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Ses fleurs naissent aux sommités de la tige disposées en épis, d’un noir rougeâtre, attachées à de petits pédicules rouges, couverts d’un fin coton, portant sous la fleur une feuille de la grandeur de l’ongle, quelquefois purpurine, quelquefois d’un purpurin verdâtre.

Ces fleurs sont irrégulieres, à quatre pétales, disposées en main ouverte, ou en cône, soutenues par un calice découpé jusqu’à la base en cinq parties inégales, & contenant au fond un suc mielleux rouge-noir, doux, vineux, & sort agréable.

Quand la fleur est passée, le pistil devient un fruit vésiculaire, gros comme celui du nigella, membraneux, relevé de quatre coins, & divisé en quatre loges, qui renferment des semences rondelettes, noirâtres, luisantes comme celles de la pivoine.

La racine de cette plante est vivace, grosse, branchue, ligneuse, rampante profondément en terre, & s’étendant beaucoup.

La melianthe est originaire d’Afrique : M. Herman professeur en Botanique à Leyde, l’a fait connoître en Europe, & lui a donné son nom, qui signifie fleur miellée, parce que sa fleur est pleine d’un suc miellé qu’elle distille.

On cultive cette plante en Europe dans les jardins des Botanistes curieux, sur-tout en Angleterre ; elle y fleurit, & y perfectionne ses graines. Miller vous apprendra sa culture, qui n’est même pas difficile. (D. J.)

MELIAPOUR, ou MELIAPOR, (Géog.) ville célebre de l’Inde, en-deçà du Gange, sur la côte de Coromandel, au royaume de Carnate. On l’appelle aussi S. Thomé ; quoiqu’à proprement parler, Meliapour & S. Thomé, soient plutôt deux villes contiguës qu’une seule : Meliapour n’est habitée que par des Indiens & des Mahométans, au lieu qu’il y a beaucoup d’arméniens & quelques portugais à S. Thomé. Meliapour est nommée par les Indiens Mailabourain, c’est-à-dire ville des paons, parce que les princes qui y regnoient portoient un paon pour armes. Aurengzeb ayant conquis le royaume de Golconde, est aujourd’hui maître de Meliapour & de Saint-Thomé, où les Portugais ont eu long-tems un quartier considérable. Long. 98. 30. lat. 13. 10.

MELIBÆÉ, (Géog. anc.) en latin Meliboa, ancienne ville de Thrace, dans la Thessalie, au pié du mont Ossa, & au-dessus de Démetriade, comme le prouve un passage de Tite-Live, liv. XLIV.chap. xiij.

MELIBŒUS mons, le, (Géog. anc.) ancien nom d’une montagne de la Germanie, dont César parle, de bello gallico, lib. VI. cap. x. Il est assez vraissemblable que Blocberg est le nom moderne du Melibœus des anciens. Il est dans le Hartz, nom qui conserve encore quelque chose de celui d’Hercynie. Les Cattes voisins du Melibœus, Catti Melibœi, étoient les Cattes limitrophes des Chérusques. (D. J.)

MELICA, s. f. (Gram. Hist. nat. Bot.) blé battu ; c’est une espece de millet qui pousse plusieurs tiges à la hauteur de huit ou dix piés, & quelquefois de treize, semblables à celles des roseaux, grosses comme le doigt, noueuses, remplies d’une moëlle blanche. De chaque nœud il sort des feuilles longues de plus d’une coudée, longues de trois ou quatre doigts, semblables aussi à celles des roseaux ; ses fleurs sont petites, de couleur jaune, oblongues, pendantes ; elles naissent par bottes ou bouquets, longs presque d’un pié, larges de quatre à cinq pouces. Lorsqu’elles sont passées, il leur succede des semences presque rondes, plus grosses du double que celle du millet ordinaire, de couleur tantôt jaune ou roussâtre, tantôt noire. Ses racines sont fortes & fibreuses ; le melica aime les terres grasses & humides ; on la cultive en Espagne, en Italie, &

en d’autres pays chauds. Les paysans nettoyent le grain, & l’ayant fait moudre, ils en pétrissent du pain friable, lourd, & peu nourrissant ; on en engraisse la volaille & les pigeons en Toscane ; on fait de la moëlle des tuyaux un remede pour les écrouelles. Gaspard Bauhin désigne cette plante par cette phrase, nullium arundinaceum, subrotondo semine, torgo nominatum.

MELICERIS, s. m. (Chirurgie.) est une tumeur enfermée dans un kiste, & contenant une matiere qui ressemble à du miel, d’où lui vient son nom. Elle est sans douleur, & ressemble beaucoup à l’athérome & au stéatome. Voyez Athérome & Stéatome.

Le meliceris est une espece de loupe. Voyez Loupe. (Y)

MELICRATE, (Chimie, Diete, Mat. med.) est la même chose qu’hydromel. Voyez Hydromel, & Miel.

MELIO, ou MELIS, (Marine.) Voyez Toile.

MELIKTU-ZIZIAR, ou PRINCE DES MARCHANDS, s. m. (Hist. mod. & Comm.) On nomme ainsi en Perse celui qui a l’inspection générale sur le commerce de tout le royaume, & particulierement sur celui d’lspaham. C’est une espece de prevôt des marchands, mais dont la jurisdiction est beaucoup plus étendue que parmi nous.

C’est cet officier qui décide & qui juge de tous les différends qui arrivent entre marchands ; il a aussi inspection sur les tisserands & les tailleurs de la cour sous le nazir, aussi-bien que le soin de fournir toutes les choses dont on a besoin au serrail : enfin il a la direction de tous les courtiers & commissionnaires qui sont chargés des marchandises du roi, & qui en font négoce dans les pays étrangers. Voyez Nazir & Serrail. Dictionn. de Comm. (G)

MELILLE, Melilla, (Géogr.) ancienne ville d’Afrique au royaume de Fez, dans la province de Gatet. Elle tire son nom de la quantité de miel qu’on trouve dans son terroir. Les Espagnols la prirent en 1496, & y bâtirent une citadelle ; mais cette ville est retournée aux Maures. Elle est près de la mer, à 30 lieues de Trémécen. Long. 15. 35. lat. 34. 58. (D. J.)

MELILOT, s. m. melilotus, (Bot.) genre de plante à fleur papilionacée : le pistil sort du calice & devient, quand sa fleur est passée, une capsule découverte, c’est-à-dire qu’elle n’est pas enveloppée du calice de la fleur comme dans le trefle. Cette capsule contient une ou deux semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre que chaque pédicule porte trois feuilles. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort compte 15 especes de mélilot, auxquelles on peut joindre celle qui est représentée dans les mémoires de l’académie de Pétersbourg, tome VIII. page 279. Elle y est nommée melilotus, siliquâ membranaceâ, compressâ ; & elle est venue de graines cueillies en Sibérie. Mais c’est assez de décrire ici le mélilot commun à fleurs jaunes, qu’on appelle vulgairement mirlirot : c’est le melilotus Germanicus de C. B.P. & des I. R.H. 407, en anglois the common ou german mélitot.

Sa racine est blanche, pliante, garnie de fibres capillaires fort courtes, plongées profondément dans la terre ; ses tiges sont ordinairement nombreuses, quelquefois elle n’en a qu’une ; elles sont hautes d’une coudée ou d’une à deux coudées, lisses, cylindriques, cannelées, foibles, cependant creuses, branchues, revêtues de feuilles qui viennent par intervalles au nombre de trois sur une même queue, grêles & longues d’un pouce & demi ; ces feuilles sont oblongues, légerement dentelées, & comme rangées à leur bord, lisses, d’un verd foncé.