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MEDOBREGA, (Géog. anc.) & Mundobriga dans l’itinéraire d’Antonin ; ancienne ville d’Espagne dans la Lusitanie, près du mont Herminius, qui s’appelle aujourd’hui monte Arminno : la même ville prit ensuite le nom de la montagne, & s’appella Aramenha. Elle est ruinée ; mais Resende, dans ses antiquités, dit qu’on en voyoit encore de son tems les ruines près de Marvaon dans l’Alentéjo, à peu de distance de Portalegre.

MÉDOC, (Géogr.) par les anciens Medulicus pagus ; nos ancêtres ont écrit Médouc : contrée de France en forme de presqu’île, entre l’Océan & la Garonne, en Guienne dans le Bourdelois. Ausone appelle la côte de Médoc littus Medulorum. Ses huîtres avoient alors une grande réputation.

Ostrea Baïanis certantia quæ Medulorum,
Dulcibus in stagnis, reflui maris ætus opimat.

Les Romains les nommoient ostrea Burdigalensia, parce qu’ils les tiroient de Bourdeaux : on les servoit à la table des empereurs. Sidonius Apollinaris les nomme medulica supellex ; & les gens de bonne-chere qui en faisoient leurs délices, medulicæ supellectilis epulones.

Le bourg de l’Esparre est le principal lieu du pays de Médoc ; mais c’est au village de Soulac qu’on prend à-présent les huîtres de Médoc. Voyez, sur ce pays, Duchesne dans son chapitre du duché de Guienne. (D. J.)

Médoc, cailloux de, (Hist. nat.) On donne ce nom à des fragmens de crystal de roche qui se trouvent sous la forme de cailloux roulés & d’une figure ovale, dans un canton de la Gascogne que l’on appelle pays de Médoc. Quelques personnes ont cru que ces pierres approchoient du diamant, mais elles ne different aucunement du vrai crystal de roche, & se taillent avec la même facilité. On en fait des boutons & d’autres petits ornemens. (—)

MÉDRASCHIM, s. m. (Théol. rabbin.) c’est, dit M. Simon, le nom que les Juifs donnent aux commentaires allégoriques sur l’Ecriture-sainte, & principalement sur le Pentateuque : ils le donnent même généralement à tous les commentaires allégoriques, car médraschim signifie allégorie. (D. J.)

MÉDRESE, s. m. (Hist. mod.) nom que les Turcs donnent à des académies ou grandes écoles que les sultans font bâtir à côté de leurs jamis ou grandes mosquées. Ceux qui sont préposés à ces écoles se nomment muderis : on leur assigne des pensions annuelles proportionnées aux revenus de la mosquée. C’est de ces écoles que l’on tire les juges des villes, que l’on nomme mollas ou molahs.

MÉDUA, (Géogr.) ville d’Afrique au royaume d’Alger, dans une contrée abondante en blé & en troupeaux, à 50 lieues S. O. d’Alger. La milice de cette ville y tient garnison. Long. 21. 12. lat. 33. 25. (D. J.)

MEDULLA SAXORUM,, (Hist. natur.) nom donné par quelques auteurs à une substance calcaire ou à une espece de craie fluide qui suinte quelquefois au-travers des fentes de la terre, & qui se durcit ensuite : c’est la même chose que le lac lunæ ou lait de lune, ou que le guhr blanc. (—)

MÉDULLAIRE, adj. huile médullaire, est la partie la plus fine & la plus subtile de la moelle des os. Voyez Moelle & Huile.

Cette huile, selon la remarque du docteur Harvers, ne passe pas dans les os par des conduits, mais par de petites vésicules accumulées en lobules distincts, & revétues des différentes membranes qui envelopent la moëlle. Toutes ces vésicules sont formées de la tunique extérieure des arteres, & l’huile médullaire passe de l’une à l’autre jusqu’à ce qu’elle parvienne à la superficie de l’os. Mais la

partie de cette huile, qui va aux articulations s’y rend par des conduits qui traversent l’os, & qui sont faits exprès pour cela.

