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la pharmacopée de Paris ; les pillules de Belloste, les dragées de Keyser, le sucre vermifuge & l’oprate mésenterique de la pharmacopée de Paris, la pommade mercurielle, onguent néapolitain ou onguent à frictions, l’onguent gris, l’onguent mercuriel pour la gale, les trochisques escharotiques, les trochisques de minium, l’emplâtre de vigo, &c.

De ces remedes quelques uns s’emploient, tant intérieurement qu’extérieurement ; quelques autres ne sont d’usage que pour l’intérieur ; & enfin, il y en a qu’on n’applique qu’extérieurement.

Les premiers sont le mercure coulant, le cinnabre, le sublimé corrosif & le sublimé doux, le précipite rouge & le précipité verd.

Ceux de la seconde classe sont le mercure violet, l’éthiops mineral, le calomelas, la panacée, le précipité blanc, le turbith mineral, les pillules mercurielles, les pillules de Belloste, les dragées de Keyser, le sucre vermifuge & l’opiate mésenterique.

Et enfin, les derniers ou ceux qu’on n’applique qu’extérieurement sont la dissolution de mercure, l’eau phagedenique, la pommade mercurielle, l’onguent gris, l’onguent mercuriel pour la gale, les trochisques escharotiques, les trochisques de minium, l’emplâtre de vigo.

Voyez à l’article Mercure (Chimie) quelle est la nature de tous ceux de ces remedes que nous avons appellé simples. Voici la préparation des compositions mercurielles pharmaceutiques connues.

Pillules mercuriellès de la Pharmacopée de Paris ; prenez mercure revivifié du cinnabre une once, sucre en poudre deux gros, diagrede en poudre une once, resine de jalap & rhubarbe en poudre, de chacun demi-once ; éteignez parfaitement le mercure dans un mortier de fer ou de marbre avec le sucre, un peu d’eau & une partie du diagrede : ensuite ajoutez la résine de jalap, le reste du diagrede & la rhubarbe ; mêlez exactement en battant très long-tems, faites une masse, &c.

La composition des pillules de Belloste n’est point publique ; on croit avec beaucoup de fondement, qu’elles sont fort analogues aux précedentes.

Prenez du mercure, réduisez-le en poudre noire par la trituration. Distillez, remettez en poudre noire. Mettez cette poudre en un matras, versez dessus du vinaigre autant que vous voudrez ; chauffez, même jusqu’à bouillir. Lorsque la liqueur se troublera par des nuages, décantez. A mesure que la liqueur décantée se refroidira, elle formera des cristaux presque semblables à ceux du sel sédatif ; le mercure y est saturé d’acide. Faites-en des pilules avec la manne, & ces pilules seront celles qu’on appelle dragées de Keyser.

Sucre vermifuge ; prenez mercure revivifié du cinnabre une once, sucre blanc deux onces ; broyez-les ensemble dans le mortier de marbre, jusqu’à ce que le mercure soit parfaitement éteint.

Opiate mésenterique ; prenez gomme ammoniac demi-once, feuilles de séné six gros, mercure sublimé doux, racine d’arum & aloës succotrin de chacun deux gros ; poudre cornachine, rhubarbe choisie de chacun trois gros ; limaille de fer préparée demi-once. Mettez en poudre ce qui doit être pulvérisé, & incorporez le tout avec suffisante quantité de syrop de pommes composé, faites une opiate.

Nota qu’on n’emploie quelquefois dans la préparation de cet onguent, qu’une partie de mercure sur les deux parties de sain-doux.

Pommade mercurielle ; prenez graisse de porc lavée & mercure crud, de chacun une livre ; mêlez jusqu’à ce que le mercure soit parfaitement éteint. Faites un onguent.

Onguent gris ; prenez graisse de porc lavée une livre, térebenthine commune une once, mercure

crud deux onces. Faites un onguent selon l’art.

Onguent mercuriel citrin pour la gale : prenez mercure crud deux onces, esprit de nitre une quantité suffisante pour opérer la dissolution du mercure. Cette dissolution étant faite & la liqueur refroidie, prenez sain-doux deux livres, faites-le fondre à un feu doux, & mêlez-y peu-à-peu en agitant continuellement dans un mortier de bois votre dissolution de mercure ; jettez votre mélange dans des moules que vous aurez formé avec du papier, il s’y durcira bien-tôt, & vous aurez votre onguent sous forme de tablettes.

Trochisques escharotiques : prenez sublimé corrosif une partie, amydon deux parties, mucilage de gomme adragant suffisante quantité : faites des trochisques selon l’art.

Trochisques de minium : prenez minium demi-once, sublimé corrosif une once, mie de pain dessechée & réduite en poudre quatre onces, eau-rose suffisante quantité ; faites des trochisques selon l’art.

Emplâtre de vigo. Voyez sous le mot Vigo. Le plus ancien usage medicinal du mercure a été borné à application extérieure. Les anciens l’ont regardé comme un excellent topique contre les maladies de la peau ; mais ils ont cru que pris extérieurement il étoit un poison. Il est assez reçu que c’est sur l’analogie déduite de ses proprietés reconnues pour la guérison des maladies de la peau, que se fonderent les premiers Médecins qui l’employerent dans le traitement des maladies véneriennes, dont les symptômes les plus sensibles sont des affections extérieures. Tout le monde sait que cette tentative fut si heureuse, que le mercure fut reconnu dès-lors pour le vrai spécifique de la maladie vénerienne, & que cette proprieté a été confirmée depuis par les succès les plus constans. L’usage principal essentiel fondamental du mercure & des diverses préparations mercurielles, c’est son administration contre la maladie vénérienne. Voyez maladie vénérienne.

Ce sont principalement tous ceux des remedes ci-dessus énoncés que nous avons appellés simples, qui sont usités contre cette maladie. On trouvera à l’article auquel nous venons de renvoyer les usages particuliers de chacun, leurs effets, leurs inconvéniens, la discussion de la préference qui doit être accordée à leur application interieure ou exterieure, & quant aux diverses especes de cette derniere, aux lotions, aux fumigations, aux onctions ou frictions ; & pour ce qui regarde la proprieté singuliere que possedent les remedes mercuriels d’exciter la salivation, il en sera traité à l’article sialagogue. Voyez sialagogue , &c.

Parmi les compositions particulieres pharmaceutiques, celles qu’on emploie vulgairement au traitement général de la maladie vénerienne sont la pommade mercurielle, les pillules mercurielles & les dragées de Keyser. Les observations pratiques & nécessaires pour évaluer leurs bons & leurs mauvais effets, & pour diriger leur légitime administration, se trouveront aussi au mot maladie vénérienne.

Le second emploi des remedes mercuriels, tant à l’interieur qu’à l’exterieur ; c’est contre les maladies de la peau, & principalement contre les dartres & la gale. Voyez dartre. Les pillules de Belloste jouissent de la plus grande réputation dans ces cas ; il y a plusieurs observations fameuses de dartres très-malignes, guéries par leur usage continu, & entr’autres celle d’une maladie très-grave de ce genre parfaitement guérie chez un grand seigneur, déja fort avancé en âge. L’onguent pour la gale que nous avons décrit ci-dessus, guérit cette maladie très-promptement & presque infailliblement.

Une troisieme proprieté géneralement reconnue