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* AROSEN ou WESTERAS, petite ville de Suede, capitale de la Westimanie, sur le lac Meler.

AROT & MAROT, s. m. (Théol. & Hist.) sont les noms de deux anges, que l’imposteur Mahomet disoit avoir été envoyés de Dieu pour enseigner les hommes, & pour leur ordonner de s’abstenir du meurtre, des faux jugemens, & de toutes sortes d’excès. Ce faux-prophete ajoûte, qu’une très-belle femme ayant invité ces deux anges à manger chez elle, elle leur fit boire du vin, dont étant échauffés, ils la solliciterent à l’amour ; qu’elle feignit de consentir à leur passion, à condition qu’ils lui apprendroient auparavant les paroles par le moyen desquelles ils disoient que l’on pouvoit aisément monter au ciel ; qu’après avoir su d’eux ce qu’elle leur avoit demandé, elle ne voulut plus tenir sa promesse, & qu’alors elle fut enlevée au ciel, où ayant fait à Dieu le récit de ce qui s’étoit passé, elle fut changée en l’étoile du matin, qu’on appelle lucifer ou aurore, & que les deux anges furent séverement punis. C’est de-là, selon Mahomet, que Dieu prit occasion de défendre l’usage du vin aux hommes. Voyez Alcoran. (G)

AROTES, s. m. pl. (Hist. anc.) nom que les Syracusains donnoient aux hommes de condition libre, qui par le malheur de leur fortune étoient obligés de servir pour subsister. (G)

* AROU ou AAROW, (Géog.) ville du canton de Berne au pays d’Argow, sur l’Aar, qui lui a donné son nom. Elle est bâtie sur les ruines de l’ancienne forteresse de Rora.

* AROVAQUES, s. m. pl. peuples de la Caribane dans l’Amérique septentrionale, proche les bords de l’Essekebe & les frontieres du Paria.

* AROUCA, (Géog. anc. & mod.) village de Portugal dans la province de Beira, entre Viseu & Porto, sur la riviere de Paira. On croit que c’est l’ancienne Araducta.

AROUE, s. f. (Commerce.) poids dont on se sert dans le Pérou, le Chily, & autres provinces & royaumes de l’Amérique, qui sont de la domination Espagnole. L’aroue, qui n’est rien autre chose que l’arobe d’Espagne, pese vingt-cinq livres poids de France. Voyez Arobe. Dictionnaire du Commerce, tom. I. pag. 726.

* AROUENS, (isle des) l’une des îles qui sont proche de l’embouchûre de la riviere des Amazones dans l’Amérique méridionale.

* AROUGHEUN, (Hist. nat. Zoolog.) animal qu’on trouve en Virginie, & qui est tout semblable au castor, à l’exception qu’il vit sur les arbres comme les écureuils.

La peau de cet animal forme une partie du commerce que les Anglois font avec les sauvages voisins de la Virginie ; elle compose une sorte de fourrure fort estimée en Angleterre.

AROURE, s. f. (Hist. anc.) nom d’une mesure en usage chez les Grecs ; elle contenoit cinquante piés, si l’on en croit Suidas. Ce mot signifioit plus fréquemment une mesure quarrée qui faisoit la moitié du plethron. Voyez Plethron.

L’aroure Egyptien étoit le quarré de cent coudées, selon le calcul du docteur Arbuthnot, tab. 9. (G)

* AROY, (Géog.) riviere de l’Amérique méridionale ; elle sort du lac Cassipe dans la province de Paria, & se jette dans la riviere de ce nom.

