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Palladius, médecin d’Alexandrie, où il fut élevé & où il naquit vraissemblablement. Il est de beaucoup postérieur à Galien & à Ætius. Il nous reste de lui. 1°. scholia in librum Hippocratis de fracturis, apud Wekel, 1595. in-fol. 2°. Breves interpretationes sexti libri de morbis popularibus Hippocratis. Basileae, 1581. in-4°. 3°. de febribus synopsis. Paris, 1646. in 4°. Les commentaires de ce médecin sur le livre des fractures d’Hippocrate sont peu de chose : il a mieux réussi dans ses interprétations sur les livres des épidémies. Son traité des fiévres est bon & court, mais tout ce qu’il en dit paroit être emprunté d’Ætius.

Paraclese, ou pour le nommer par tous les noms fastueux qu’il s’arrogea : Aureolus, Philippus Paracelsus, Theophrastus Bombast ab Hoppenheim, naquit en 1493 à Einsidlen, village situé à deux milles de Zurich. Il apprit sous Fugger Schwartz, les opérations spargiriques, & s’attacha à tous ceux qui avoient de la réputation dans l’art. Il ne s’en tint pas là ; il voyagea dans toutes les contrées de l’Europe, & commerça indistinctement avec les médecins, les barbiers, les gardes-malades, & les prétendus sorciers.

Après avoir visité les mines d’Allemagne à l’âge de vingt ans, il passa en Russie, & fut fait prisonnier par des Tartares qui le conduisirent au Cham. Il eut ensuite l’avantage d’accompagner le fils de ce prince à Constantinople, où il dit avoir appris, à l’âge de vingt-huit ans, le secret de la pierre philosophale, qu’il ne posséda jamais.

La réputation qu’il se fit par quantité de cures, engagerent les magistrats de Bâle à lui donner un honoraire considérable pour professer la Médecine dans leur ville. Il y fit des leçons en 1527, ordinairement en langue allemande, car il savoit fort mal le latin. Il eut un grand nombre de disciples ; & communiqua quelques-uns de ses secrets à deux ou trois d’entr’eux ; cependant il ne séjourna que deux ans à Bâle, & se mit à parcourir l’Alsace avec Oporinus, qui finalement mécontent de lui, le quitta. Paracelse continua d’errer de lieu dans un autre, dormant peu, ne changeant presque jamais de linge ni d’habit, & étant presque toujours ivre. Enfin en 1541 il tomba malade dans une auberge à Saltbourg, où il mourut dans la quarante-huitieme année de son âge. Voici son portrait en raccourci, tiré de la préf. du Dict. de Med. traduct. de M. Dideros.

« Paracelse est un des plus singuliers personnages que nous présente l’Histoire littéraire : visionnaire, superstitieux, crédule, crapuleux, entêté des chimeres de l’astrologie, de la cabale, de la magie, de toutes les sciences occultes ; mais hardi, présomptueux, enthousiaste, fanatique, extraordinaire en tout, ayant sû se donner éminemment le relief d’homme passionné pour l’étude de son art (il avoit voyagé à ce dessein, consultant les savans, les ignorans, les femmelettes, les barbiers, &c.), & s’arrogeant le singulier titre de prince de la Médecine, & de monarque des arcanes, &c. »

Sa vie, dont il faut se défier, a été donnée par Oporien. Ses ouvrages, qui sont pour la plupart supposés & de la main de ses disciples, ont été recueillis à Francfort sous le titre de Paracelsi operum medico-chimicorum, sive paradoxorum tomi duodecim. Francof. apud Palthaenios, 1603. 12 vol. in-4. Ils ont été ensuite reimprimés à Genève plus exactement & plus complétement en 1658, 3 vol. in-fol.

