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preté ; qu’il ait soin de bien arrondir les moulures circulaires, de bien dresser celles qui sont plates, & de rendre leurs arrêtes bien vives.

Tous ces différens profils se réduisent à trois principaux : la premiere, que l’on appelle quadre ravallé ; la seconde, quadre élégi, & la troisieme, quadre embreuvé : on leur donne encore les noms de bouemens simples & doubles ; on les appelle bouement simple, lorsqu’elles ne sont composées que d’une grosse moulure, soit doussine, bec-de-corbin, ou autres ; & boue ment double, lorsque cette même moulure est doublée ; bouement à baguette, lorsqu’elle est accompagnée d’une baguette à boudin, à doussine, à talon, lorsqu’elle est accompagnée d’un boudin, d’une doussine ou d’un talon.

Il faut remarquer que ces quadres doivent être tous pris dans l’épaisseur des bâtis, & jamais plaqués ; ce qui les rend alors beaucoup plus solides.

La premiere se distingue lorsque la moulure a été prise dans l’épaisseur du bois, & qu’elle ne les desafleure point telles que celles marquées AE & C, fig. 26. La seconde, lorsque n’entamant point l’épaisseur du bois, elle semble être apposée dessus telles que celles marquées A, fig. 27. & 28. & la troisieme, lorsqu’elle se trouve prise moitié dehors, & moitié dans l’épaisseur du bois, comme les chambranles A, fig. 22. 23. 24. 25. & presque toutes les autres moulures de cette même planche.

Les figures 22. 23. 24. & 25. sont autant de profils de portes à placards simples ou doubles, dont nous verrons dans la suite l’explication ; A en est le chambranle, tel qu’on le peut voir en petit, fig. 30. dans la partie du lambris marquée I ; B est le bâtis de la porte faisant battement marqué en K, fig. 30. C est le quadre de la porte marqué aussi en L, fig. 30. D est le panneau de la porte marqué en A & en B, fig. 30. & E est un bâti dormant[1] du lambris placé dans l’embrasement de la porte

Les figures 26. 27. 28. 29. sont différens profils de quadres pour des panneaux de lambris.

Des portes. Les portes de Menuiserie sont, comme on le sait, faites pour fermer les communications des lieux dans d’autres, tant pour leur sûreté, que pour empêcher l’air extérieur d’y entrer ; mais leur usage étant assez connu, il suffit d’en distinguer les especes ; les unes placées dans l’intérieur des bâtimens, servent à communiquer de pieces en pieces dans un appartement ; les autres placées dans les dehors, servent à communiquer de l’extérieur à l’intérieur des maisons, des avant-cours aux principales, de celles-ci aux basses-cours, & autres, &c. Les premieres sont appellées à parement simple, & à parement double : l’une, lorsqu’elles ne font parement que d’un côté, c’est-à-dire lorsqu’elles ne sont ornées de quadres & de panneaux que d’un côté ; l’autre lorsqu’elles font parement des deux côtés, c’est-à-dire lorsqu’elles sont ornées de quadres & de panneaux des deux côtés ; elles se divisent en deux especes, l’une marquée A, fig. 30. que l’on nomme porte à placard simple, porte ordinairement de largeur depuis deux piés jusqu’à trois piés & demi, sur six à huit piés de hauteur, & n’a qu’un seul vantail[2] composé de deux panneaux B, environné chacun d’un quadre L, embreuvé ou élégi, pris dans l’épaisseur d’un bâti K, qui regne autour desdits panneaux. M est une traverse allant d’un bâtis à l’autre, faite pour interrompre la trop grande hauteur d’un panneau, qui dans une porte qui va &

