adjectifs, qui qualifient leurs substantifs.

De maniere : celeriter, promptement ; subitò, tout d’un coup ; lentè, lentement ; festinanter, properè, properanter, à la hâte ; sensim, peu-à-peu ; promiscuè, confusément ; protervè, insolemment ; multifariam, de diverses manieres ; bifariam, en deux manieres : racine, bis & viam, ou faciem, &c.

Utinam peut être regardé comme une interjection, ou comme un adverbe de desir, qui vient de ut, uti, & de la particule explétive nam : nous rendons ce mot par une périphrase, plût à Dieu que.

Il y a des adverbes qui servent à marquer le rapport, ou la relation de ressemblance : ita ut, ainsi que ; quasi, ceu, par un c, ut, uti, velut, veluti, sic, sicut, comme, de la même maniere que ; tanquam, de même que.

D’autres au contraire marquent diversité ; aliter, autrement ; alioquin, cæteroquin, d’ailleurs, autrement.

D’autres adverbes servent à compter combien de fois : semel, une fois ; bis, deux fois ; ter, trois fois, &c. en François, nous sous-entendons ici quelques prépositions, pendant, pour, par trois fois ; quoties, combien de fois ; aliquoties, quelquefois ; quinquies, cinq fois ; centies, cent fois ; millies, mille fois ; iterum, denuò, encore ; saepè, crebrò, souvent ; rarò, rarement.

D’autres sont adverbes de nombre ordinal, primò, premierement ; secundò, secondement, en second lieu : ainsi des autres.

D’interrogation : quare, c’est-à-dire, quâ de re, & par abréviation, cur, quamobrem, ob quam rem, quapropter, pourquoi, pour quel sujet ; quomodò, comment. Il y a aussi des particules qui servent à l’interrogation, an, anne, num, nunquid, nonne, ne, joint à un mot ; vides-ne ? voyez-vous ? ec joint à certains mots, ecquando, quand ? ecquis, qui ? ecqua mulier (Cic.), quelle femme ?

D’affirmation : etiam, ita, ainsi ; certè, certainement ; sanè, vraiment, oui, sans doute : les Anciens disoient aussi Hercle, c’est-à-dire, par Hercule ; Pol, Ædepol, par Pollux ; Næcastor, ou Mecastor, par Castor, &c.

De négation : nullatenus, en aucune manie-