Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rons la meche doit être la sixieme partie d’un toron ; & que dans celles de six torons la meche doit être égale à un toron entier.

Il ne suffit pas de savoir la grosseur qu’on doit donner aux meches, il faut encore savoir placer la meche. Pour cela, on fait passer cette meche par un trou de tarriere, qui traverse l’axe du toupin, & on l’arrête seulement par un de ses bouts à l’extrémité de la grande manivelle du quarré, de façon qu’elle soit placée entre les torons qui doivent l’envelopper. Moyennant cette précaution, la meche se place toujours dans l’axe de l’aussiere, & à mesure que le toupin avance vers le chantier, elle coule dans le trou qui le traverse, comme les torons coulent dans les rainures qui sont à la circonférence du toupin.

Il y a des cordiers qui, pour mieux rassembler les fils des meches les commettent, & en font une véritable aussiere à deux ou trois torons. Mais M. Duhamel prétend, dans son art de la corderie, qu’il est beaucoup mieux de ne point commettre les meches, & qu’il suffit de les tordre en même tems, & dans le même sens que les torons. Voyez l’article Corderie.

Meche, terme de perruquier ; c’est ainsi que ces ouvriers appellent une petite pincée de cheveux qu’ils prennent à la fois lorsqu’ils font une coupe de cheveux. On coupe les cheveux par meches, afin qu’ils soient plus égaux par la tête, & qu’ainsi il y ait moins de déchet. Voyez Cheveux.

Meche, (Vénerie.) on fait sortir les renards de leurs terriers avec des meches, & voici comme on s’y prend ; on prend des bouts de meche de coton, grosse comme le petit doigt, qu’on trempe, & qu’on laisse imbiber dans de l’huile de soufre, & qu’on roule ensuite dans du soufre fondu, où l’on a mêlé du verre pilé, qui en rougissant fait brûler mieux le soufre ; avant qu’ils soient refroidis, on les roule dans l’orpin en poudre, autrement dit arsenic jaune, puis on fait une pâte liquide de vinaigre très fort avec de la poudre à canon, on trempe les meches dedans pour y faire un enduit de cette composition, ensuite on met tremper des vieux linges pendant un jour dans de l’urine d’hommes, gardée depuis long-tems, on en enveloppe chaque meche ; quand on veut s’en servir on l’allume, & on l’enfonce dans les terriers, & la composition & le linge tout se brûle ensemble ; on laisse les trous du terrier sur lesquels le vent frappe débouchés, pour que le vent refoule dans les terriers la fumée que la meche produit ; on bouche tous les trous au-dessous du vent, à l’exception de celui par où on met la meche, qui doit être aussi au-dessous du vent ; il n’y a rien dans le terrier qui résiste à cette meche, & les renards sortent, & on les prend avec des panneaux, lorsqu’on veut les chasser avec des chiens courans, on fait fumer les terriers la veille ; car ils ne rentrent pas de long-tems dans les terriers fumés.

MECHED, (Géog.) autrement METCHED, ou MESZAT, ville de Perse dans le Korassan ; Scha-Abas y bâtit une superbe mosquée, & fit publier en habile politique, qu’il s’y faisoit de grands miracles : son but étoit par-là de décréditer le pélerinage de la Meque. (D. J.)

MÉCHOACAN, le (Botan.) racine d’une espece de liseron d’Amérique. Elle est nommée bryonia, mechoacana, alba, dans C. B. P. 297. Jetuca Maregr. 41. & Pison 253.

C’est une racine blanche, coupée par tranches, couverte d’une écorce ridée ; elle est d’une substance où l’on distingue à peine quelques fibres, d’un goût douçâtre, avec une certaine acreté qui ne se fait pas sentir d’abord, & qui excite quelquefois le vomissement.

Cette racine a des bandes circulaires comme la

brione, mais elle en differe en ce qu’elle est plus visqueuse, plus pesante, & qu’elle n’est pas fongueuse ni roussâtre, ni amere, ni puante. On l’appelle méchoacan, du nom de la province de l’Amérique méridionale, où les Espagnols l’ont d’abord trouvée au commencement du xvj. siecle ; mais on nous en apporte aujourd’hui de plusieurs autres contrées de cette même Amérique méridionale, comme de Nicaragua, de Quito, du Brésil, & d’autres endroits.

Cette racine étoit inconnue aux Grecs & aux Arabes ; c’est sur-tout Nicolas Monard qui l’a mise en usage au commencement du xvi. siecle, & nous savons de Maregrave, témoin oculaire, que c’est la racine d’un liseron d’Amérique, dont voici la description.

Il pousse en terre une fort grosse racine d’un pié de long, partagée le plus souvent en deux, d’un gris foncé, ou brun en-dehors, blanche en-dedans, laiteuse, & résineuse. Il jette des tiges sarmenteuses, grimpantes, anguleuses, laiteuses, garnies de feuilles alternes, tendres, d’un verd foncé, sans odeur, de la figure d’un cœur, tantôt avec des oreillettes, tantôt sans oreillettes, longues d’un, de deux, de trois, ou de quatre pouces, ayant à leur partie inférieure une côte, & des nervures élevées. Les fleurs sont d’une seule piece en cloche, de couleur de chair pâle, purpurines intérieurement. Le pistil se change en une capsule qui contient des graines noirâtres, de la grosseur d’un pois, triangulaires & applaties.

Les habitans du Brésil cueillent les racines au printems, les coupent tantôt en tranches circulaires, tantôt en tranches oblongues, les enfilent, & les font sécher. Ils tirent aussi de cette racine une fécule blanche, qu’ils nomment lait, ou fécule du méchoacan ; mais cette fécule reste dans le pays, les Européens n’en sont point curieux. Ils emploient la seule racine, qui purge modérement. On accuse même sa lenteur à agir, & la grande dose qu’il en faut donner ; d’ailleurs, il s’agit d’avoir le méchoacan récent ; car sa vertu ne se conserve pas trois années.

Ainsi la racine du mechoacanica, qu’Hernandez a décrit sous le nom de tacnathe, differe du méchoacan de nos boutiques ; 1°. parce que sa racine brûle la gorge, & que notre méchoacan est presque insipide ; 2°. parce que la plante qu’il décrit sous le nom de mechoacanica, est différente du convolvolus americanus, ou liseron d’Amérique de Maregrave. (D. J.)

Méchoacan, (Mat. méd.) On trouve sous ce nom dans les boutiques une racine appellée aussi quelquefois rhubarbe blanche, coupée par tranches, d’une substance peu compacte, couverte d’une écorce ridée, marquée de quelques bandes circulaires, d’un goût un peu acre & brûlant lorsqu’on la roule long-tems dans la bouche, grise à l’extérieur, & blanche, ou d’un jaune pâle à l’intérieur. On nous l’apporte dans cet état de l’Amérique méridionale, & principalement de l’île de Méchoacan qui lui a donné son nom.

Il faut choisir le méchoacan récent, aussi compacte qu’il est possible, d’un blanc jaunâtre ; & rejetter celui qui est trop blanchâtre, léger, carié, mollasse, & mêlé de morceaux de racine de brione, avec laquelle on le trouve assez souvent falsifié. Cette derniere racine est facile à distinguer, à son goût amer, & à son odeur puante & nauséeuse.

Le méchoacan contient, selon l’analyse de Cartheuser, une portion considérable d’une terre subtile blanchâtre & comme farineuse, (c’est-à-dire d’une fécule farineuse, analogue à celle de brione, & de quelques autres racines, voyez Fecule), très-peu