L’Encyclopédie/1re édition/FORME

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FORME, s. f. (Métaphysique.) on définit ordinairement la forme, ce qui est de moins commun & de plus particulier ou de plus distingué dans un être. Quoique par cette définition, la forme semble pouvoir convenir aux esprits aussi-bien qu’aux corps, néanmoins, dans l’usage ordinaire, la forme, aussi-bien que la matiere, s’attribue aux seuls corps. Je définirois volontiers la forme des corps (laquelle est à la portée de notre esprit, & dont nous pouvons juger), la mesure ou portion de mouvement & d’arrangement, qui nous détermine à donner à certaine partie de la matiere une dénomination particuliere, plûtôt que toute autre dénomination.

Je ne parle pas ici de cette forme qu’on supposeroit consister dans un germe ou un atome particulier ; elle surpasseroit la sagacité de nos sens, puisque nous n’avons rien à dire de ce que nous ne pouvons connoître, & que nous ne connoissons rien dont l’idée primitive ne nous soit venue par la voie de l’expérience & des sensations.

Au reste, ce que nous avons dit de la forme ordinaire des corps, suffit pour nous donner distinctement à entendre tout ce que nous comprenons sous le nom de forme purement corporelle. Il ne faut pourtant pas croire que par-là nous puissions discerner toûjours en quoi consiste précisément la forme de chaque corps, c’est à-dire en quel degré de mouvement, d’arrangement, de situation, & de configuration de ses parties les plus petites, consiste la forme de chaque corps ; c’est de quoi s’occupe la Physique, & souvent avec assez peu de succès. Cependant l’analogie d’une forme à l’autre, & celle des corps que nous connoissons à ceux que nous ne connoissons pas, nous donne en général quelque idée de la forme des corps. Ainsi il arriveroit à tout homme sensé, qui n’auroit jamais vû de la farine & du pain, d’y trouver d’abord à-peu près la même différence de forme & même de substance, qu’entre du cuivre & de l’or : mais quand nous lui aurons fait connoître que la substance du pain n’est autre chose que de la farine dont les parties se sont rapprochées par la conglutination de l’eau, qui l’a rendue pâte, & ont encore été serrées par la cuisson qui l’a fait devenir pain, il jugera bientôt que l’eau & le feu n’y ont apporté d’autre changement, sinon celui qui s’est fait par les qualités que nous nommons couleur & dureté.

Nous jugerons de même qu’avec un changement pareil, dans un degré plus ou moins considérable, & avec plus ou moins de tems, ce qui est aujourd’hui du plomb ou du cuivre pourroit bien devenir tout autre métal, & peut-être de l’or. Article tiré des papiers de M. Formey.

Les philosophes scholastiques distinguent la figure de la forme, en ce que la premiere est la disposition des parties extérieures du corps ; & la seconde, celle des parties intérieures : c’est ce qui donne lieu à cette scène si plaisante du mariage forcé, où Pancrace, docteur péripatéticien, soûtient qu’on doit dire la figure d’un chapeau, & non la forme, & croit que l’état est renversé par l’usage contraire.

Forme substantielle, (Métaphysique.) terme barbare de l’ancienne philosophie scholastique, dont on s’est principalement servi pour désigner de prétendus êtres matériels qui n’étoient pourtant pas matiere. Nous ne nous chargeons pas d’expliquer ce que cela signifie : nous dirons seulement, que la question si épineuse de l’ame des bêtes a donné occasion à cette opinion absurde. Voici, selon toutes les apparences, par quels degrés les Scholastiques y ont été conduits, c’est-à-dire par quelle suite de raisonnemens ils sont parvenus à déraisonner.

Si les bêtes sentent, pensent, & même raisonnent, comme l’expérience paroît le prouver, elles ont donc en elles un principe distingué de la matiere : car ce seroit renverser les preuves de la spiritualité de l’ame, que de croire que Dieu puisse accorder à une substance étendue le sentiment & la pensée. Or si l’ame des bêtes n’est point matiere, pourquoi s’éteint-elle à la destruction de leur corps ? Pourquoi l’Etre suprème ayant mis dans les animaux un principe de sentiment semblable à celui qu’il a mis dans l’homme, n’a-t-il pas accordé à ce principe l’immortalité qu’il a donnée à notre ame ? La philosophie de l’école n’a pû trouver à cette difficulté d’autre réponse, sinon que l’ame des bêtes étoit matérielle sans être matiere ; au lieu que l’ame de l’homme étoit spirituelle : comme si une absurdité pouvoit servir à résoudre une objection ; & comme si nous pouvions concevoir un être spirituel sous une autre idée que sous l’idée négative d’un être qui n’est point matiere.

Les philosophes modernes, plus raisonnables, conviennent de la spiritualité de l’ame des bêtes, & se bornent à dire qu’elle n’est pas immortelle, parce que Dieu l’a voulu ainsi.

