conviendra de la sagesse de ces lois & de celle du gouvernement, qui n’a presque pas perdu de vûe un seul des objets qui pourroient intéresser notre bien-être. Nous avons un nombre infini d’occasions de faire cette réflexion, & nous ne nous lasserons point de la répéter, afin que les peuples apprennent à aimer la société dans laquelle ils vivent, & les Puissances qui les gouvernent.
Agneau, (Mat. med.) On emploie plusieurs de ses parties en Medecine. Hippocrate dans son traité de superfætatione, ordonne d’appliquer une peau d’agneau toute chaude sur le ventre des filles qui sont incommodées par une suppression de regles, dans le dessein de relâcher les vaisseaux de l’uterus & d’en diminuer la tension.
M. Freind dans son Emmenalogie recommande des fomentations émollientes pour le même effet : mais la chaleur balsamique de la peau d’un agneau nouvellement tué, me paroît plus propre qu’aucune autre chaleur artificielle à relâcher les vaisseaux.
Ses poumons sont bons dans les maladies de la poitrine ; son fiel est propre contre l’épilepsie, la dose en est depuis deux gouttes jusqu’à huit. La caillette qui se trouve au fond de son estomac est regardée comme un antidote contre les poisons. Les poumons de cet animal brûlés & réduits en poudre guérissent les meurtrissures que causent les souliers trop étroits.
L’agneau contient une grande quantité d’huile & de sel volatil. Les parties de l’agneau les meilleures & les plus légeres sont, suivant Celse, la tête & les piés. Il donne un suc gluant.
L’agneau est humectant, rafraîchissant ; il nourrit beaucoup & adoucit les humeurs acres & picotantes : quand il est trop jeune & qu’il n’est pas assez cuit, il est indigeste. Il convient dans les tems chauds aux jeunes gens bilieux : mais les personnes d’un tempérament froid & phlegmatique, doivent s’en abstenir & en user modérément. (N)
La peau d’agneau garnie de son poil & préparée par les Pelletiers-Fourreurs ou par les Mégissiers, s’emploie à de fort bonnes fourrures qu’on appelle fourrure d’agnelins.
Ces mêmes peaux dépouillées de la laine, se passent aussi en mégie, & on en fabrique des marchandises de ganterie. A l’égard de la laine que fournissent les agneaux, elle entre dans la fabrique des chapeaux, & on en fait aussi plusieurs sortes d’étoffes & de marchandises de bonneterie.
* Agneaux de Perse, (Commerce.) Les fourrures de ces agneaux sont encore préférées en Moscovie à celles de Tartarie : elles sont grises & d’une frisure plus petite & plus belle : mais elles sont si cheres qu’on n’en garnit que les retroussis des vêtemens.
* Agneaux de Tartarie, (Commerce.) agneaux dont la fourrure est précieuse en Moscovie : elle vient de la Tartarie & des bords du Volga. La peau est trois fois plus chere que l’animal sans elle. La laine en est noire, fortement frisée, courte, douce & éclatante. Les Grands de Moscovie en fourrent leurs robes & leurs bonnets, quoiqu’ils pussent employer à cet usage les martres zibelines, si communes dans ce pays.
Agneau de Scythie. Voyez Agnus Scythicus.
* AGNEL ou AIGNEL, ancienne monnoie d’or qui fut battue sous S. Louis, & qui porte un agneau ou mouton. On lit dans le Blanc que l’agnel étoit d’or fin, & de 59 au marc sous S. Louis, & valoit 12 sous 6 deniers tournois. Ces sous étoient d’argent & presque du poids de l’agnel. La valeur de l’agnel est encore fixée par le même Auteur à 3 deniers 5 grains trébuchans. Le Roi Jean en fit faire qui étoient de 10 à 12 grains plus pesans. Ceux de Charles VI. & de Charles VII. ne pesoient que 2 deniers, & n’étoient pas or fin.
* AGNELINS, (terme de Mégisserie.) peaux passées
d’un côté, qui ont la laine de l’autre côté.
Nous avons expliqué à l’article Agneau, l’usage que les Mégissiers, les Chapeliers, les Pelletiers-Fourreurs & plusieurs autres ouvriers font de la peau de cet animal.
