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Clerc & Fourmont nous ont données de la fable des filles de Phorcus. (D. J.)

MEDWAY, (Géogr.) riviere d’Angleterre dans la province de Kent. Elle passe par Maidstone, Rochester, Chatham, & se jette dans la Tamise. Le chevalier Blackmore en fait une jolie peinture.

The fair Medwaga that with wanton pride
Forms silver mazes with her crooked tide,
Its nobler streams in wreathing volumes slows,
Still forming ready Islands, as it gows.

Comme la Medway est fort profonde, on s’en sert pour mettre en sûreté les gros vaisseaux de guerre en hiver, l’entrée de cette riviere étant défendue par le fort Sheerness. (D. J.)

MÉFAIRE, (Droit cout. de France.) M. le Fevre Chantereau explique ainsi ce vieux terme. « Si le seigneur vexoit intolérablement son vassal, & manquoit à la protection qu’il lui devoit, il méfaisoit, c’est-à dire, qu’il perdoit la seigneurie qu’il avoit sur son vassal & sur son fief ; qu’il relevoit à l’avenir non du seigneur dominant, mais du seigneur souverain, qui est celui de qui releve le seigneur dominant ; donc, ajoute notre jurisconsulte, les mots de commise de fief & de méfaire, sont relatifs ; & toutes les fois qu’ils sont employés dans les actes, ils concluent autant l’un que l’autre la feudalité &c. » (D. J.)

MEFFAIT, s. m. (Jurisp.) action contraire au bon ordre & aux loix. Ainsi meffaire, c’est faire une action de cette nature.

Ce terme n’est plus en usage que dans le style de pratique.

MÉFIANCE, s. f. (Gramm. & Moral.) c’est une crainte habituelle d’être trompé. La défiance est un doute que les qualités qui nous seroient utiles ou agréables soient dans les hommes ou dans les choses, ou en nous-mêmes. La méfiance est l’instinct du caractere timide & pervers. La défiance est l’effet de l’expérience & de la réflexion. Le méfiant juge des hommes par lui-même, & les craint ; le défiant en pense mal, & en attend peu. On naît méfiant, & pour être défiant, il suffit de penser, d’observer, & d’avoir vécu. On se méfie du caractere & des intentions d’un homme ; on se défie de son esprit & de ses talens.

MEGABYSE, (Mythol.) nom des prêtres de Diane d’Ephese ; les Mégabyses, ou Mégalobyses, étoient eunuques ; une déesse vierge ne vouloit pas d’autres prêtres, dit Strabon. On leur portoit une grande considération, & des filles vierges partageoient avec eux l’honneur du sacerdoce ; mais cet usage changea suivant le tems & les lieux. (D. J.)

MÉGAHÉTÉRIARQUE, s. m. (Hist. du bas empire.) nom d’une dignité à la cour des empereurs de Constantinople. C’étoit l’officier qui commandoit en chef les troupes étrangeres de la garde de l’empereur ; & son vrai nom, dit M. Fleury, étoit mégahétairiaque. (D. J.)

MÉGALASCLÉPIADES, (Mythol.) c’est-à-dire, les grandes asclépiades, ou asclépies ; fêtes qu’on célébroit à Epidaure en l’honneur d’Esculape. Ἀσκλήπιος, est le nom grec du dieu de la Médecine, à qui tout le monde rendoit hommage. (D. J.)

MÉGALARTIES, s. m. pl. (Hist. anc. & Myth.) fêtes que l’on célébroit à l’honneur de Cerès dans l’île de Délos. Elles étoient ainsi nommées d’un grand pain qu’on portoit en procession. Mégas signifie en grec grand, & artos, pain, dont on fit mégalarties.

