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tiere à plaisanterie aux hérétiques, ou aux libertins. Dom Thierry Ruinart nous a donné entre autres, deux petits volumes sous le titre d’Actes sinceres des martyrs, qui, dans leur simplicité, portent tous les caracteres de la vérité, & respirent un certain goût de l’antique, qui montre qu’on ne les a pas composés à dessein d’enfler les faits, & de surprendre la crédulité du lecteur.

Les protestans ont aussi leurs martyrologes ; savoir, en anglois, composé par J. Fox, Bray & Clarck. Si l’on peut donner ce titre à l’histoire du supplice de quelques fanatiques, que la reine Marie fit punir pour leurs emportemens.

Martyrologe se dit aussi d’un regître, ou rôle d’une sacristie, où sont contenus les noms des saints & des martyrs, tant de l’église universelle, que des particuliers de la ville du diocèse à pareil jour. On le dit aussi des tableaux qui sont dans les grandes sacristies, qui contiennent le mémoire des fondations, obits ou prieres, & messes qui se doivent dire chaque jour.

MARTYROPOLE, Martyropolis, (Géog. anc.) ville de la grande Arménie, dans la partie de cette province, appellée Sophanene, sur le bord du fleuve Nymphius, proche de la frontiere des Perses. Justinien la fit fortifier de son tems, comme on peut le lire dans Procope, liv. III. ch. ij. (D. J.)

MARVA, (Géog.) montagnes des Indes dans les états du mogol. Elles commencent près d’Amandabat, s’étendent plus de 70 lieues vers Ayra, & plus de 100 vers Onyen. (D. J.)

MARVAN, (Géog.) ville du Couhestan près du Hamadan. Elle est située, selon l’historien de Timur-Bec, à 84. de long. sous les 35. 30. de latit. (D. J.)

MARVEJOLS ou MARVEJOULS ou MARVÉGE, (Géog.) ville de France en Languedoc, & la seconde du Cévaudan. Le duc de Joyeuse la prit sur les calvinistes en 1586 ; & la ruina si bien, qu’elle ne s’est guere rétablie. Elle est cependant située dans un beau vallon, arrosé par la riviere de Colange, à 4. lieues N. O. de Mende, 112. S. E. de Paris. Long. 20. 58. lat. 44. 35. (D. J.)

MARUM, s. m. (Botan.) on donne le nom de marum à deux plantes qui appartiennent à deux genres différens. Le vrai marum, ou celui de Cortusus, est une espece de chamédris. L’autre marum, ou marummastich, est une espece de thymbra.

Le vrai marum, est le chamædris maritima, incana fructescens, foliis lanceolatis, de Tournefort, I. R. H.205.

C’est une plante de la hauteur d’un pié, dont la racine est fibreuse, & qui différe des autres especes de chamædris, 1°. par ses tiges ligneuses, blanches & velues ; 2°. par ses feuilles, semblables à un fer de lance, longues de quatre lignes, larges de deux, d’un verd gai, blanches en-dessous, d’une saveur acre & amere, d’une odeur forte & aromatique agréable, qui porte aussi-tôt aux nerfs de la membrane pituitaire, & cause l’éternument.

Ses fleurs sont entieres, & naissent des aisselles des feuilles ; elles sont d’une seule piece, purpurines, en gueule. Les étamines occupent la place de la levre supérieure ; la levre inférieure est divisée en cinq parties, dont celle du milieu est plus ample, & creusée en ceuilleron.

Leur calice est semblable à ceux des autres chamædris ; il est cotonneux, blanchâtre. Il en sort un pistil attaché à la partie postérieure de la fleur ; il est comme accompagné de quatre embryons, qui se changent en autant de graines arrondies, semblables à celles des chamædris, renfermées dans une capsule qui servoit de calice à la fleur.

Cette plante est cultivée par les curieux ; mais son odeur est tellement agréable aux chats, qu’elle les attire de tous côtés dans les jardins où on la cultive.

Elle les rend comme insensés, & les brûle des feux de l’amour ; de sorte qu’ils mordent le marum, se roulent dessus, l’humectent de salive, & le souillent quelquefois. En un mot, on a bien de la peine à conserver cette plante dans des jardins, à moins qu’on ne la renferme dans des cages de fer.

On emploie rarement le marum de Cortusus dans les boutiques, cependant il ne tient pas le dernier rang parmi les plantes aromatiques. On tire de ses feuilles une huile essentielle, dont l’odeur est très agréable, & qui est recherchée par les Hollandois.

Le marum-mastich est l’espece de thymbra, nommée par Tournefort thymbra hispanica, majoranæ folio, I. R. H. 197. C’est une petite plante ligneuse, qui jette beaucoup de branches divisées en plusieurs rameaux. Les racines sont menues, ligneuses. Ses feuilles sont semblables à celles du serpolet, mais cendrées, d’une odeur qui approche en quelque façon à celle du mastic, & d’une saveur âcre.

Au sommet des rameaux, & un peu au-dessous, sont des petites têtes cotonneuses, qui les embrassent en maniere d’anneaux. Il en sort des petites fleurs blanchâtres, semblables à celles du thym, d’une seule piece, en gueule ; la levre supérieure est redressée & échancrée, & l’inférieure est partagée en trois parties.

Toute cette plante a une odeur agréable, mais un peu forte ; elle vient d’elle-même en Espagne, & dans les pays chauds. On la cultive dans nos jardins. (D. J.)

Marum, vrai marum, ou marum cortusi, (Chimie & mat. méd.) les feuilles de marum étant froissées entre les doigts exhalent un principe volatil aromatique pénétrant, qui excite l’éternument, qui pique les yeux, même à une distance de quelques pouces : elles ont une saveur âcre, piquante & amere ; elles fournissent par la distillation une huile essentielle, comme la plupart des autres plantes aromatiques, & une eau distillée très-chargée d’un principe mobile, actif & aromatique.

On fait rarement usage du marum en Médecine ; il n’est cependant inférieur en vertus à aucune autre plante de sa classe, qui est celle des labiées de Tournefort. La vivacité de sa partie volatile peut faire penser au contraire, qu’il seroit plus efficace que la plupart de ces plantes, comme stomachique, diaphorétique, diurétique, émunagogue, béchique, apéritif, tonique, aphrodisiaque, &c.

Cette derniere qualité est peut-être indiquée par l’effet que cette plante produit sur les chats, qui sont attirés de très-loin par son odeur, qui se jettent dessus avec une espece de fureur, qui s’y roulent, qui la mordent, la déchirent, & qui finissent par y répandre leur semence.

Les sommités fleuries du marum entrent dans les trochiques hedicroy, & dans l’eau générale de la Pharmacopée de Paris. (b)

Marum mastic, (Mat. méd.) cette plante a une odeur agréable, mais forte ; on lui attribue les mêmes vertus qu’au vrai marcum ; & en effet, elle doit posséder au moins les vertus génériques de la classe à laquelle elles appartiennent l’une & l’autre. Voyez Marum. (b)

MARUVIUM, (Géog. anc.) Maruvium dans Denis d’Halicarnasse & Strabon ; Marruvium dans Silius Italicus ; & Marrubium dans d’autres. Virgile est pour cette derniere orthographe, suivant ce vers de l’Enéïde, liv. VII. V. 750.

Quin & Marrubiâ venit de gente sacerdos.

C’étoit une ville d’Italie dans le Latium, & la capitale des Marses. Il en est parlé dans une inscription de Reynesius, sous le beau titre de splendidissima civitas. (D. J.)