Agnelins se dit encore de la laine des agneaux qui n’ont pas été tondus, & qui se leve pour la premiere fois au sortir des abattis des Bouchers ou des boutiques des Rôtisseurs.
Agnelins se dit en général de la laine des agneaux qui n’ont pas été tondus, soit qu’on la coupe sur leur corps, ou qu’on l’enleve de dessus leurs peaux après qu’ils ont été tués.
* AGNESTIN, (Géog.) ville de Transylvanie sur la riviere d’Hospach. Long. 43. 12. lat. 46. 45.
AGNOITES ou AGNOETES, s. m. pl. (Théol.) secte d’hérétiques qui suivoient l’erreur de Théophrone de Cappadoce, lequel soûtenoit que la Science de Dieu par laquelle il prévoit les choses futures, connoît les présentes & se souvient des choses passées, n’est pas la même, ce qu’il tâchoit de prouver par quelques passages de l’Ecriture. Les Eunomiens ne pouvant souffrir cette erreur le chasserent de leur communion ; & il se fit chef d’une secte, à laquelle on donna le nom d’Eunomisphroniens. Socrate, Sozomene & Nicéphore qui parlent de ces hérétiques, ajoûtent qu’ils changerent aussi la forme du baptême, usitée dans l’Eglise, ne baptisant plus au nom de la Trinité, mais au nom de la mort de Jesus-Christ. Voyez Baptême & Forme. Cette secte commença sous l’empire de Valens, vers l’an du salut 370.
Agnoites ou Agnoetes, secte d’Eutychiens dont Thémistius fut l’auteur dans le VI. siecle. Ils soûtenoient que Jesus-Christ en tant qu’Homme ignoroit certaines choses, & particulierement le jour du jugement dernier.
Ce mot vient du Grec ἀγνοηται, ignorant, dérivé d’ἀγνοεῖν, ignorer.
Eulogius, Patriarche d’Alexandrie, qui écrivit contre les Agnoïtes sur la fin du vi. siecle, attribue cette erreur à quelques Solitaires qui habitoient dans le voisinage de Jérusalem, & qui pour la défendre alléguoient différens textes du Nouveau Testament, & entre autres celui de S. Marc, c. xiij. v. 32. que nul homme sur la terre ne sait ni le jour, ni l’heure du jugement, ni les Anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils, mais le Pere seul.
Il faut avoüer qu’avant l’hérésie des Ariens qui tiroient avantage de ce texte contre la divinité de Jesus-Christ, les Peres s’étoient contentés de leur répondre que ces paroles devoient s’entendre de Jesus-Christ comme homme. Mais depuis l’Arianisme & les disputes des Agnoïtes, les Théologiens Catholiques répondent que Jesus-Christ, même comme homme, n’ignoroit pas le jour du jugement, puisqu’il en avoit prédit l’heure en S. Luc, c. xvij. v. 31. le lieu en S. Matthieu, c. xxiv. v. 28. les signes & les causes en S. Luc, c. xxj. v. 25. ce qui a fait dire à S. Ambroise, lib. V. de fide, c. xvj. n°. 204. quomodo nescivit judicii diem qui & horam prædixit, & locum & signa expressit ac causas ? mais que par ces paroles le Sauveur avoit voulu réprimer la curiosité indiscrete de ses disciples, en leur faisant entendre qu’il n’étoit pas à propos qu’il leur révélât ce secret : & enfin, que ces mots, le Pere seul, n’excluent que les créatures & non le Verbe incarné, qui connoissoit bien l’heure & le jour du jugement en tant qu’Homme, mais non par la nature de son humanité quelqu’excellente qu’elle fût, dit S. Grégoire : in naturâ quidem humanitatis novit diem & horam, non ex naturâ humanitatis novit. Ideo scientiam, quam ex naturâ humanâ non habuit, in quâ cum Angelis creatura fuit, hanc se cum Angelis habere denegavit. Lib. I. epist. xlij. Wuitass. tract. de Trinit. part. I. qu. iv. art. 2. sect. iij. p. 408. & seq. (G)