réglement. Fagnan remarque que quand il arrive plusieurs vacances du même bénéfice dans la même année, on ne paye qu’une seule annate : ce qui prouve, ajoûte-t-il, que ce n’est point pour la collation des bénéfices, mais pour l’entretien du Pape & du sacré Collége. V. ce Canoniste, Fevret, le P. Alexandre, M. de Marca, &c. Thomassin, discipline de l’Eglise, Part. IV. liv. IV. chap. xxxv. & xxxvj. Fleury, Instit. au Droit ectl. tom. I. part. 17. chap. xxiv. pag. 424. (G)
ANNEAU, s. m. (Hist. anc. & mod.) petit corps circulaire que l’on met au doigt, soit pour servir d’ornement, soit pour quelque cérémonie.
L’anneau des évêques fait un de leurs ornemens pontificaux : on le regarde comme le gage du mariage spirituel que l’évêque a contracté avec son église.
L’anneau des évêques est d’un usage fort ancien. Le quatrieme concile de Tolede, tenu en 633, ordonne qu’un évêque qui aura été condamné par un concile, & qu’ensuite un second concile aura déclaré innocent, sera rétabli dans sa dignité, en lui rendant l’anneau, le bâton épiscopal ou la crosse, &c.
L’usage de l’anneau a passé des évêques aux Cardinaux, qui doivent payer une certaine somme pro jure annuli cardinalitii. Voyez Cardinal.
Origine des anneaux. Pline, liv. XXXVII. ch. j. observe que l’on ignore entierement qui est celui qui a le premier inventé ou porté l’anneau, & qu’on doit regarder comme une fable l’histoire de Promethée & celle de Midas. Les premiers peuples parmi lesquels nous trouvons l’usage de l’anneau établi, sont les Hébreux, Gen. xxxviij. dans cet endroit il est dit que Judas, fils de Jacob, donna à Thamar son anneau pour gage de sa promesse : mais il y a apparence que l’anneau étoit en usage dans le même tems chez les Egyptiens, puisque nous lisons, Gen. xlj. que le roi Pharaon mit un anneau au doigt de Joseph, comme une marque de l’autorité qu’il lui donnoit. Dans le premier liv. des Rois, ch. xxj. Jezabel scelle de l’anneau du Roi l’ordre qu’elle envoye de tuer Naboth.
Les anciens Chaldéens, Babyloniens, Perses, & Grecs, se servoient aussi de l’anneau, comme il paroît par différens passages de l’Ecriture & de Quinte-Curce. Ce dernier auteur dit qu’Alexandre scella de son propre sceau les lettres qu’il écrivit en Europe, & qu’il scella de l’anneau de Darius celles qu’il écrivit en Asie.
Les Persans prétendent que Guiamschild, quatrieme roi de leur premiere race, est le premier qui se soit servi de l’anneau, pour en signer ses lettres & ses autres actes. Les Grecs, selon Pline, ne connoissoient point l’anneau du tems de la guerre de Troie ; la raison qu’il en donne, c’est qu’Homere n’en fait point mention : mais que quand on vouloit envoyer des lettres, on les lioit ensemble avec des cordes que l’on noüoit.
Les Sabins se servoient de l’anneau dès le tems de Romulus : il y a apparence que ces peuples furent les premiers qui reçûrent cette pratique des Grecs. Des Sabins elle passa aux Romains, chez qui cependant on en trouve quelques traces un peu de tems auparavant. Pline ne sauroit nous apprendre lequel des Rois de Rome l’a adopté le premier ; ce qui est certain, c’est que les statues de Numa & de Servius Tullius étoient les premieres où l’on en trouvoit des marques. Le même auteur ajoûte que les anciens Gaulois & Bretons se servoient aussi de l’anneau. V. Sceau.