Paul Eginete, Paulus Ægineta, exerçoit la Médecine dans le vij. siecle. Le frontispice de la premiere edition de ses ouvrages porte en grec : « voilà les ouvrages de Paul né à Ægine, qui a parcouru la plus grande partie du monde », & cette inscrip-

tion contient la seule particularité de sa vie qui nous

soit connue. Quant à ses ouvrages, Paul Eginete est au sentiment du docteur Freind, un de ces écrivains infortunés à qui l’on n’a point rendu justice, & qu’on n’a point estimés ce qu’ils valoient ; cependant, quand on l’a lu attentivement, on s’apperçoit qu’il avoit mûrement discuté la pratique des anciens, & qu’il étoit fondé en raisons dans ce qu’il en a admis ou rejetté. Il fait mention dans ses opérations chirugicales, de quelques opérations qui paroissent avoir été ignorées de ses prédécesseurs, telle est celle de la bronchotomie. Il paroît encore avoir bien connu les maladies particulieres aux femmes, ce qui le fit surnommer Paul alkavabeli, c’est-à-dire l’accoucheur. Les Arabes le nomment Bulos Al agianithi. Herbelot dit qu’il vivoit sous l’empereur Héraclius, & du tems que régnoit Omar second calife des Musulmans, qui mourut l’an de l’hégire 23 ou l’an 645 de J. C.

Ses ouvrages qu’on a traduits anciennement en arabe, sont divisés en sept livres, & ils ont été plusieurs fois imprimés en grec. La premiere édition est celle d’Alde en 1528. La seconde parut à Bâle en 1558, chez André Cratander. On en a trois traductions latines, l’une d’Albanus Taurinus, l’autre d’Andernacus, & la troisieme de Cornarius, avec de bonnes remarques : la meilleure édition est Lugduni, 1589 in-8.

Philinus de Cos, disciple d’Hérophile contemporain de Sérapion d’Alexandrie, passe dans l’esprit de quelques-uns, pour être l’auteur de la secte empirique qui s’établit 287 ans avant J. C. Athenée nous apprend qu’il avoit fait des commentaires sur Hippocrate ; mais il ne dit point par quel secret il vint à-bout de fonder une secte.

Podalyre. Voyez ci-dessus Machaon.

Praxagore est le troisieme médecin qui se soit fait connoître avec distinction après Hippocrate & Dioclès. Il étoit de l’île de Cos, & de la famille des Asclépiades ; avec cette particularité, qu’il fut le dernier de cette race, qui se signala dans la Médecine.

Priscianus, (Theodorus) médecin méthodique, disciple de Vindicianus, vivoit sous les regnes de Gratien & de Valentinien II. vers l’an 370. Il écrivit en latin les quatre livres que nous avons de lui. Le premier est intitulé logicus, quoiqu’il ne contienne rien moins que des raisonnemens philosophiques ; au-contraire, l’auteur se déchaîne dans sa préface, contre les médecins qui raisonnent ; mais il faut aussi dire qu’on ignore d’où vient qu’on a substitué dans l’édition d’Italie ce titre de logicus à celui d’éuphoriston, ou des remedes faciles à trouver, qu’il porte dans l’édition de Bâle.

Priscianus dédie ce premier livre à son frere Timothée, ainsi que le second où il traite des maladies aiguës & des maladies chroniques. C’est ce second livre qui pourroit porter le titre de logicus, car il est plein de raisonnemens.

Le troisieme intitulé Gynoecia, ou des maladies des femmes, est dédié à une femme nommée Victoriæ dans l’édition d’Alde, & Salvina dans celle de Bâle.

Le quatrieme intitulé de physica scientia, est adressé à un fils de l’auteur, nommé Eusebe. Il ne s’agit point de physique dans cet ouvrage ; c’est une compilation de médicamens empiriques, dont quelques-uns sont fort superstitieux. La fin du livre traite de quelques’questions physiologiques, comme de la nature de la semence, des fonctions animales, &c. le tout d’une maniere barbare.

La premiere édition des œuvres de Priscien s’est faite à Strasbourg en 1532. On lui donne dans cette édition pleine de fautes (comme l’a remarqué Reinesius qui a expliqué plusieurs endroits de cet au-