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dailles dont nous pouvons répondre : elles ne remontent pas jusqu’aux monnoies de fer, seules en usage à Lacédémone du tems de Lycurgue ; mais elles se ressentent encore de la défense expresse qu’il fit des monnoies d’or & d’argent, si constamment observée par les Lacédémoniens. En un mot, ces peuples ne nous ont laissé que des monnoies de cuivre, & tout y roule sur les divinités de la Laconie, comme les médailles d’Athènes sur les divinités de l’Attique. Il ne faut rien chercher de plus dans ce qui nous reste de ces deux républiques si fameuses, qui ont disputé entr’elles l’empire de la Grece jusqu’à ce qu’elles aient passé avec la Grece entiere sous le joug des Romains. (D. J.)

Médailles d’Olba, (Art numismat.) les médailles d’Olba en Sicile, méritent un article à part. Les grands-prêtres de cette ville faisoient battre monnoie à leur coin, & exerçoient dans l’étendue de leurs états, les droits de la souveraineté. Ministres de la religion, ils portoient le sceptre d’une main, & de l’autre offroient des sacrifices à l’Etre-suprème. Princes & pontifes au milieu des provinces romaines, ils étoient libres, & vivoient suivant leurs propres lois.

Nous ne connoissons jusqu’à présent que sept médailles frappées au coin de trois princes d’Olba nommés Polémon, Ajax & Teucer ; & ces sept médailles sont toutes rares.

La premiere de moyen bronze, est de la grandeur ordinaire ; mais par son relief & son épaisseur, elle peut passer pour un médaillon. C’est une médaille de Polémon, dont on eût donné le dessein dans les Pl. si la matiere l’eût permis. On voit d’un côté la tête nue d’un jeune homme, tournée de droite à gauche : on lit autour Μ. ΑΝΤΩΝΙΟΥ ΠΟΛΕΜΩΝΩΣ ΑΡΧΙΕΡΕΩΣ ; et de l’autre côté ΚΕΝΝΑΤ. ΔΥΝΑΣΤΟΥ ΟΛΒΕΩΝ ΤΗΣ ΙΕΡΑΣ, & dans une seconde ligne, ΚΑΙ ΠΑΛΑΣΣΕΩΝ. Ε ΙΑ, c’est-à-dire, tête de M. Antoine Polémon, grand-prêtre des Kennati, d’Olba la sacrée, & de Palassis, année seconde, qui tomboit en l’année 714 de Rome. Le type est une chaire à dos & sans bras, à moitié tournée de droite à gauche. On voit au côté droit un symbole singulier, une espece de triquetre.

Une autre médaille du même prince Polémon représente d’un côté une tête d’homme & un caducée, avec cette légende, Αντωνιου ; au revers un foudre : & on lit autour Αρχιερεως τοπαρχου Κεννατων Λαλας Et Β. La même médaille se trouve dans le cabinet du comte de Pembrock, mais avec un revers différent.

Deux autres médaille d’Olba ont été frappées par l’ordre d’un prince appellé Ajax, qui vivoit sous Auguste, & qui fut un des successeurs de Polémon. Une de ces médailles, qui est du cabinet du duc de Dévonshire, représente d’un côté la tête d’Auguste renfermée dans une couronne de laurier, avec la légende Καισαρος Σεϐαστου Le revers représente deux foudres posés l’un sur l’autre : on lit dans le champ Αρχιερεως Αιαντος Τευϰρον τοπαρχου ϰεννα των ϰαι Λαλας. L’autre médaille d’un prince de même nom étoit conservée à Venise dans le cabinet de M. Belloto. On voit d’un côté la tête du prince, avec ces mots Αιαντος Τευϰρου ; de l’autre, la figure ou le symbole de la triquetre : on lit au-dessus Αρχιερε. τοπαρχου ϰεννα. Λαλαςς.