Mais l’expérience nous prouve que les bêtes souffrent ; que leur condition sur ce point est à-peu-près pareille à la nôtre, & souvent pire. Or pourquoi Dieu, cet être si bon & si juste, a-t-il condamné à tant de peines des êtres qui ne l’ont point offensé, & qu’il ne peut même dédommager de ces peines dans une vie future ? Croire que les bêtes sentent, & par conséquent qu’elles souffrent, n’est-ce pas enlever à la religion le grand argument que saint Augustin tire des souffrances de l’homme pour prouver le péché originel ? Sous un Dieu juste, dit ce pere, toute créature qui souffre doit avoir péché.

Descartes, le plus hardi, mais le plus conséquent des Philosophes, n’a trouvé qu’une réponse à cette objection terrible : ç’a été de refuser absolument tout sentiment aux animaux ; de soûtenir qu’ils ne souffrent point ; & que destinés par le créateur aux besoins & au service de l’homme, ils agissent en apparence comme des êtres sentans, quoiqu’ils ne soient réellement que des automates. Toute autre réponse, de quelques subtilités qu’on l’enveloppe, ne peut, selon lui, mettre à couvert la justice divine. Cette métaphysique est spécieuse sans doute. Mais le parti de regarder les bêtes comme de pures machines, est si révoltant pour la raison, qu’on l’a abandonné, nonobstant les conséquences apparentes du système contraire. En effet comment peut-on espérer de persuader à des hommes raisonnables, que les animaux dont ils sont environnés, & qui, à quelques legeres différences près, leur paroissent des êtres semblables à eux, ne sont que des machines organisées ? Ce seroit s’exposer à nier les vérités les plus claires. L’instinct qui nous assûre de l’existence des corps, n’est pas plus fort que celui qui nous porte à attribuer le sentiment aux animaux.

Quel parti faut-il donc prendre sur la question de l’ame des bêtes ? Croire, d’après le sens commun, que les bêtes souffrent ; croire en même tems, d’après la religion, que notre ame est spirituelle & immortelle, que Dieu est toujours sage & toûjours juste ; & savoir ignorer le reste.

C’est par une suite de cette même ignorance, que nous n’expliquerons jamais comment les animaux, avec des organes pareils aux nôtres, avec des sensations semblables, & souvent plus vives, restent bornés à ces mêmes sensations, sans en tirer, comme nous, une foule d’idées abstraites & réfléchies, les notions métaphysiques, les langues, les lois, les Sciences, & les Arts. Nous ignorerons du-moins jusqu’où la réflexion peut porter les animaux, & pourquoi elle ne peut les porter au-delà. Nous ignorerons aussi toujours, & par les mêmes raisons, en quoi consiste l’inégalité des esprits ; si cette inégalité est dans les ames, ou dépend uniquement de la disposition du corps, de l’éducation, des circonstances, de la société ; comment ces différentes causes peuvent influer si différemment sur des ames qui seroient toutes égales d’ailleurs ; ou comment des substances simples peuvent être inégales par leur nature. Nous ignorerons si l’ame pense ou sent toûjours ; si la pensée est la substance de l’ame, ou non ; si elle peut subsister sans penser ou sentir ; en quel tems l’ame commence à être unie au corps, & mille autres choses semblables. Les idées innées sont une chimere que l’expérience reprouve : mais la maniere dont nous acquérons des sensations & des idées réfléchies, quoique prouvée par la même expérience, n’est pas moins incompréhensible. Toute la Philosophie, sur une infinité de matieres, se borne à la devise de Montagne. L’intelligence suprème a mis au-devant de notre vûe un voile que nous voudrions arracher en vain : c’est un triste sort pour notre curiosité & notre amour-propre ; mais c’est le sort de l’humanité.

Au reste, la définition que nous avons donnée du mot forme substantielle, ne doit pas s’appliquer à l’usage qui est fait de ce même mot dans le premier canon du concile général de Vienne, qui décide contre le cordelier Pierre Jean d’Olive, que quiconque osera soûtenir que l’ame raisonnable n’est pas essentiellement la forme substantielle du corps humain, doit être tenu pour hérétique. Ce decret, qu’on auroit peut-être dû énoncer plus clairement, ne prouve pas, comme quelques incrédules l’ont prétendu, que du tems du concile de Vienne, on admettoit la matérialité de l’ame, ou du-moins qu’on n’avoit pas d’idée distincte de sa spiritualité : car l’Eglise ne peut ni se tromper, ni par conséquent varier sur cette matiere importante. Voyez Ame. Voyez aussi l’abregé de l’Histoire ecclésiastique, Paris 1751, sous l’année 1312. (O)

Forme, en Théologie, est une partie essentielle des sacremens.

La forme, selon les Théologiens, est tout ce qui signifie plus clairement ou plus distinctement la grace, ou ce qui détermine la matiere à l’être sacramentel, suivant cette parole de S. Augustin (tract. 80. in Joan. n°. 3.) : accedit verbum ad elementum, & fit sacramentum.

En genéral la forme est une parole ou une priere qui exprime la grace & l’effet du sacrement ; & on l’appelle ainsi, parce qu’elle détermine la signification plus obscure de ce qui sert de matiere.

