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les forêts & les campagnes. On immoloit tous les ans à Athenes cinq cens chevres à Diane Agrotere. Xénophon dit que ce sacrifice se faisoit en mémoire de la défaite des Perses, & qu’on fut obligé de réduire, par un decret du Senat, le nombre des chevres à cinq cens par an ; car le vœu des Athéniens ayant été de sacrifier à Diane agrotere autant de chevres qu’ils tueroient de Perses, il y eut tant de Perses tués, que toutes les chevres de l’Attique n’auroient pas suffi à satisfaire au vœu. On prit le parti de payer en plusieurs fois ce qu’on avoit promis en une, & de transiger avec la Déesse à cinq cens chevres par an.

* AGROTES, s. m. (Myth.) divinité des Phéniciens, qu’on promenoit en procession le jour de sa fête, dans une niche couverte, sur un chariot traîné par différens animaux.

* AGUAPA, s. m. (Hist. nat. bot.) arbre qui croît aux Indes occidentales, dont on dit que l’ombre fait mourir ceux qui s’y endorment nuds, & qu’elle fait enfler les autres d’une maniere prodigieuse. Si les habitans du pays ne le connoissent pas mieux qu’il ne nous est désigné par cette description, ils sont en grand danger.

* AGUARA PONDA, s. m. Brasilianis Marggravii, Ruttensteert Belgis, id est myosuros, viola spicata Brasiliana. (Hist. nat. bot.) plante haute d’un pié & demi & plus, à tige lisse, ronde, verte & noüeuse. Il sort de chaque nœud quatre ou cinq feuilles étroites, crenelées, pointues, vertes & inégales. Le sommet de sa tige est chargé d’un épi long d’un pouce & plus, uni & couvert de fleurs d’un bleu violet, & formées de cinq feuilles rondes. Elle ressemble à la violette, & en a l’odeur. Sa racine est droite, d’une médiocre grosseur & divisée en branches filamenteuses.

Il y en a une autre espece qui differe de la précédente par la largeur de ses feuilles. Elle est marquée au sommet de ses tiges d’un cube creux, qui forme une espece de casque verd ; de ce creux sortent des fleurs bleues semblables aux premieres.

* AGUAS, (Géogr.) peuple considérable de l’Amérique méridionale, sur le bord du fleuve des Amazones. Ce sont, dit-on dans l’excellent Dictionnaire portatif de M. Vosgien, les plus raisonnables des Indiens : ils serrent la tête entre deux planches à leurs enfans aussi-tôt qu’ils sont nés.

* AGUATULCO ou AQUATULCO ou GUATULCO, ville & port de la nouvelle Espagne, en Amérique, sur la mer du Sud. Longit. 279. latit. 25. 10.

* AGUAXIMA, (Hist. nat. bot.) plante du Brésil & des isles de l’Amérique méridionale. Voilà tout ce qu’on nous en dit ; & je demanderois volontiers pour qui de pareilles descriptions sont faites. Ce ne peut être pour les naturels du pays, qui vraissemblablement connoissent plus de caracteres de l’aguaxima, que cette description n’en renferme, & à qui on n’a pas besoin d’apprendre que l’aguaxima naît dans leur pays ; c’est, comme si l’on disoit à un François, que le poirier est un arbre qui croît en France, en Allemagne, &c. Ce n’est pas non plus pour nous ; car que nous importe qu’il y ait au Brésil un arbre appellé aguaxima, si nous n’en savons que ce nom ? à quoi sert ce nom ? Il laisse les ignorans tels qu’ils sont ; il n’apprend rien aux autres : s’il m’arrive donc de faire mention de cette plante, & de plusieurs autres aussi mal caractérisées, c’est par condescendance pour certains lecteurs, qui aiment mieux ne rien trouver dans un article de Dictionnaire, ou même n’y trouver qu’une sottise, que de ne point trouver l’article du tout.

