L’Encyclopédie/1re édition/PENDANT

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PENDANT, s. m. (Hist. anc. & mod.) anneau d’oreille c’est un ornement de quelque matiere précieuse que portent les femmes. On le suspend à l’oreille par un trou pratiqué à cet effet. Les pendans d’oreille sont fort souvent enrichis de diamans, de perles & autres pierres précieuses. Voyez Diamant, Perle, &c.

Il y a long-tems que les pendans d’oreille ont été de goût de l’un & de l’autre sexe. Les Grecs & les Romains se servoient des perles & des pierres les plus précieuses pour parer leurs oreilles, avec cette différence remarquée par Isidore, liv. XVIII. de ses origines, ch. xxxj. que les jeunes filles avoient un pendant à chaque oreille, & les jeunes garçons n’en avoient qu’à une seulement.

Les Grecs nommoient les pendans d’oreille, κρεμαστήρας, les Latins, inaures ou stalagmia. Une servante demande à Menaecme, act. III. sc. iij. de lui donner de quoi acheter des boucles & des pendans d’oreille :

Amabo, mi Menacme, inaureis da mihi.
Faciendas pondo duum nummum stalagmia.

Juvenal nous apprend aussi dans sa Satyre VI. que les Romains nommoient encore elenchi, les pendans d’oreille :

Nil non permittit tibi mulier, turpe putat nil
Cum virides gemmas collo circumdedit, & cum
Auribus extensis magnos commisit elenchos.

Les Grecs avoient plusieurs noms différens pour exprimer les pendans d’oreille. Hesychius & Julius Pollux en ont remarqué quelques-uns. Quant à la forme, à la matiere, au poids & à l’ouvrage, il n’y a point eu de regle certaine, chacun a suivi son génie, ses forces & sa vanité ; & le luxe n’a pas été moins dans cette espece d’ornement que dans tout ce que l’ambition & la volupté ont pû inventer pour satisfaire l’orgueil des hommes. Nous apprenons même de quelques inscriptions rapportées par Gruter, qu’il y avoit des femmes & des filles qui n’avoient d’autre emploi que d’orner les oreilles des femmes, comme nous avons des coëffeuses.

Les pendans d’oreille étoient du nombre des choses dont les meres ornoient leurs filles, pour paroître devant celui qui devoit être leur mari. Ce soin est bien dépeint par Claudien sous un des consulats d’Honorius :

At velut officiis trepidantibus ora puellæ,
Spe propiore thori mater solertior ornat
Adveniente proco, vestesque & singula comit
Sæpe manu, viridique angustat jaspide pectus ;
Substringitque comam gemmis, & colla monili
Circuit, & baccis onerat candentibus aures.

Séneque n’avoit donc pas grand tort de dire qu’il connoissoit des femmes qui portoient deux & trois patrimoines au bout de chaque oreille : Video uniones, dit-il, non singulos singulis auribus comparatos, jam enim exercitatæ aures oneri ferendo sunt ; junguntur inter se, & insuper alii binis super ponuntur : non satis mulieribus insania viros subjecerat, nisi bina & terna patrimonia auribus singulis pependissent.

On sait par le témoignage de Pline, qu’Antonia, femme de Drusus, ne se contentoit pas de porter elle-même des pendans d’oreille magnifiques, mais qu’elle en mit de semblables à une lamproie dont elle faisoit ses délices.

Les pendans des femmes européennes ne sont rien en comparaison de ceux que portent les Indiens, tant hommes que femmes, qui ont la mode de s’alonger les oreilles, & d’en augmenter le trou en y mettant des pendans grands comme des saucieres, & garnis de pierreries.

Peyrard dit que la reine de Callicut & les autres dames de sa cour ont des oreilles qui par le moyen de ces ornemens leur descendent jusqu’aux mamelles, & même plus bas ; le préjugé du pays est que les plus longues sont d’une grande beauté. Elles y font des trous assez larges pour y passer le poing. Il n’est pas permis aux moncois, qui sont les gens du peuple, de les avoir aussi longues que les naires, qui sont les nobles. Celles des premiers ne doivent pas passer la longueur de trois doigts. Aux Indes occidentales Christophe Colomb nomma une certaine côte Orega, à cause qu’il y trouva des peuples qui faisoient dans leurs oreilles des trous assez grands pour y passer un œuf. Voyez Oreille.

Ils se font aussi percer les narines & les levres pour y suspendre des pendans ; ce qui est pratiqué par les Mexiquains & par d’autres nations. Voyez Nez.

Pendant, terme de Blason, qui se dit des parties qui pendent au lambel au nombre de deux, trois, quatre, cinq, &c. que l’on spécifie en blasonnant.

La Verne, en Bourgogne, de gueules au lambel d’argent de deux pendans. Sa situation naturelle est d’être près du chef. Il y en a de trois, de quatre, de cinq, de six & de sept pendans.

Pendant, s. m. (Stereotomie.) c’est un petit voussoir des voûtes gothiques sans coupe, fait à l’équerre.

Pendant ou Flame, voyez Flame.

Pendant, s. m. (terme de Ceinturier.) les deux pendans du baudrier ou du ceinturon sont les parties qui pendent au bas du baudrier, & au-travers desquels on passe l’épée.

Pendant, se dit aussi de la partie d’une boîte de montre, à laquelle on attache la chaîne ou le cordon. Il est composé d’un petit bouton qu’on rive à la boîte, & d’un anneau qui tient a ce bouton par le moyen d’une vis, ou d’une goupille qui passe à-travers l’un & l’autre. Voyez nos Pl. d’Horlogerie.

Pendant, (Soierie.) on appelle pendans du cassin, les tenons qui soutiennent les planches des arcades. Voyez Arcades & Cassin.