Ce mot de forme aussi-bien que celui de matiere, étoit inconnu aux peres & aux anciens théologiens, qui disoient que les sacremens consistoient en choses ou en élémens, & en paroles : rebus seu elementis, & verbis. Vers le milieu du treizieme siecle, Guillaume d’Auxerre, théologien scholastique, imagina les mots de matiere & de forme, suivant le gout de la philosophie péripatéticienne, fort à la mode en ces tems là, & suivant laquelle on disoit que la forme déterminoit la matiere à constituer tel ou tel être, plûtôt que tel ou tel autre être. Les modernes adopterent ces expressions, & l’Eglise elle-même s’en est servi. Le pape Eugene IV. dans son decret donné à Florence après le départ des Grecs, réunit l’ancienne & la nouvelle maniere de s’exprimer sur ce point : Omnia sacramenta, dit-il, tribus perficiuntur ; videlicet rebus tanquam materia, verbis tanquam formâ, & per sonâ ministri conferentis sacramentum.

L’essence & la validité de tout sacrement demande donc qu’il y ait une forme particuliere & propre, relative à sa nature & à la grace qu’il signifie & qu’il confere.

Les Théologiens sont partagés pour savoir si Jesus-Christ a déterminé seulement en général ou en particulier les formes des sacremens. Chacun de ces sentimens a ses défenseurs ; mais le premer paroît d’autant plus probable, qu’il suppose que J. C. a laissé à son Eglise la liberté & le pouvoir de déterminer les formes des sacremens ; & qu’à l’exception de la forme du baptême & de celle de l’eucharistie, on ne trouve point exprimées dans l’Ecriture les formes des autres sacremens, telles qu’elles sont usitées dans l’église greque & latine.

La maniere dont la forme est concûe, se réduit en général à deux especes : elle peut être conçue, ou en termes indicatifs, ou en maniere de priere ; d’où l’on distingue forme absolue & forme indicative. Ainsi la forme du sacrement de pénitence est absolue chez les Latins, qui l’expriment ainsi, ego te absolvo ; & elle est déprécative chez les Grecs, qui la commencent par cette priere : Domine J. C. condona, dimitte, relaxa peccata, &c.

On distingue encore la forme en absolue & conditionnelle : elle est absolue, quand le ministre du sacrement n’y joint aucune condition, comme dans ces paroles, ego te baptiso ; & conditionnelle, lorsqu’il y appose une condition qui emporte avec elle un doute, comme dans celle-ci, si non es baptisatus, ego te baptiso. On ne trouve point d’exemple de la forme conditionnelle avant le huitieme siecle.

La forme des sacremens peut être altérée principalement de six manieres ; 1°. par simple changement, soit d’idiome, soit de termes synonymes, soit de mode ; 2°. par simple corruption ; 3°. par addition ; 4°. par détraction ou retranchement ; 5°. par transposition ou par inversion ; 6°. par interruption. Le principe général à cet égard est, que quand quelqu’une de ces différentes altérations est notable, ensorte qu’il en résulte une erreur ou un changement substantiel qui détruise le sens de la forme, alors le sacrement est nul ; mais une mutation accidentelle dans la forme n’ôte rien au sacrement de sa validité.

Quelle que soit la créance ou la foi du ministre, pourvû qu’il prononce la forme prescrite par l’Eglise & dans les circonstances convenables, le sacrement est valide : aussi l’Eglise n’a-t-elle jamais rejetté le baptême conféré par les hérétiques, excepté par ceux qui en altéroient la forme. Voyez Intention & Sacrement. (G)

Forme, (Jurispr.) est la disposition que doivent avoir les actes ; c’est un certain arrangement de clauses, de termes, de conditions & de formalités.

La forme des actes se rapporte, ou à leur rédaction simplement, & à ce qui peut les rendre probans & authentiques ; ou à ce qui habilite les personnes qui disposent, comme l’autorisation ; ou à la disposition des biens, comme l’institution d’héritier qui est nécessaire en pays de droit écrit pour la validité du testament.

Ce qui concerne la forme extérieure des actes se regle par la loi du lieu où ils sont passés ; c’est ce que signifie la maxime locus regit actum.

La forme qui tend à habiliter les personnes, dépend de la loi de leur domicile.

Enfin celle qui concerne la disposition des biens, dépend de la loi du lieu où ils sont situés.

On confond souvent la forme d’un acte avec les formalités ; cependant le terme de forme est plus général, car il embrasse tout ce qui sert à constituer l’acte ; au lieu que les formalités proprement dites ne s’entendent que de certaines conditions que l’on doit remplir pour la validité de l’acte, comme l’insinuation, le contrôle. On distingue cependant aussi plusieurs sortes de formalités. Voyez ci-devant Formalités. (A)

Forme est quelquefois opposée au fond ; la forme alors se prend pour la procédure, & le fond est ce qui en fait l’objet.

Il y a des moyens de forme, & des moyens du fond. Les moyens de forme sont ceux qui se tirent de la procédure, comme les nullités, les fins de non-recevoir ; au lieu que les moyens du fond se tirent du fait & du droit.

