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une machine de son invention, pour indiquer d’avance les changemens de tems. Voyez Tems.

C’étoit un petit homme de bois, qui s’élevoit & retomboit dans un tube de verre, selon que l’atmosphere étoit plus ou moins pesante.

M. Lomiers a montré que cet anémoscope n’étoit qu’une application du Barometre ordinaire. Voyez Barometre. Voyez aussi Merc. gal. 1683. Act. erud. 1684, p. 26. (O)

ANET, s. m. (Hist, nat. bot.) anetum, genre de plante à fleurs en rose, disposées en forme de parasol, & composées de plusieurs feuilles posées sur un calice, qui devient dans la suite un fruit composé de deux semences ovales, plates, cannelées, & entourées d’une bordure. M. Morison & M. Ray ajoûtent aux caracteres de ce genre, que les feuilles sont semblables à celles du fenouil. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

* On le cultive dans les jardins ; & il arrive souvent que quand on l’a semé une fois, il reparoît tous les ans, par le moyen de sa graine qui retombe.

L’odeur qu’il répand est un peu forte ; cependant elle est agréable & suave.

La graine, les sommités & les feuilles sont d’usage.

Les sommités fleuries donnent dans l’analyse, du phlegme limpide, odorant & acide ; une liqueur limpide, encore odorante & acide ; une liqueur roussâtre, soit acide soit salée ; une liqueur brune, urineuse, avec beaucoup de sel volatil urineux ; une huile essentielle, fluide, jaunâtre ou brune, épaisse comme de la graisse.

La masse noire restée dans la cornue, calcinée au feu de reverbere, a donné des cendres dont on a tiré par lixiviation du sel fixe purement alkali.

D’où l’on voit que cette plante a beaucoup de sel ammoniac & d’huile, soit subtile, soit grossiere.

On place l’anet parmi les remedes carminatifs, ou qui divisent & incisent. Il aide la digestion, il guérit le hoquet, il excite les urines & les regles, il augmente le lait aux nourrices : quelques-uns lui attribuent la vertu anodyne.

Les préparations d’anet que l’on conserve dans les boutiques, sont l’eau distillée, l’huile essentielle, & l’huile préparée par infusion.

L’effet de l’huile est d’amollir & de relâcher : on prend la semence, les sommités & les graines d’anet, qu’on employe dans les cataplasmes & les fomentations résolutives : les graines & les fleurs entrent dans les lavemens carminatifs.

ANETIQUE, (Medecine.) est synonyme à parégorique, ou calmant ; épithete que l’on peut donner aux remedes propres à produire cet effet. (N)

ANEVRYSME, s. m. terme de Chirugie, qui vient du Grec ἀνευρύνω, dilater, d’où l’on a fait ἀνευρυσμὸς, anevrysme. C’est une tumeur contre nature, faite de sang, par la dilatation ou par l’ouverture d’une artere : ces deux causes font distinguer deux especes d’anevrysme, le vrai & le faux.

L’anevrysme vrai est formé par la dilatation de l’artere : les signes qui le caractérisent sont une tumeur circonscrite, sans changement de couleur à la peau, accompagnée d’un battement qui répond ordinairement à celui du pouls du malade : dès qu’on comprime cette tumeur, elle disparoît en totalité ou en partie ; parce que par cette pression on fait couler le sang de la poche anevrysmale dans le corps de l’artere qui lui est continue.

Les causes de l’anevrysme vrai sont internes ou externes : on met au nombre des causes internes la foiblesse des tuniques de l’artere, qui ne peuvent résister à l’effort & à l’impétuosité du sang : un ulcere qui auroit corrodé en partie les tuniques de l’artere,

pourroit donner lieu à un anevrysme dont la base seroit étroite, parce que l’expansion des membranes n’auroit lieu que dans un seul point du tube artériel. On dit que le sang qui se trouve dans cette espece d’anevrysme, rentre avec un sifflement assez sensible, lorsqu’on comprime la tumeur ; ce qui n’arrive point lorsque tout le corps de l’artere participe à la dilatation.

M. Chambers, à l’article dont je traite, cite une observation de M. Littre, rapportée dans l’Histoire de l’Académie Royale des Sciences, année 1712 ; il s’agit d’un anevrysme à l’aorte, dont M. Littre attribue la cause au trop petit diametre des arteres soûclavieres & axillaires.

Les causes externes de l’anevrysme vrai sont les coups, les chûtes, les extensions violentes des membres ; la compression que cause une exostose, une luxation ou une fracture, qui n’ont point été réduites, ou la présence d’une tumeur humorale, sont aussi des causes extérieures d’anevrysme ; parce qu’en diminuant le diametre de l’artere, elles l’obligent à se dilater supérieurement. Il ne faut pas croire que toutes ces causes externes produisent un anevrysme, parce qu’elles affoiblissent le ressort de l’artere, & la rendent incapable d’offrir assez de résistance aux impulsions du sang ; car on sait par expérience qu’il y a des tumeurs anevrysmales dont le battement est plus fort que dans le reste de l’artere : cette force pulsative s’accorde peu avec l’affoiblissement du ressort de ce vaisseau dans le point où il est dilaté.

L’anevrysme vrai est plus ou moins dangereux, selon son volume, & suivant la partie où il est situé. Les anevrysmes des gros vaisseaux de toutes les arteres de l’intérieur du corps sont très-fâcheux, parce qu’on ne peut y apporter aucun remede, & qu’ils se terminent presque tous, à moins qu’on ne prenne de grandes précautions, par l’ouverture de la tumeur. Les anevrysmes des extrémités qui attaquent les troncs des vaisseaux sont un peu moins fâcheux, uniquement par leur situation : ceux qui n’affectent que les ramifications des arteres sont curables, parce qu’il n’y a aucun obstacle à la guérison radicale.

L’anevrysme faux se fait par un épanchement de sang, en conséquence de l’ouverture d’une artere. Les causes de cette maladie paroissent devoir être toûjours extérieures, comme un coup d’épée, de lancette, &c. elle peut cependant venir de cause interne, par l’ulcération de l’artere à l’occasion d’un virus vérolique, scorbutique, & autres ; ou par la crevasse d’un anevrysme vrai : ce dernier cas est assez rare, parce qu’on a remarqué que les tuniques de l’artere augmentent en épaisseur à mesure qu’elles se dilatent.

Dans l’anevrysme faux, le sang qui sort de l’artere s’épanche dans le tissu graisseux en le dilacérant : cette effusion s’étend non-seulement sous la peau, mais aussi dans l’interstice des muscles. On a vû le sang d’une artere ouverte au pli du coude, s’insinuer jusque dans la membrane graisseuse qui est sous les muscles grand dorsal & grand pectoral, après avoir tendu excessivement tout le bras.

Les signes de l’anevrysme faux sont une ou plusieurs tumeurs, dures, inégales, douloureuses, & qui augmentent de jour en jour : la peau est tendue & marbrée de différentes couleurs, selon que le sang épanché en est plus ou moins près. Les Auteurs ajoûtent à ces signes le battement profond de l’artere : mais j’ai vû, reconnu & opéré des anevrysmes faux, sans avoir pû m’appercevoir de cette pulsation.

L’anevrysme faux par effusion ne peut guere se guérir que par la ligature de l’artere ; alors, si la blessure est à un tronc principal, le malade perdra le membre, parce que les parties inférieures privées de nourriture par la ligature du vaisseau qui la leur