L’usage de l’huile médullaire est, ou commun à tous les os, dont il conserve la température, & qu’il empêche d’être trop cassans ; ou particulier aux articulations, auxquelles il est d’un grand secours. 1°. Pour lubrifier les extrémités des os, & rendre leur mouvement plus libre & plus aisé. 2°. Pour empêcher les extrémités des os de s’échauffer par le mouvement. 3°. Pour empêcher les articulations de s’user par le frottement des os les uns contre les autres. 4°. Pour lubrifier les ligamens des articulations, & les empêcher de devenir secs & roides, & entretenir la flexibilité des cartilages.

La substance médullaire du cerveau paroît composée de fibres creuses, dont l’origine est dans les extrémités des artérioles, & la fin dans les nerfs ; elle a un peu plus de consistance que la substance corticale. Voyez Corticale & Cerveau.

MÉDULLE, mont, le (Géog. anc.) en latin Medullius mons ; montagne d’Espagne dans la Cantabrie, au-dessus du Minho : Garibay croit que le nom moderne est Manduria ; mais voici un fait d’histoire bien étrange. Quand le mont Médulle, dit Florus, l. IV. ch. xij. fut assiégé par les Romains, & que les Barbares virent qu’il ne leur étoit pas possible de résister long-tems, ils se firent tous mourir à l’envi les uns des autres dans un repas, par le fer, ou par le poison qu’on tire des ifs : & c’est ainsi qu’ils se déroberent à une soumission, qu’ils regardoient comme une captivité. (D. J.)

MEDULLI, (Géog. anc.) ancien peuple d’Italie dans les Alpes ; leur pays est présentement une partie de la Savoie, & s’appelle la Maurienne. (D. J.)

MÉDULLIA, (Géog. anc.) ville d’Italie dans le Latium. Tite-Live, Denis d’Halycarnasse & Pline en parlent ; mais elle ne subsistoit plus du tems de ce dernier écrivain. (D. J.)

MÉDUS, (Géog. anc.) le fleuve Médus, ou le fleuve des Medes, Medum flumen, comme dit Horace ; ode ix. l. II. est vraissemblablement l’Euphrate. Il séparoit les deux empires des Parthes & des Romains. Il y avoit aussi le fleuve Medus en Perse, qui venoit de la Médie, & tomboit dans l’Araxe. In Araxem à Parætacis labentem Medus influit à Medià decurrens, dit Strabon, l. XV. p. 729. L’Araxe dans lequel ce fleuve se décharge, est celui qui tombe dans le sein Persique. (D. J.)

MÉDUSE, s. f. (Mythol.) une des trois Gorgones, & celle-là même sur laquelle l’histoire a inventé le plus de fictions qui se contredisent. Mais pour ne rien répéter à ce sujet, nous renvoyons le lecteur à l’article Gorgones.

Nous ajouterons seulement que la Sculpture, la Peinture, & la Gravure ont pris les mêmes libertés que les poëtes dans la représentation de Méduse, dans la plûpart des anciens monumens ; cette Gorgone lance des regards effroyables au milieu de la terreur & de la crainte ; il en est d’autres où elle n’a point ce visage affreux & terrible. Il se trouve même des Méduses très-gracieuses, gravées sur l’égide de Minerve, ou séparément. On connoît une Méduse antique assise sur un rocher, accablée de douleur, de voir que non-seulement ses beaux cheveux se changent en serpens ; mais que ces serpens rampent sur elle de tous côtés, & lui entortillent les bras, les jambes, & le corps. Elle appuie tristement sa tête sur la main gauche ; la noblesse de son attitude, la beauté & la douceur de son visage fait qu’on ne peut la regarder sans s’intéresser à son malheur. On oublie en ce moment la peinture qu’en fait Hésiode, & les explications que MM. le