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l’Egypte, & s’étendoient jusqu’à la Cyrénaïque, étant bornés au nord par la Méditerranée. (D. J.)

MARMELADE, s. f. (Pharmac.) confiture faite du jus des fruits, ou de fruits mêmes, comme de prune, d’abricot, de coin, &c. qu’on fait bouillir dans du sucre jusqu’à consistence. Voyez Confiture.

La marmelade de coin est un peu astringente, & agréable à l’estomac.

Toutes ces marmelades sont excellentes lorsque le sucre n’y domine point, que les sucs ou les fruits sont bien cuits, elles font des remedes excellens dans le dévoiement, dans les pertes, & dans le relâchement des fibres.

MARMENTEAU, s. m. (Eaux & forêts.) c’est un bois de haute futaie qui est conservé & qu’on ne taille point. On l’appelle quelquefois bois de touche, lorsqu’il sert à la décoration d’un château ou d’une terre.

MARMITE, s. f. (Cuisine.) est un ustensile de cuisine, de fer, de fonte, ou de cuivre, profond, & fermé d’un couvercle. On en voit qui ont trois piés, & ce sont plus communément celles de fer ou de fonte, & d’autres qui n’en ont point, comme celles de cuivre.

Marmite, (Hydr.) est un coffre ou tambour de plomb qui se met au milieu d’un bassin, orné de plusieurs jets dardans, soudés sur un tuyau, tournant autour du centre rempli d’un groupe de figures. (K)

Marmite a feu, terme & outil de Ferblantier. Cette marmite est de fonte, d’un pié & demi de circonférence, dans laquelle les Ferblantiers mettent de la cendre & du charbon de bois pour faire chauffer les fers à souder. Voyez la fig. dans les Pl. du Ferblantier.

MARMOROIDES, s. f. (Hist. nat. Minéral.) nom générique sous lequel quelques auteurs désignent des pierres qui ont de la ressemblance avec les marbres.

M. Dacosta comprend sous ce nom les pierres, qui par leur tissu, leur nature & leur propriété ressemblent aux marbres, mais qui different en ce que les marmoroides ne forment point comme eux de couches ou de bancs suivis, mais se trouvent par masses détachées dans des couches d’autres substances. Voyez Em. Mandez Dacosta natural history of fossils I. p. 241. (—)

MARMOT, DENTALE, DANTALE, DENTÉ, (Hist. nat.) poisson de mer qui ressemble à la daurade par la forme du corps, par le nombre & la position des nageoires & des aiguillons, & même par les couleurs ; il en differe par la tête qui est platte, il a dans chaque mâchoire quatre dents plus longues que les autres. Rondelet, Hist. des poissons, prem. part. liv. V. chap. xix. Voyez Daurade (poisson.)

MARMOTTE, s. f. mus alpinus, (Hist. nat.) quadrupede qui a depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue environ treize pouces de longueur ; celle de la queue est de six pouces & demi. Comme le lievre & le lapin il a le museau court & gros, la tête allongée & un peu arquée à l’endroit du front ; les oreilles sont très-courtes, à peine paroissent-elles au-dessus du poil, qui a peu de longueur sur la tête, excepté à l’endroit des joues où il est beaucoup plus long. La levre du dessous est plus courte que celle du dessus ; le corps est gros & fort étoffé ; les jambes sont courtes & le paroissent encore davantage parce qu’elles ne sont jamais bien étendues. Le sommet de la tête, le dessus du cou, les épaules, le dos & les flancs sont noirs avec des teintes de gris & de cendré ; les côtés de la tête ont du gris & du noirâtre ; les oreilles sont grises ; le bout du museau, le dessous de la mâchoire inférieure & du cou, les jambes de devant, le dessous & les côtés de la poitrine, le ventre, la face intérieure de la cuisse & de la jambe, &

les quatre piés ont une couleur rousse mélée de noir, de gris, & même de cendré ; la croupe & la face extérieure de la cuisse & de la jambe sont d’une couleur brune & roussâtre ; la queue est mêlée de cette derniere couleur & de noir.