ARPA EMINI, s. m. (Hist. mod.) officier du Grand-Seigneur ; c’est le pourvoyeur des écuries ; il est du corps des mutaferacas ou gentils-hommes ordinaires de sa hautesse. A la ville il reçoit l’orge, le foin, la paille, & les autres fourrages d’imposition ; à l’armée ils lui sont fournis par le deflerdard ou grand thrésorier qui a soin des magasins. L’arpa emini en fait la distribution aux écuries du Sultan & à ceux qui en ont d’étape ; ses commis les délivrent

& lui rendent compte du bénéfice, qui est quelquefois si considérable, qu’en trois ans d’exercice de cette charge il se voit en état de devenir bacha par les voies qui conduisent ordinairement à ce grade, c’est-à-dire, par les riches présens faits aux Sultanes & aux ministres. Guer. Mœurs des Turcs, tom. II. (G)

ARPAGE, s. m. (Hist. anc.) ou plûtôt HARPAGE comme on le trouve écrit dans les anciennes inscriptions, signifie un enfant qui meurt au berceau, ou du moins dans sa plus tendre jeunesse. Ce mot est formé du Grec ἁρπάζω, rapio, je ravis. On le trouve rarement dans les Auteurs latins ; Grutter l’employe, p. 682. inscript. ix. dans l’épitaphe de Marc-Aurele, qui mourut à l’âge de 9 ans 2 mois & 13 jours : mais cette inscription fut trouvée dans les Gaules où l’on parloit le Grec corrompu.

Les Romains ne faisoient ni funérailles ni épitaphes aux harpages ; on ne brûloit point leur corps ; on ne leur érigeoit ni tombeaux ni monumens ; ce qui fait qu’on trouve dans Juvenal :

terra clauditur infans,
Et minor igne rogi.

Dans la suite on introduisit la coûtume de brûler les corps des enfans qui avoient vêcu 40 jours, & à qui il avoit poussé des dents : on appelloit aussi ceux-là ἁρπακτοί, rapti. Cet usage semble avoir été emprunté des Grecs, qui selon Eustathius ne brûloient les enfans ni la nuit, ni en plein jour, mais dès le matin ; & ils n’appelloient pas leur décès mort, mais d’un nom plus doux ἡμέρας ἁρπάγη, disant que ces enfans étoient ravis par l’aurore, qui jouissoit ou qui se privoit de leurs embrassemens. (G)

* ARPAIA, (Géog. anc. & mod.) village de la principauté ultérieure au royaume de Naples, sur les confins de la terre de Labour, entre Capoue & Bénévent. On croit que c’est l’ancien Caudium, & que notre stretto d’arpaja sont les fourches Caudines, furcæ Caudinæ des anciens.

* ARPAILLEUR, s. m. nom que l’on donne à ceux qui s’occupent à remuer les sables des rivieres qui roulent des paillettes d’or, afin de les en séparer ; ces ouvriers n’ont aucun emploi dans les mines.

* ARPAJON, ville de France dans le Rouergue, avec titre de duché.

Arpajon. Voyez Chatres.

ARPEGGIO, ARPÉGE ou ARPÉGEMENT, s. m. en Musique, est la maniere de faire entendre successivement & rapidement les divers sons d’un accord, au lieu de les frapper tous à la fois.

Il y a des instrumens sur lesquels on ne peut former un accord plein qu’en arpégeant ; tels sont le violon, le violoncelle, la viole, & tous ceux dont on joue avec l’archet ; car l’archet ne peut appuyer sur toutes les cordes à la fois. Pour former donc des accords sur ces instrumens, on est contraint d’arpéger ; & comme on ne peut tirer qu’autant de sons qu’il y a de cordes, l’arpege du violon & du violoncelle ne sauroit être composé de plus de quatre sons. Il faut pour arpéger, que les doigts soient arrangés en même tems chacun sur sa corde, & que l’arpege se tire d’un seul & grand coup d’archet, qui commence sur la plus grosse corde & vienne finir en tournant sur la chanterelle. Si les doigts ne s’arrangeoient sur les cordes que successivement, ou qu’on donnât plusieurs coups d’archets, ce ne seroit plus un arpege, ce seroit passer très-vîte plusieurs notes de suite.

Ce qu’on fait sur le violon par nécessité, on le pratique par goût sur le clavecin. Comme on ne peut tirer de cet instrument que des sons secs qui ne tiennent pas, on est obligé de les refrapper sur des notes de longue durée. Pour faire donc durer un accord plus long tems, on le frappe en arpégeant, en commençant par les sons bas, & en observant que les