vient journellement, ne pourroit pas se soutenir ; la seconde marquée B, même figure, que l’on appelle à placard double, differe de cette derniere, en ce qu’elle a deux vanteaux ; les grands appartemens exigeant des portes d’une proportion relative à leur grandeur, on est obligé par conséquent d’en faire de très-larges & très-hautes, dont la largeur est communément depuis quatre jusqu’à six piés, & la hauteur depuis sept jusqu’à dix piés ; & pour éviter l’embarras que ces grandes portes causeroient dans les appartemens, on les fait en deux morceaux, c’est-à-dire à deux vanteaux, dont l’un sert pour entrer & sortir ordinairement, & les deux ensemble en cas de cérémonie. Ces vanteaux sont ornés de quadres & de panneaux en proportion avec leur hauteur, & quelquefois aussi de sculpture comme le reste du lambris. La troisieme espece de porte, même figure, se nomme coupée dans le lambris, & sert à dégager des salles de compagnie, chambres à coucher, &c. dans des garde-robes, toilettes, arriere-cabinets, & autres pieces de commodité voisines de ces grandes pieces. Ces especes de portes ne sont autre chose qu’une portion du lambris coupée en N & en O. Dans l’endroit où arrive la porte, il faut observer pour cacher les joints N de la porte, de les faire rencontrer autant qu’il est possible, dans les assemblages des quadres avec leurs bâtis, comme on le voit du côté O de la même porte. Cette portion de lambris coupée a besoin pour se soutenir d’être plaquée & attachée avec de grandes vis sur une autre porte de Menuiserie P, même figure, suffisamment forte ; & de cette maniere les joints étant bien faits, on ne s’apperçoit pas qu’il y ait de porte dans cette partie de lambris.

Cette figure est accompagnée de son plan au-dessous d’elle, & sert à indiquer les vuides des portes & le plein des murs sur lequel est adossé le lambris.

La seconde espece de porte sont les portes cocheres de plusieurs especes, de basses-cours, charretieres, bâtardes, bourgeoises, d’écurie battantes à un & à deux vanteaux, de cuisine, d’office, de cave, &c.

Toutes ces sortes de portes se font de deux especes, les unes que l’on nomme d’assemblage lorsqu’elles sont distribuées de quadres & de panneaux, comme les figures 31. 32. 33. 34. 35. & autres, & sans assemblage, lorsqu’il n’y a ni quadres ni panneaux, comme celles des figures 36. 44. 45. &c.

Les portes cocheres se varient à l’infini, selon le goût & l’endroit où elles doivent être placées ; elles ont ordinairement depuis sept piés & demi jusqu’à neuf piés & demi, & quelquefois dix piés de largeur, sur douze à vingt piés de hauteur. Il y en a de circulaires ou en plein ceintre, fig. 31. & 32. de quarrées, fig. 33. de bombées, fig. 34. & de surbaissées en forme d’anse de panier, fig. 35. De ce nombre, les unes, fig. 31. 34. & 35. s’ouvrent depuis le haut jusques en-bas ; les autres, fig. 32. & 33. ne s’ouvrent que jusqu’au-dessous du linteau A, & la partie supérieure reste dormante ; ce n’est pas que les unes & les autres ne puissent s’ouvrir indifféremment depuis le haut jusqu’en-bas, ou seulement jusqu’au-dessous du linteau ; mais cette derniere maniere sert à procurer le moyen de placer dans la partie dormante la croisée d’un entre-sol, comme dans la fig. 32. alors on est obligé de placer le linteau A, qui tient lieu d’imposte[3], beaucoup plus bas que le centre de la partie circulaire, lieu où l’on a coutume de le placer. De ces cinq especes de portes cocheres, les trois premieres se placent souvent aux entrées principales des palais, hôtels, & grandes maisons ; les deux dernieres sont le plus souvent

    lure, mais la pousser ; & cela, parce qu’elle se fait en poussant les rabots ou bouvets.

  1. On appelle dormant, tout ce qui ne bouge point de sa place, & qui en quelque façon dort.
  2. Un vantail de porte est ce que le vulgaire appelle batlant de porte.
  3. Imposte est un ornement d’architecture placé dans toutes les arcades à la retombée du ceintre & au même niveau que son centre.