MÉGALÉSIE, (Antiq. rom.) mégalésie ; fêtes instituées à Rome l’an 550 de sa fondation, en l’honneur de Cybele, ou de la grande-mere des dieux. Les oracles sibyllins marquoient, au jugement des

décemvirs, qu’on vaincroit l’ennemi, & qu’on le chasseroit d’Italie, si la mere Idéenne étoit apportée de Pessinunte à Rome. Le sénat envoya des embassadeurs au roi Attalus, qui les reçut humainement, & leur fit présent de la statue de la déesse, qu’ils desiroient d’avoir. Cette statue apportée à Rome, fut reçue par Scipion Nasica, estimé le plus homme de bien de la République. Il la mit, le 12 Avril, dans le temple de la Victoire, sur le mont Palatin. Ce même jour, on institua la mégalésie, avec des jeux qu’on appella mégalésiens. Voyez Mégalésiens jeux. (D. J.)

MÉGALÉSIENS, jeux (Ant. rom.) ludi megalenses. On les nommoit aussi les grands jeux, non seulement parce qu’ils étoient magnifiques, mais encore parce qu’ils étoient dédiés aux grands dieux, c’est à-dire, à ceux du premier ordre, & particulierement à Cybele, appellée par excellence la grande déesse, μεγαλη. Les dames romaines dansoient à ces jeux devant l’autel de Cybele. Les magistrats y assistoient revêtus d’une robe de pourpre ; la loi défendoit aux esclaves de paroître à ces augustes cérémonies ; & pendant qu’on les célébroit, plusieurs prêtres phrygiens portoient en triomphe, dans toutes les rues de Rome, l’image de la déesse.

On représentoit aussi sur le théatre pendant ces solemnités, des comédies choisies. Toutes celles de Terence furent jouées aux jeux mégalésiens, excepté les Adelphes, qui le furent aux jeux funebres de Paul Emile, & le Phormion, qui le fut aux jeux romains. Les Ediles donnoient d’ordinaire ce divertissement au peuple pendant six jours, & ils y joignoient des festins où regnoit la magnificence & la somptuosité, sur la fin de la république. (D. J.)

MÉGALOGRAPHIE, s. f. (Peinture.) terme qui se dit des peintures dont le sujet est grand, telles que sont les batailles, ainsi que lyparographie se dit des peintures viles & des sujets bas, tels que des animaux, des fruits, &c.

MÉGALOPOLIS, (Géog. anc.) Ptolomée, Pausanias, & Etienne le Géographe, écrivent Mégalepolis. Polybe écrit indifféreiment Mégale-polis, & Mégalepolis. Strabon écrit seulement Mégalopolis en un seul mot. Ses habitans sont appellés par Tite-Live Mégalopolites, & Mégalopolitani.

Mégalopolis étoit une ville de Péloponnese dans l’Arcadie, qui se forma sous les auspices d’Epaminondas, de diverses petites villes rassemblées en une seule, après la bataille de Leuctres, afin d’être plus en état de résister aux Lacédémoniens. On nomme aujourd’hui cette ville Leontari, selon Sophian & de Witt. M. Fourmont prétend, que ce n’est point Léontari qui tient la place de Mégalopolis, mais un méchant village d’environ 150 maisons, la plûpart habitées par des mordates.

Quoi qu’il en soit, Mégalapolis a été la patrie de deux grands personnages, qui méritent de nous arrêter quelques momens ; je veux parler de Philopæmen, & de Polybe son tendre éleve.

Philopæmen se montra l’un des plus habiles & des premiers capitaines de l’antiquité. Il résuscita la puissance de la Grece, à mesure qu’elle vit croître sa réputation. Les Achéens l’élurent huit fois pour leur général & ne cessoient de l’admirer. Il eut une belle preuve de la haute considération qu’on lui portoit, lorsqu’il vint un jour par hazard à l’assemblée des jeux neméens, au moment que Pylade chantoit ces deux vers de Thimothée,

C’est lui qui couronne nos têtes
Des fleurons de la liberté.

Tous les Grecs en se levant jetterent les yeux sur Philopæmen, avec des acclamations, des battemens des mains, des cris de joie, qui marquoient assez leurs espérances de parvenir sous ses ordres, à leur