On dit communément que la forme emporte le fond, c’est-à-dire que les moyens de forme prévalent sur ceux du fond ; comme il arrive, par exemple, lorsque l’on a laissé passer le tems de se pourvoir contre un arrêt ; la fin de non recevoir prévaut sur les moyens de requête civile ou de cassation que l’on auroit pû avoir. (A)

Forme authentique, est celle qui fait pleine foi tant en jugement que dehors. Les actes sont revêtus de cette forme, lorsqu’ils sont expédiés & signés par une personne publique ; comme les jugemens qui sont signés du greffier, les expéditions des contrats signés de deux notaires, ou d’un notaire, & de deux témoins. (A)

Forme exécutoire, est celle qui donne aux actes l’exécution parée, paratam executionem, c’est-à-dire le droit de les mettre directement à exécution par voie de contrainte, sans être obligé d’obtenir pour cet effet aucun jugement ni commission.

Les jugemens & les contrats sont les seuls actes que l’on mette en forme exécutoire.

Cette forme consiste à être expédiés en parchemin, & intitulés du nom du juge ; & si c’est un arrêt, du nom du roi. Cette expédition est ce que l’on appelle la grosse d’un acte.

L’usage n’est pourtant pas par-tout uniforme à ce sujet ; & il y a des pays où la forme exécutoire est différente : par exemple, dans quelques endroits on ne met point les sentences en grosse ni en parchemin, c’est la premiere expédition en papier qui est exécutoire. Dans d’autres les grosses des contrats sont intitulées du nom du roi, comme les arrêts.

Mettre un acte en forme, c’est le mettre en forme exécutoire.

Quand les actes sont revêtus de cette forme, on peut directement en vertu de ces actes faire un commandement, & ensuite saisir & exécuter, saisir réellement, même procéder par emprisonnement, si c’est un cas où la contrainte par corps ait lieu. Voy. Exécution parée, Exécutoire & Grosse (A)

Forme judiciaire, c’est l’ordre & le style que l’on observe dans la procédure ou instruction, & dans les jugemens. Voyez Instruction & Procédure. (A)

Forme probante, est celle qui procure à l’acte une foi pleine & entiere, & qui le rend authentique. Un jugement & un contrat devant notaire sont des actes authentiques de leur nature ; mais l’expédition que l’on en rapporte pour être en forme probante, doit être sur papier ou parchemin timbré, & signé du greffier, si c’est un jugement ; ou des parties & des notaires & témoins, si c’est un contrat, testament, ou autre acte public.

La forme probante rend l’acte authentique ; c’est pourquoi l’on joint ordinairement ces termes, forme probante & authentique. Voyez ci-devant Forme authentique. (A)

Forme, en matiere bénéficiale, est la maniere dont les provisions de cour de Rome sont conçûes.

Le pape a coûtume de pourvoir en deux manieres ; en forme commissoire, & en forme gracieuse. La forme gracieuse, in formâ gratiosâ, est lorsqu’il pourvoit lui-même sur l’attestation de l’ordinaire, sans lui donner aucune commission pour procéder à l’examen de l’impétrant, lequel peut se faire mettre en possession, autoritate propriâ.

La forme commissoire, qu’on appelle aussi le committatur du pape, est lorsqu’il mande à l’ordinaire de pourvoir ; ce committatur se met en trois formes différentes, savoir in formâ dignum antiquâ, in formâ dignum novissimâ, & in formâ juris.

La forme dignum antiquâ n’est autre chose que la maniere, en laquelle le pape ordonne que les bulles soient expédiées tant par rapport à l’examen des capacités de l’impétrant, que pour la conservation des droits de ceux qui pourroient avoir quelque intérêt à l’établissement & à la possession du bénéfice dont il s’agit. Cette clause a été appellée in formâ dignum, parce que la bulle commence par ces mots : Dignum arbitramur, ut illis se reddat sedes apostolica gratiosam, quibus ad id propria virtutum merita laudaliliter suffragantur, &c. Mandamus quatenus, si post diligentem examinationem dictum N..... repereris. .... eidem..... conferas, &c.

Elle est surnommée l’ancienne antiquâ, parce que c’étoit autrefois la seule forme usitée avant les reservations qui ont donné lieu a la forme appellée novissimâ : c’est pourquoi à Rome on met souvent in formâ dignum simplement, sans ajoûter antiquâ ; ce qui est la même chose.

Les provisions expédiées in forma dignum novissimâ, sont pour les bénéfices dont la collation est reservée au saint-siége. Cette forme n’accorde aux commissaires que trente jours pour l’exécution des provisions ; passé lequel tems, on peut recourir à l’ordinaire le plus voisin. Cette forme a été surnommée novissimâ, pour la distinguer de l’ancienne.

La clause in formâ juris se met dans les dévolus & les vacances, qui emportent privation du bénéfice. La forme de cette commission est la clause d’un rescrit de justice ; mais cette forme est abusive, & n’est point reçûe dans le royaume.