* AGUIATE, ou AGUÉE, (Myth.) qui est dans

les rues. Les Grecs donnoient cette épithete à Apollon, parce qu’il avoit des statues dans les rues.

* AGUILA, ou AGLE, ville de la Province de Habat, au Royaume de Fez en Afrique, sur la riviere d’Erguila.

AGUI L’AN NEUF, (Hist. mod.) quête que l’on faisoit en quelques Diocèses le premier jour de l’an pour les cierges de l’Eglise. Il paroît que cette cérémonie instituée d’abord pour une bonne fin, dégénéra ensuite en abus. Cette quête se faisoit par de jeunes gens de l’un & de l’autre sexe : ils choisissoient un chef qu’ils appelloient leur follet, sous la conduite duquel ils commettoient même dans les Eglises des extravagances qui approchoient fort de la Fête des Fous. Voyez Fête des Fous.

Cette coûtume fut abolie dans le Diocèse d’Angers en 1595 par une ordonnance synodale : mais on la pratiqua encore hors des Eglises ; ce qui obligea un autre synode en 1668 de défendre cette quête qui se faisoit dans les maisons avec beaucoup de licence & de scandale, les garçons & les filles y dansant & chantant des chansons dissolues. On y donnoit aussi le nom de bacchelettes à cette folle réjoüissance, peut-être à cause des filles qui s’y assembloient, & qu’en langage du vieux tems on appelloit bachelettes. Thiers, Traité des Jeux.

Au gui l’an neuf, (Hist. anc.) cri ou refrain des anciens Druides, lorsqu’ayant cueilli le gui de chêne le premier jour de l’an, ils alloient le porter en pompe soit dans les villes, soit dans les campagnes voisines de leurs forêts. On cueilloit ce gui avec beaucoup de cérémonies dans le mois de Décembre ; au premier jour de l’an, on l’envoyoit aux Grands, & on le distribuoit pour étrennes au peuple, qui le regardoit comme un remede à tous maux, & le portoit pendu au cou, à la guerre, &c. On en trouvoit dans toutes les maisons & dans les temples. (G)

* AGUILAR DEL CAMPO, (Géog.) petite ville d’Espagne, dans la vieille Castille.

* AGUILLES, s. f. (Commerce.) c’est le nom de toiles de coton, qui se font à Alep.

* AGUITRAN, s. m. poix molle. Voyez Poix.

* AGUL, (Hist. nat. bot.) c’est un petit arbrisseau fort épineux, dont les feuilles sont longuettes, & semblables à celles de la sanguinaire. Il a beaucoup de fleurs rougeâtres, auxquelles succedent des gousses. Sa racine est longue & purpurine : il se trouve en Arabie, en Perse, & en Mésopotamie. Ses feuilles sont chargées le matin de manne grosse comme des grains de coriandre ; cette manne a le goût & la saveur de la nôtre ; mais si on laisse passer le Soleil dessus, elle se fond & se dissipe. Les feuilles de l’agul passent pour purgatives. Lemery. Voyez Alhagi.

* AGUTIGUEPA (Hist. nat. bot.) plante du Brésil, à racine ronde par le haut, d’un rouge foncé, & bonne à manger ; à tige droite, longue de trois piés jusqu’à cinq, grosse comme le doigt, portant sans ordre sur des pédicules qui ont six travers de doigt de longueur, des feuilles longues depuis un pié jusqu’à deux, larges de quatre travers de doigt, pointues, d’un beau verd, luisantes, semblables aux feuilles du paco-eira, relevées dans toute leur longueur d’une côte & d’une infinité de veines qui rampent obliquement sur toute la surface, & bordées tout autour d’un trait rouge. Du sommet de la tige s’éleve une fleur semblable au lis, de couleur de feu, composée de trois ou quatre feuilles : chaque fleur a trois ou quatre étamines, de même couleur, & faites en défenses de sanglier. On dit que sa racine pilée guérit, mondifie, &c. les ulceres. Dans des tems de disette, on la fait bouillir ou griller, & on la mange.