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Cette plante vient d’elle-même le long des haies & des chemins, dans les lieux incultes, & sur les décombres ; ses feuilles, ses fleurs & ses graines sont d’un très-grand usage.

La petite mauve est nommée par J. Bauhin & Tournefort, malva vulgaris, flore minore, folio rotundo. Toutes les parties de cette espece de mauve sont plus petites que celles de la précédente. Sa racine cependant n’est pas plongée moins profondement dans la terre, & on a peine à l’en arracher. Ses tiges sont plus grêles, plus foibles, plus penchées, plus menues & d’un duvet plus court ; la tige du milieu s’éleve & est souvent droite.

Ses feuilles sont plus petites, plus arrondies, & celles qui sont au sommet sont moins découpées ; d’ailleurs elles sont plus noirâtres, & en même tems couvertes d’un duvet cendré ; mais la principale différence consiste dans les fleurs, qui sont beaucoup plus petites & d’un pourpre blanchâtre, rayé de lignes purpurines.

Cette plante n’est pas moins fréquente que la précédente ; elle vient dans les mêmes endroits. On se sert en Médecine de l’une & de l’autre indifféremment. Le suc de la mauve est composé d’un sel essentiel ammoniacal, si bien uni à une quantité d’huile & de flegme, qu’ils forment ensemble un suc mucilagineux, qui est détruit par le feu dans l’analyse ; cependant, c’est de cette substance glutineuse que dépend la principale vertu de la mauve.

Cette plante étoit autrefois d’un grand usage parmi les alimens, & tenoit presque en fait d’herbage le premier rang sur les tables : on n’en fait point de cas aujourd’hui ; on la relegue chez les apothicaires ; & selon les apparences, notre nation ne sera pas la premiere à la ressusciter dans les cuisines. (D. J.)

Mauve sauvage, (Botan.) la mauve sauvage, ou alcée, alcea vulgaris, ne differe de la mauve & de la guimauve cultivées, que par la découpure de ses feuilles ; & c’est au défaut des deux autres plantes qu’on emploie celle-ci. Son suc est moins visqueux que celui de la mauve ordinaire.

Mauve des Juifs, (Botan. exot.) c’est le nom vulgaire d’un genre de plante différent de celui de la mauve. Les botanistes appellent ce genre de plante corchorus, & on la caracterise sous ce mot, voyez donc Corchorus.

Ce genre de plante renferme quatre especes toutes étrangeres, que l’on ne voit que dans quelques jardins de curieux ; mais la principale est commune en Egypte & en Syrie, où elle sert en aliment, selon le rapport de Rauwolf dans ses voyages. (D. J.)

Mauve, (Pharmacie & Mat. méd.) on emploie indifféremment en Médecine deux especes de mauve ; savoir, la mauve à grandes fleurs & à feuilles découpées, & la mauve à petites fleurs & à feuilles rondes.

Toutes les parties de la mauve sont d’usage en Médecine, & principalement les feuilles.

Cette plante étoit comptée autrefois parmi les alimens, les anciens en usoient très-fréquemment pour se rendre le ventre libre ; on ne la mange plus aujourd’hui, elle est même presque absolument inusitée en Médecine pour l’intérieur, à l’exception de la conserve qu’on prépare avec les fleurs, qui même n’est pas un remede fort employé.

On emploie les feuilles & les fleurs de mauve très fréquemment dans les cataplasmes & dans les décoctions pour les lavemens & les fomentations. Cette plante est regardée comme éminemment émolliente, elle tient le premier rang parmi les plantes qu’on a appellées émollientes par excellence. Voyez Emollientes, plantes.

On se sert en effet avec succès à l’extérieur des décoctions de mauve, ou de l’herbe entiere réduite

en pulpe, contre les tumeurs inflammatoires des parties extérieures, & même contre celles des visceres du bas-ventre, & principalement de la vessie. On applique très-communément les feuilles & les fleurs de mauve sous forme de cataplasme sur la région de ce viscere dans les ardeurs & les rétentions d’urine. Les auteurs de matiere médicale semblent avoir reconnu dans la mauve une vertu spécifique contre les maladies des voies urinaires ; car ils s’accordent assez à prescrire dans ce cas son suc, sa décoction, l’infusion de ses fleurs, un syrop préparé avec le suc de ses feuilles & de ses fleurs, une conserve préparée avec les mêmes fleurs, & même une eau distillée de toute la plante.

Tous ces remedes, à l’exception du dernier, peuvent être réellement utiles dans ces cas, mais ce ne sont ici que des propriétés communes à toutes les substances mucilagineuses. Voyez Mucilage.

La décoction de mauve donnée en lavement, relâche & ramollit très-utilement le ventre, calme les douleurs des intestins dans la dyssenterie, le tenesme, certaines coliques, &c. ce sont encore ici les propriétés génériques des substances mucilagineuses. Voyez Mucilage.

Cette partie vraiment médicamenteuse de la mauve, le mucilage se détruit dans cette plante par le progrès de la végétation, ou plutôt passe des feuilles & des fleurs dans la semence. Les feuilles des mauves en graine ne contiennent plus qu’une substance acerbe styptique, dont un des principes est un acide assez développé pour se manifester par la couleur rouge qu’il produit dans ces feuilles. Il faut donc avoir attention de n’employer aux usages médicinaux que nous avons indiqués, que la mauve qui commence à donner des fleurs.

Les semences de mauve possedent à-peu-près les mêmes vertus que les feuilles & les fleurs, on les emploie cependant fort rarement aux mêmes usages ; elles entrent dans quelques compositions officinales, adoucissantes & pectorales, dans le syrop d’armoise, & le syrop de tortue, par exemple, & elles ne sont point des ingrédiens inutiles de ces préparations.

La conserve de fleurs de mauve est recommandée non-seulement dans les maladies des conduits urinaires, comme nous l’avons déja observé, mais encore dans les maladies de la poitrine. (b)

MAUVESIN, (Géog.) ville démantelée de France en Armagnac, capitale du vicomté de Fezenzaguel. (D. J.)

MAUVIETTE, (Hist. nat.) voyez Alouette.

Mauviettes, s. f. (Chasse.) ce sont de petits oiseaux qui ressemblent aux alouettes ; pour les manger, on les plume, mais on ne les vuide point, on appelle à Paris mauviettes les alouettes mêmes.

MAUVIS, TRASTE, TOURET, CALENDROTTE, BOUSSEQUEUELONG, turdus, iliacus, sive illas aut tilas, (Hist. nat.) oiseau qui est de la grosseur de la grive ou un peu plus petit. Il ne pese que deux onces & demie ; il a huit pouces de longueur, depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue : les pattes sont aussi longues que la queue : le bec a un pouce de longueur, la piece du dessus est brune, & celle du dessous est en partie brune & en partie jaune ; la langue est dure & divisée en plusieurs filamens à son extrémité ; le dedans de la bouche est jaune, l’iris des yeux est de couleur de noisette obscure : les cuisses & les pattes sont d’une couleur de chair pâle. Le doigt extérieur tient au doigt du milieu à sa naissance. Toute la face supérieure de cet oiseau ressemble beaucoup à celle de la grive ordinaire. Les petites plumes qui recouvrent la face inférieure des ailes, & les côtés dessous les ailes sont de couleur orangée, & cette marque