Pour connoître plus à fond les effets de ces différentes formes, il faut voir le traité de l’usage & pratique de cour de Rome de Castel, avec les notes de Noyer, tom. I. pag. 395. & suiv. (A)

Forme de Pauvreté, in formâ pauperum, c’est la maniere dont on expédie en cour de Rome les dispenses de mariage entre personnes qui sont parentes en degré prohibé, lorsque ces personnes ne sont pas en état de payer les droits que l’on a coûtume de payer aux officiers de cour de Rome pour ces sortes de dispenses. Pour en obtenir une en la forme de pauvreté, il faut avoir une attestation de l’ordinaire, de son grand-vicaire ou official, portant que les parties sont si misérables, qu’elles ne peuvent vivre & subsister que de leur industrie & du travail de leurs bras seulement, quod labore & industritâ tantum vivunt. Voyez Castel, loc. cit. tom. II. pag. 228. (A)

Forme, en Architecture, espece de libage dur, qui provient des ciels de carriere.

Forme de pavé, c’est l’étendue de sable de certaine épaisseur, sur laquelle on assied le pavé des cours, des ponts, chaussées grands chemins, &c. en latin statumen.

Forme d’église : on appelle ainsi les chaises du chœur d’une église. Il y a les hautes & les basses. Les hautes sont adossées ordinairement contre un riche lambris, couronné d’un petit dôme ou dais continu, comme celles des grands Augustins, qui ont été faites pour les cérémonies de l’ordre du Saint-Esprit. Les hautes & basses formes qui portent sur des marche-piés, sont séparées par des museaux ou accoudoirs assemblés avec les dossiers ; ainsi chaque place avec sa sellette, soûtenue d’un cul-de-lampe, est renfermée de son enceinte appellée parclose. Il s’en voit qui n’ont d’autre dossier que celui de leur parclose, comme celles de Saint Eustache & de quelques paroisses de Paris, où la clôture du chœur est à jour. Les basses formes ne devroient pas être vis-à-vis les hautes, comme on le pratique ; mais au contraire le dossier d’une basse devroit répondre au museau de la perclose d’une haute, afin que le vuide fût vis-à-vis de ceux à qui on annonce quelque antienne, ou qu’on encense, ainsi qu’elles sont en partie à Notre Dame de Paris. Les formes de l’abbaye de Pontigny près d’Auxerre, sont des plus belles ; celles des PP. Chartreux de Paris, des plus propres & des mieux travaillées. (P)

Forme, (Marine.) c’est un petit bassin revêtu de maçonnerie, ayant en-dedans des degrés pour descendre sur des banquettes de pierre, disposées en amphithéatre, pour faciliter aux ouvriers le moyen de manœuvrer autour du navire qu’on y a introduit à marée haute, & qu’on y maintient ensuite à sec quand la mer s’est retirée, en fermant l’écluse qui est à son entrée ; ce qui se pratique avec assez d’aisance dans les ports où le flux & le reflux ont lieu : ou bien si ces formes sont sur la Méditerranée, l’on en puise l’eau avec des machines. Architecture hydraulique, tome II. liv. III. ch. xij.

Mais pour prendre une idée juste de ce qu’on appelle forme, il faut avant d’entrer dans un plus grand détail, jetter les yeux sur la Planche IX. figure 1. & suiv. qui représente le plan & les profils de la forme construite à Rochefort, pour la bâtisse & le radoube des vaisseaux du roi, dont le dessein est ici d’un plus grand détail & d’une plus grande précision que celui qu’on a inséré dans l’Architecture hydraulique ; excellent ouvrage dont on ne peut assez faire l’éloge, & dont j’extrairai ce dont j’aurai besoin pour celui-ci.

On place les formes dans l’arsenal, ou le plus près qu’il est possible ; mais dans quelqu’endroit qu’on les place, il faut qu’elles ayent beaucoup d’espace tout-autour pour la facilité du travail. Voyez la Pl. VII. dans le plan d’un arsenal de Marine, la situation des formes.

Lorsque le terrein ne permet pas de placer plusieurs formes de front, l’on en bâtit deux au bout l’une de l’autre qui ont une entrée commune ; telle est la double forme de Rochefort, qui passe pour la plus belle qu’il y ait en Europe.

La premiere de ces formes, qui est la plus profonde & la plus grande, sert pour les vaisseaux du premier rang : aussi a-t-elle un plus grand nombre de rampes & de banquettes que la seconde, destinée pour ceux du second & du troisieme rang. Il faut avoir la Planche IX. sous les yeux. La premiere est appellée forme inférieure, & l’autre forme supérieure. La différence de l’élévation de leur plate-forme est de sept piés ; ce qu’on a fait dans la vûe qu’on seroit moins incommodé des eaux de fond. L’on voit qu’ayant fait entrer à marée haute un vaisseau dans chacune de ces formes & fermé les portes de l’écluse, aussi-tôt que la mer en se retirant les a laisses à sec, on peut les radouber tous deux en même tems. On les fait sortir lorsqu’ils sont réparés, en profitant d’une marée favorable.