On connoît encore deux médailles d’un autre prince d’Olba, appellé Teucer. Sur l’une on voit la tête du jeune prince nue, & devant elle un caducée, pour légende Τευϰρου Αιαντος : au revers, le symbole comme ci-dessus, & l’inscription Αρχιερεω. Τοπαρχο. Κεννατ. Λαλας ΕΤ. Α.. Sur l’autre médaille, la tête & la légende sont les mêmes, mais sans caducée. On voit au revers un foudre, & l’inscrip-

tion Αρχιερεως Τοπαρχ. Κεννατων ϰ. Λαλαςς ΕΤ. Α..

M. Masson, dans son édition des œuvres du rhéteur Aristide, n’a décrit que la troisieme, la quatrieme & la cinquieme de ces médailles des princes d’Olba ; mais M. l’abbé Belley les a toutes décrites avec des observations très-curieuses, qu’il faut lire dans les Mém. de littérature, tom. XXI. in-4o. (D. J.)

Médailles, époques marquées sur les (Art numis.) Les époques marquées sur les médailles, sont les dates des années du regne des princes, ou de la durée des villes, soit depuis leur fondation, soit depuis quelques événemens, d’où elles ont commencé de compter leurs années. Ces époques donnent un grand mérite aux médailles, à cause qu’elles reglent sûrement la chronologie ; ce qui sert beaucoup à éclaircir les faits historiques. C’est avec leur secours que M. Vaillant a si bien débrouillé toute l’histoire des rois de Syrie, où les noms semblables des princes font une grande confusion ; & c’est par-là que le cardinal Noris, auparavant célebre antiquaire du grand-duc, a fait tant de découvertes utiles dans son livre de epochis Syro-Macedonum.

Il est vrai que sur ce point les Grecs ont été plus soigneux que les Romains, & les derniers siecles plus exacts que les premiers ; en effet, les médailles romaines ont rarement marqué d’autre époque, que celle du consulat de l’empereur, dont elles représentent la tête, & de la puissance de tribun : or ni l’une, ni l’autre n’est assurée, parce qu’elles ne suivent pas toujours l’année du regne de ce même prince, & que difficilement l’année de la puissance de tribun, répond à celle du consulat. La raison en est que la puissance de tribun se prenoit régulierement d’année en année ; au-lieu que l’empereur n’étant pas toujours consul, l’intervalle de l’un à l’autre consulat, qui souvent étoit de plusieurs années, gardoit toujours l’éloge du dernier ; par exemple, Adrien est dit durant plusieurs années Cos. III. de sorte qu’on ne sauroit par-là se faire aucun ordre assuré pour les différentes médailles qui ont été frappées depuis l’an de Rome 872, que ce prince entra dans son troisieme consulat, jusqu’à sa mort, qui n’arriva que vingt ans après. Cependant comme les puissances tribunitiennes se renouvelloient toutes les années au même jour où elles avoient commencé, on sait à quelles années de la puissance tribunitienne doivent répondre les consulats de chaque empereur. C’est du moins un calcul qui est aisé à faire pour peu que l’on ait les premiers élemens de la chronologie ; la fixation des dates des principaux faits historiques en dépend ; & c’est une des plus grandes utilités qu’on doive se proposer dans l’étude des médailles.

Les Grecs ont eu soin de marquer exactement les années du regne de chaque prince, & cela jusques dans le plus bas empire, où les revers ne sont presque chargés que de ces sortes d’époques, surtout après Justinien.

Je ne parle ici que des médailles impériales : car je sai qu’à l’exception de certaines villes, toutes les autres que Goltzius nous a données, n’ont point d’époques ; & que c’est ce qui embarrasse extrèmement la chronologie. Pour les rois, l’on y trouve plus souvent les époques de leur regne ; le P. Hardouin, dans son antirrhétique, a publié des médailles du roi Juba, dont l’une marque l’an 32, d’autres l’an 36, 40, 42 & 53.

Quelques colonies marquoient aussi leur époque, comme nous voyons dans les médailles de Viminacium, en Maesie, qui, sous Gordien qu’elle commença, marque an. j. ij. &c. sous Philippe, an. vij. &c. sous Décius, an. xj.

Or, le commencement de ces époques doit se pren-