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Ses fleurs naissent sur de longs épis qui sortent des aisselles des feuilles : elles sont clair-semées, légumineuses, petites, jannes, à quatre pétales, portées sur des pédicules courts très-menus ; il leur succede des capsules ou gousses fort courtes, simples, pendantes, ridées, nues, c’est-à-dire qui ne sont pas cachées dans le calice, comme dans le trefle, noires quand elles sont mûres ; elles renferment chacune une ou deux graines arrondies, jaunâtres, d’une saveur légumineuse.

Cette plante verte n’a presque point d’odeur ; mais quand elle est seche, elle en a une très-pénétrante : elle croît en abondance dans les haies, les buissons & parmi les blés ; elle est d’usage étant fleurie. On s’en sert extérieurement pour amollir, résoudre, digérer. On tire de ses fleurs une eau distillée qui s’emploie dans les parfums. (D. J.)

Mélilot, ou Mirlirot, (Pharm. & Mat. méd.) Les sommités fleuries de mélilot sont employées très-fréquemment dans les décoctions pour les lavemens carminatifs & adoucissans, & pour les fomentations résolutives & discussives : on les applique en cataplasmes, étant cuites dans de l’eau avec les plantes & les semences émollientes, sur les tumeurs inflammatoires, dont on prétend qu’elles arrêtent les progrès ou qu’elles procurent la maturation. Quelques auteurs ont recommandé l’application extérieure de ces fomentations ou de ces cataplasmes, comme étant très-utile contre les affections inflammatoires des visceres, & particulierement contre la pleurésie. Voyez aux articles Inflammation, Pleurésie & Topique, quels fonds on peut faire sur les secours de ce genre.

Le suc ou l’infusion des fleurs de mélilot ont été recommandés dans les ophthalmies douloureuses.

On emploie rarement le mélilot à l’intérieur ; quelques auteurs ont recommandé cependant l’infusion & la décoction de ses fleurs contre les inflammations du bas-ventre, les douleurs néphrétiques & les fleurs blanches.

On garde dans quelques boutiques une eau distillée & chargée d’un petit parfum leger qui ne peut lui communiquer que très-peu de vertu médicinale.

Le mélilot a donné son nom à son emplâtre dont l’usage est assez fréquent, & dont voici la composition.

Emplâtre de mélilot de la pharmacopée de Paris. Prenez des sommités de mélilot fleuries & fraîches, trois livres ; hachez-les & jettez-les dans quatre livres de suif de bœuf fondu ; cuisez jusqu’à la consommation presqu’entiere de l’humidité ; exprimez le suif fortement, & mêlez-y de résine blanche six livres, de cire jaune trois livres, & votre emplâtre est fait. (b)

MELINDE, Melindum, (Géogr.) royaume d’Afrique sur la côte orientale de l’Ethiopie, au Zanguebar. Les Portugais y ont un fort, à cause qu’ils font le commerce de cette côte, le long de laquelle il y a des îles considérables. Tout le pays est arrosé de plusieurs rivieres. (D. J.)

MÉLINE, s. f. (Hist. anc. des fossiles.) melinum, n. Cels. Vitr.

Vitruve dit que la méline étoit un métal ; il parle comme les anciens, qui appelloient indifféremment métal tout ce qui se tiroit de la terre ; car la méline étoit une vraie terre alumineuse, & de couleur jaune, selon Dioscoride. Pline lui donne une couleur blanche, & Servius une couleur fauve : mais les modernes s’en tiennent au sentiment de Dioscoride ; & ce que les Peintres appellent ocre de rut, approche fort de la description que cet auteur fait de la terre méline. Galien nomme sous ce titre divers emplâtres qui devoient apparemment ce nom à leur couleur jaune. (D. J.)

MÉLINET-CERINTHE, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur monopétale, campaniforme, tubulée & profondement découpée. Cette fleur est fermée dans quelques especes, & ouverte dans d’autres. Le pistil fort du calice, qui est tétragone ; il tient à la partie postérieure de la fleur comme un clou, & il devient dans la suite un fruit composé de deux coques, qui se divisent en deux loges dans lesquelles on trouve une semence pour l’ordinaire oblongue. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

MELINUM, (Hist. nat. Peinture.) Les anciens donnoient ce nom à une terre très-blanche dont les Peintres se servoient dans leurs ouvrages pour peindre en blanc. On nous dit que cette terre étoit légere, douce au toucher, friable entre les doigts, & qu’elle coloroit : jettée dans l’eau, elle faisoit un petit bruit ou une espece de sifflement ; elle s’attachoit à la langue, & fondoit comme du beurre dans la bouche. C’est de cette terre que l’on se servoit anciennement pour le blanc dans la Peinture ; depuis on lui a substitué le blanc de céruse, qui a l’inconvénient de jaunir. M. Hill prétend que le melinum ou la terre dont on vient de parler, est exempte de ce défaut, & demeure toujours blanche, ce qui mérite d’être examiné.

Le nom de cette terre annonce qu’on la trouvoit dans l’ile de Melos ou Milo ; mais d’après la description qu’on en donne, il paroit que nous n’avons pas besoin de l’aller chercher si loin, puisque nous avons des terres blanches qui ont tous les caracteres qui viennent d’être rapportés ; il s’agit seulement de savoir si elles prendroient corps avec l’huile, qualité nécessaire pour servir dans la Peinture. (—)

MÉLIORATION, s. f. (Gramm. & Jurisprud.) en terme de palais signifie toute impense que l’on a faite pour rendre un héritage meilleur, comme d’avoir réparé les bâtimens, d’y avoir ajouté quelque nouvelle construction ; d’avoir fumé, marné, ou amandé autrement les terres ; d’avoir fait des plants d’arbres fruitiers ou de bois. Voyez Fruits, Impenses, Restitution. (A)

MELISSE, Melissa, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur monopétale labiée : la levre supérieure est relevée, arrondie, & divisée en deux parties, & l’inférieure en trois. Le pistil sort du calice, & il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur ; ce pistil est accompagné de quatre embryons, qui deviennent autant de semences arrondies & renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent dans les aisselles des feuilles, & qu’elles ne sont pas entierement verticillées. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort compte six especes de ce genre de plante, dont les deux principales sont la mélisse des jardins & la mélisse de bois.

La mélisse des jardins ou la mélisse cultivée, melissa hortensis des Botanistes, en anglois the common garden baum, pousse ses tiges à la hauteur de deux piés, quarrées, presque lisses, rameuses, dures, roides, fragiles ; ses feuilles sont oblongues, d’un verd brun, assez semblables à celles du calament ou du baume des jardins, luisantes, hérissées d’un petit poil follet, dentelées sur les bords, d’une odeur de citron fort agréable, & d’un goût un peu âcre.

Des aisselles des feuilles sortent des fleurs verticillées qui ne forment point d’anneaux entiers autour de la tige, mais sont placées ordinairement au nombre de six, trois d’un côté & trois de l’autre ; elles sont en gueule, petites, blanches, ou d’un rouge-pâle : chacune d’elles est un tuyau découpé par le haut en deux levres, soutenu par un long calice velu, tubuleux, divisé en deux parties.

Quand la fleur est passée, il lui succede quatre