Il faut renfermer la capacité des formes dans de justes bornes. La longueur la plus raisonnable qu’on puisse donner à celles destinées pour les vaisseaux du premier rang, est de cent quatre-vingts-dix piés depuis le bord supérieur du fond jusqu’à l’angle du busc de l’écluse. A l’égard de la largeur des mêmes formes, comprise entre le bord des ailes, il faut la régler sur celle qu’il conviendra de donner à l’écluse, parce qu’elle est la même qu’aura la plate-forme ; à quoi il faut ajoûter l’espace qu’occuperont les banquettes : par exemple, si l’on donne quarante-huit piés à l’écluse, & que l’on fasse trois banquettes, chacune de cinq piés, elles en occuperont ensemble trente, qui étant ajoûtés à la largeur de l’écluse, donnent soixante dix-huit piés pour toute la largeur de la forme.

Le fond d’une forme doit être plancheyé avec autant de soin que le radier d’une écluse. Il faut apporter beaucoup d’attention pour établir solidement le massif de maçonnerie qui doit régner sur toute l’étendue de la plate-forme, & se régler sur la nature du terrein que l’on rencontrera après avoir fouillé jusqu’à la profondeur convenable. Le plancher du fond doit former un plan incliné de six pouces, depuis le fond de la forme jusqu’aux bords des heurtois de l’écluse, afin de faciliter l’écoulement des eaux.

Comme le principal mérite de ces sortes de bassins est de pouvoir y travailler à sec dans quelque tems que ce soit, que cependant il est bien difficile que l’eau ne s’y introduise tant de la part des portes de l’écluse, que des sources qui transpirent dans le fond, malgré les précautions que l’on prend pour s’en garantir ; il est d’une extrème conséquence de faire ensorte que les eaux qui s’y amasseront s’écoulent d’elles-mêmes au tems des basses-marées ordinaires, sans être obligé d’employer continuellement des machines pour les puiser ; ce qui coûte beaucoup. Pour éviter cet inconvénient, il faut établir la surface du fond environ à un pié au-dessus du niveau des basses eaux dans le port ; au cas que cela se puisse sans anticiper trop sur le tirant d’eau des plus grands vaisseaux qu’on pourra y faire entrer non-lestés : autrement il faudroit faire de son mieux pour concilier ces deux objets. Il est bon d’observer que les vaisseaux du premier rang qui tirent avec leur charge ordinaire 25 à 26 piés d’eau, n’en exigent que 16 à 17 quand ils ne sont pas lestés, après qu’on a un peu chargé l’avant, ou soulagé l’arriere avec des coffres pour diminuer la différence du tirant-d’eau : ainsi voilà un point fixe, d’où l’on pourra partir pour se régler en conséquence ; & comme le tirant-d’eau des navires que l’on fait passer dans une forme, doit se mesurer au-dessus du chantier qui a environ 3 piés de relief, il suffit, quand on y est contraint par le défaut de profondeur d’eau, de ne lui en donner que deux seulement, pour pouvoir encore travailler commodément aux parties du vaisseau qui répondent à la quille.

Lorsqu’on ne peut empêcher que la plate-forme ne soit inondée, soit de la part des sources du fond, soit des pluies, ou de l’eau de la mer qui filtre par les portes de l’écluse, on y remédie par des machines pour épuiser ces eaux, dont on peut voir la conduite & le dessein rendu dans toutes ses parties, tant en plan qu’en profil, dans la Planche IX. à laquelle nous renvoyons pour éviter un plus long détail. (Z)

Forme, dans l’art de Peinture, est un terme dont le sens ne paroît être autre chose que l’apparence des objets : en conséquence prescrire aux artistes de regarder comme l’objet principal de leur étude de bien imiter les formes, ne seroit que leur recommander de dessiner exactement la nature ; cependant comme dans l’explication que je cherche à donner des termes qu’on employe dans l’art dont il s’agit, j’embrasse ordinairement & les significations simples & celles qui sont plus recherchées, je crois devoir joindre ici à l’occasion de ce mot, quelques idées intéressantes.

Je suppose à plusieurs artistes le projet de représenter un objet qui s’offriroit à leur vûe ; il arriveroit qu’ils pourroient le représenter d’une façon différente les uns des autres, & que cependant tout le monde reconnoîtroit dans chacune des copies l’objet qu’ils auroient imité : ainsi s’ils avoient eu le but, par exemple, de dessiner un homme qu’ils auroient tous regardé du même point de vûe, le dessein de chacun de ces artistes donneroit à ceux qui le verroient l’idée générale d’un homme, quoique les formes des parties qui composent cet homme pussent être différentes, à plusieurs égards, dans chaque dessein. Mais si l’on donnoit à ces mêmes artistes deux hommes à-peu-près semblables à représenter, chacun d’eux seroit excité à les comparer & à démêler dans des parties, qui à la premiere vûe leur auroient paru semblables, les différences de formes qui pourroient les distinguer ; la représentation de plusieurs hommes de même âge & de même taille, les conduiroit enfin à un examen plus détaillé, plus réfléchi ; & pour lors ceux qui auroient un discernement plus délicat & un sentiment plus fin, parviendroient plus aisément à discerner & à saisir ce qui fait le caractere distinctif des formes.