Matiere des anneaux. Quelques-uns étoient d’un seul & unique métal ; d’autres étoient de plusieurs métaux mêlés, ou de deux métaux distingués : car le fer & l’argent des anneaux étoient souvent dorés, ou au moins l’or étoit renfermé dans le fer, comme
il paroît par un passage d’Artemidore liv. II. ch. v. les Romains se contenterent long-tems d’anneaux de fer : & Pline assûre que Marius fut le premier qui en porta un d’or, dans son troisieme consulat, l’an de Rome 650. Quelquefois l’anneau étoit de fer, & le sceau d’or ; quelquefois il étoit creux, & quelquefois solide ; quelquefois la pierre en étoit gravée, quelquefois elle étoit unie : dans le premier cas, elle étoit gravée tantôt en relief, tantôt en creux. Les pierres de cette derniere espece étoient appellées gemmæ ectypæ ; & les premieres, gemmæ sculpturâ prominente.
La maniere de porter l’anneau étoit fort différente selon les différens peuples : il paroît par le ch. xxij. de Jèremie, que les Hébreux le portoient à la main droite. Chez les Romains, avant que l’on eût commencé à orner les anneaux de pierres précieuses, & lorsque la gravure se faisoit encore sur le métal même, chacun portoit l’anneau à sa fantaisie, au doigt & à la main qu’il lui plaisoit. Quand on commença à enchasser des pierres dans les anneaux, on ne les porta plus qu’à la main gauche ; & on se rendoit ridicule quand on les mettoit à la main droite.
Pline dit qu’on les porta d’abord au quatrieme doigt de la main, ensuite au second, ou index ; puis au petit doigt ; & enfin à tous les doigts, excepté celui du milieu. Les Grecs porterent toûjours l’anneau au quatrieme doigt de la main gauche, comme nous l’apprend Aulugelle, lib. X. la raison que cet auteur en donne est prise dans l’Anatomie : c’est, selon lui, que ce doigt a un petit nerf qui va droit au cœur, ce qui fait qu’il étoit regardé comme le plus considérable des cinq doigts, à cause de sa communication avec une si noble partie. Pline dit que les anciens Gaulois & les anciens Bretons portoient l’anneau au doigt du milieu.
D’abord on ne porta qu’un seul anneau ; puis un à chaque doigt : Martial, liv. XI. epig. 60. enfin un à chaque jointure de chaque doigt. V. Aristophane, in Nub. Peu à peu le luxe s’augmenta au point qu’on eut des anneaux pour chaque semaine. Juvenal, Sat. VII. parle d’anneaux semestres, annuli semestres : on eut aussi des anneaux d’hyver, & des anneaux d’été. Lampride remarque, ch. xxxij. que personne ne porta là-dessus le luxe aussi loin qu’Heliogabale, qui ne mit jamais deux fois le même anneau non plus que les mêmes souliers.
On a aussi porté les anneaux au nez, comme des pendans l’oreilles. Bartholin a fait un traité exprès, de annulis narium, des anneaux des narines. S. Augustin nous apprend que c’étoit l’usage parmi les Maures de les porter ainsi ; & Pietro della Valle fait la même remarque au sujet des Orientaux modernes.
On peut dire qu’il n’y a point de partie du corps où on n’ait porté l’anneau. Différens voyageurs nous assûrent que dans les Indes orientales, les naturels du pays portent des anneaux au nez, aux levres, aux joues, & au menton. Selon Ramnusio, les dames de Narsingua dans le levant, & selon Diodore, liv. III. les dames d’Ethiopie avoient coûtume d’orner leurs levres d’anneaux de fer.
A l’égard des oreilles, c’est encore une chose ordinaire partout que de voir des hommes & des femmes y porter des anneaux. Voyez Pendant.
Les Indiens, particulierement les Guzarates, ont porté des anneaux aux piés. Lorsque Pierre Alvarez eut sa premiere audience du roi de Calicut, il le trouva tout couvert de pierres enchassées dans des anneaux : il avoit à ses deux mains des bracelets & des anneaux à ses doigts ; il en avoit jusqu’aux piés & aux orteils. Louis Bortome nous parle d’un roi de Pegu, qui portoit à chaque orteil, ou gros doigt