La marmotte prise jeune s’apprivoise plus aisément qu’aucun autre animal sauvage ; on l’apprend à tenir un bâton, à gesticuler, à danser, &c. Elle mord lorsqu’elle est irritée ; elle attaque les chiens ; elle ronge les meubles, les étoffes, & même le bois. Elle se tient souvent assise, & elle marche sur les piés de derriere. Elle porte à sa gueule ce qu’elle saisit avec ceux de devant & mange debout comme l’écureuil. Elle court assez vîte en montant ; elle grimpe sur les arbres ; elle monte entre deux parois de rochers : c’est des marmottes, dit-on, que les Savoyards ont appris à grimper pour ramonner les cheminées. Elles mangent de la viande, du pain, des fruits, des racines, des herbes potageres, des choux, des hannetons, des sauterelles, &c. Elles aiment le lait, & le boivent en grande quantité en marmottant, c’est-à-dire en faisant comme le chat une espece de murmure de contentement : elles ne boivent que très rarement de l’eau & refusent le vin. La marmotte a la voix d’un petit chien ; mais lorsqu’elle est irritée ou effrayée, elle fait entendre un sifflement si perçant & si aigu qu’il blesse le tympan. Cet animal seroit assez bon à manger, s’il n’avoit, comme le rat, sur-tout en été, une odeur très-forte & désagréable que l’on ne peut masquer que par des assaisonnemens très-forts. Il se plaît dans la région de la neige & des glaces, que l’on ne trouve que sur les plus hautes montagnes ; cependant il est sujet plus qu’un autre, à s’engourdir par le froid ; il se retire en terre à la fin de Septembre, ou au commencement d’Octobre pour n’en sortir qu’au commencement d’Avril. Sa retraite est grande, moins large que longue, & très-profonde : c’est une espece de galerie faite en forme d’Y, dont les deux branches ont chacune une ouverture, & aboutissent toutes deux à un cul-de-sac qui est le lieu du séjour. Il est non-seulement jonché mais tapissé fort épais de mousse & de foin ; les marmottes en font ample provision pendant l’été. Elles demeurent plusieurs ensemble & travaillent en commun à leur habitation ; elles s’y retirent pendant l’orage, pendant la pluie, & dès qu’il y a quelque danger : elles n’en sortent même que dans les beaux jours. L’une fait le guet, & dès qu’elle apperçoit un homme, un chien, une aigle, &c. elle avertit les autres par un coup de sifflet, & ne rentre elle-même que la derniere. Lorsque ces animaux sentent les approches de la saison qui doit les engourdir, ils ferment les deux portes de leur domicile, ils sont alors très-gras ; quelques-uns pesent jusqu’à vingt livres ; ils le sont encore trois mois après ; mais ils deviennent maigres à la fin de l’hiver. Il n’est pas sûr qu’ils soient toujours engourdis pendant sept ou huit mois : aussi les chasseurs ne vont les chercher dans leur caveau que trois semaines ou un mois après que les issues sont murées, & ils n’ouvrent leur retraite que dans le tems des grands froids : alors ils les trouvent tellement assoupis, qu’ils les emportent aisément ; mais lorsqu’il fait un vent chaud, les marmottes se réveillent au premier bruit, & creusent plus loin en terre pour se cacher. Ces animaux ne produisent qu’une fois l’an, les portées ordinaires sont de trois ou quatre petits ; ils ne vivent que neuf ou dix ans. On trouve les marmottes sur les Alpes, les Apennins, les Pyrénées, & sur les plus hautes montagnes de l’Allemagne. On distingue plusieurs autres especes de marmottes ; savoir le bobak, ou marmotte de Pologne ; le mouax, ou marmotte de Canada, le cavia, ou marmotte de Bahama ; & le cuicet, ou marmotte de Strasbourg. Histoire nat.