Il résulte de ce développement ; que les objets ont des formes générales & des formes caractéristiques ; & que la finesse & la sensibilité avec lesquelles l’artiste découvre & exprime ces différences particulieres & caractéristiques, sont une source de supériorité dans son talent : peut-être ce talent est-il un don de la nature ; mais il a besoin d’être développé & cultivé ; les connoissances de toute espece l’augmentent. Je vais faire encore une supposition pour le prouver. Un artiste à qui l’on donneroit à imiter un objet qui lui seroit totalement inconnu, & dont il n’auroit jamais approché qu’à la distance nécessaire pour le voir distinctement, l’imiteroit sans doute avec une exactitude apparente, qui paroîtroit devoir suffire à la représentation : cependant il est certain que cette représentation ne rendra l’objet parfaitement, que pour ceux qui n’en auront pas approché de plus près que l’artiste dont il s’agit. Ceux qui l’auront touché exigeront davantage dans l’imitation ; & l’artiste, après avoir connu en partie sa nature, par exemple sa dureté ou sa mollesse, sa legereté même ou sa pesanteur, rendra le portrait de cet objet plus relatif aux desirs de ces spectateurs plus instruits ; il opérera encore différemment, s’il a plus de connoissance de la contexture & de l’usage de l’objet supposé, & satisfera alors pleinement ceux à qui il est intimement connu.

Un peintre qui voudra représenter des arbres ou des plantes, ne laissera donc pas échapper, s’il est instruit, certaines formes caractéristiques, qui indiqueront aux Botanistes mêmes les différences apparentes qui leur sont connues. Qu’on s’éleve de cette imitation de plantes à celle des hommes, & qu’on ait pour objet de les représenter aux yeux d’un peuple instruit, agités des mouvemens que les passions occasionnent, avec les nuances d’expressions que répandent sur eux les âges, les états, les tempéramens ; quel discernement naturel ne faudroit-il pas ? par combien de connoissances ne sera-t-il pas nécessaire d’éclairer le talent, & que des réflexions profondes & justes devront être employées à le guider ? Article de M. Watelet.

* Forme, (Cartonnier.) espece de chassis de bois fait d’un quadre & de traverses, & couvert de fils de laiton. Il n’est pas fort différent de la forme des Papetiers ; le laiton en est seulement plus fort, & la forme du Papetier a un rebord. La forme du Cartonnier sert à lever les feuilles de carton. Voyez les Pl. du Cartonnier, & les articles Carton & Papeterie.

* Forme, terme de Chapelier, gros cylindre de bois, arrondi par le haut & tout-à-fait applati par le bas, dont on se sert pour dresser & enformer les chapeaux, après qu’ils ont été foulés & feutrés. C’est dans ce sens qu’on dit mettre un chapeau en forme, ou l’enformer. Voyez les Planches du Chapelier.

Les Chapeliers appellent aussi forme, la tête du chapeau, ou plûtôt la cavité du chapeau, destinée à recevoir la tête de celui qui s’en sert. C’est dans ce sens qu’on dit communément : ce chapeau est trop haut, trop bas, trop large, trop étroit de forme.

* Forme, (Cordonnerie.) c’est le morceau de bois qui a à-peu-près la figure d’un pié, sur lequel on monte le soulier pour le faire. Voyez la Planche du Cordonnier. Il y a la forme simple, & la forme brisée : celle-ci est composée de deux demi-formes ; à chacune est une coulisse, entre laquelle on fait entrer à force une clé ou espece de coin de bois, qui écarte les deux demi-formes. Voyez la Planche du Cordonnier-Bottier. L’usage de cette forme est d’élargir les souliers quand ils sont trop étroits.

On appelle Formiers, ceux qui font les formes pour les Cordonniers & Bottiers.

Forme, dans l’usage de l’imprimerie, désigne une quantité de composition mise dans le format décidé, & enfermée dans un chassis de fer, où elle est maintenue par le secours des bois de garniture, de biseaux & des coins. Voyez les Planches d’Imprimerie.

Forme, (Manége & Maréchall.) tumeur calleuse, indolente, de la nature de celle qui dans l’homme est connue sous le nom de ganglion. Son siége est fixé dans les ligamens même de l’articulation du pié ou de la couronne, avec le pâturon ; aussi se montre-t-elle toûjours sur un des côtés, ou sur les deux côtés de cette derniere partie, soit qu’elle attaque le devant, soit qu’elle attaque le derriere de l’animal.

Les causes en sont ordinairement externes ; elle peut être l’effet d’une constitution, d’une piquûre : elle est le plus souvent la suite des efforts, auxquels le cheval a été contraint dans des courses violentes, ou en maniant à des airs qui exigent beaucoup de force. Tout ce qui peut insulter les fibres ligamenteuses en les tirant, en les alongeant, en les meurtrissant, en les dilacérant, doit nécessairement produire ou une dilatation, ou une obstruction des vaisseaux qui charrient la lymphe dans ces ligamens, ou une extravasion de cette humeur : de-là une tumeur legere & molle dans son origine, mais qui augmente insensiblement en volume & en consistance au point d’offenser d’une part les ligamens en les gênant, & de rendre de l’autre la circulation difficile dans les vaisseaux qui l’avoisinent : c’est ainsi que le desséchement de l’ongle & la claudication, deviennent des accidens inséparables de cette maladie.

On la reconnoît à la présence de la tumeur, & le signe univoque est l’indépendance totale de cette même tumeur qui ne tient en aucune façon au tégument, sous lequel elle est située.

Je ne proposerai pour la détruire ni l’opération de dessoler, ni l’application inutile d’un cautere actuel, dort l’effet ne s’étend pas au-delà de la peau ; j’indiquerai des topiques capables de la résoudre, tels que la pommade mercurielle, que l’on doit faire succéder à des frictions seches. On peut encore, après avoir froissé la tumeur & l’avoir fortement comprimée sous le doigt, dans l’intention de briser l’humeur qui la forme, y placer un emplâtre d’onguent de vigo au triple de mercure, ou du diabotanum mercurisé, & recouvrir le tout d’une plaque de plomb, que l’on assujettira sur la partie par le moyen d’un bandage. Il est même à-propos, lorsque la tnmeur est très-considérable, de la battre avec une petite palette de bois avant de tenter de la dissiper par ces résolutifs, que l’on employera toûjours avec succès, sur-tout s’ils sont accompagnés des médicamens internes, qui peuvent atténuer & liquéfier la lymphe. Ces médicamens sont le crocus metallorum, donné à la dose d’une once chaque jour ; l’aquila alba, à la dose d’une dragme & plus ; la poudre de vipere, &c. Si les frictions, les frotemens, les compressions occasionnent une inflammation, on ne continuera pas les applications des emplâtres prescrits ; on recourra à des topiques émolliens, qui seront suivis de l’usage de ces mêmes emplâtres, lorsque la partie cessera d’être enflammée. (e)

* Forme, (Papeterie.) chassis sur lequel la feuille de papier prend sa forme ; il est composé d’un quadre de bois AA, BB (voyez les Planc. de Papeterie.) de figure quadrilatere, mais plus long que large : le vuide de ce quadre est de la grandeur dont on veut la feuille ; il est traversé par de petits barreaux de bois, ou des fils de laiton, qu’on appelle verjures. Les verjures ont une arrête assez tranchante (voyez les figures K & I) : la premiere représente la partie inférieure d’une verjure qui est arrondie ; & l’autre, la partie supérieure. Sur les arrêtes des verjures DD, qui sont assemblées dans les longs côtés du chassis, & qui viennent presque à son affleurement, on étend des fils de laiton BBB, que l’on fixe les uns auprès des autres par d’autres fils encore plus fins qui font le tour des verjures, comme le filet d’une vis sur son noyau ; de maniere que le vuide du chassis soit entierement rempli. Ces lignes droites que l’on remarque au papier en le regardant au jour, sont les impressions des verjures : quant aux écritures & marques du manufacturier, elles se font par l’impression d’un fil de crin cousu sur la forme, suivant le dessein qu’on veut avoir. En général, la feuille prend la trace de toutes les parties éminentes de l’intérieur du quadre de la forme.

On voit, fig. 1. la forme par-dessus ; fig. 2. la forme par-dessous ; & fig. 3. le cadret que l’on tient sur la forme, pour lui servir de rebord. On conçoit qu’en plongeant la forme dans une chaudiere pleine d’eau & de pâte à faire du papier ; la faisant entrer de champ ; la tenant horisontalement sous l’eau, ensorte qu’il y ait, par exemple, six pouces depuis la surface de la forme jusqu’à la surface de l’eau ; la levant ensuite parallelement à la surface de l’eau, on emportera sur la forme toutes les parties de pâte qui se trouveront au-dessus ; que l’eau s’échappera à-travers le réseau de la forme ; & que les parties de pâte retenues s’affaissant les unes sur les autres, formeront une feuille. Voyez l’article Papeterie.

* Formes, en terme de Raffineur de sucre ; ce sont des moules de terre cuite, de figure conique, dans les quels on coule & on fait le sucre : la figure leur est nécessaire, pour que les sirops ne trouvent point de retraite où séjourner. Avant de se servir des formes neuves, on les met en trempe pendant vingt-quatre heures, pour les dégraisser : mais quand elles ont déjà servi, elles n’y restent que douze heures, après lesquelles on les lave & on les prépare pour l’empli, voyez Empli. Il y en a d’autant de sortes qu’il y a de différens poids dans les pains de sucre, ou plûtôt de degrés de finesse, voyez Sucre. Il faut encore que toutes les formes soient humides avant de les employer, excepté celles que l’on prépare pour les vergeoises & les verpuintes Voyez Vergeoises & Verpuintes.

Forme, (Vénerie.) s’entend d’un espace de terre sur lequel un filet est étendu, en la couvrant lorsqu’on le fait agir.

Formes se dit des femelles des oiseaux de proie, qui donnent le nom à l’espece ; au lieu que les mâles s’appellent tiercelets ; parce qu’en général, la femelle de l’oiseau de proie est plus grande, plus hardie, & plus forte que son mâle. Les formes ne sont point propres à la volerie.