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blit une colonie romaine, l’an de Rome 726. Il orna sa nouvelle ville d’un pont de pierre sur la Guadiana, qui fut emporté en 1610, de deux aqueducs, & il acheva un chemin qu’on avoit commencé de cette place à Cadix. On a des médailles qui prouvent tous ces faits. Vespasien y fit aussi de belles réparations.

Sous les Goths, Mérida tenoit le premier rang dans l’état & dans l’Église ; car elle étoit la capitale de la Lusitanie, & la métropole des évêchés d’alentour. Les Maures en ont été les maîtres pendant 520 ans ; elle leur fut enlevée en 1230.

Elle est située dans une vaste campagne, fertile en vins, en pâturages, en fruits admirables, & surtout en grains, à 14 lieues espagnoles E. d’Elvas, 10 S. E. d’Alcantara, 40. S. O. de Madrid. Long. 12. 15. lat. 38. 45. (D. J.)

Mérida, (Géog.) petite ville de l’Amérique méridionale, au nouveau royaume de Grenade, dans un terroir abondant en fruits, à 40 lieues N. E. de Pampelune. Long. 309. 17. lat. 8. 30.

Mérida, (Géog.) petite ville de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, capitale de la province d’Yucatan, la résidence de l’évêque & du gouverneur de cette province. Elle n’est cependant habitée que par quelques espagnols, & par des indiens, & est à 12 lieues de la mer. Longit. 289. 50. lat. 20. 10.

MERIDARCHE, s. m. (Crit. sacr.) emploi dont Alexandre Balis, roi de Syrie, honora Jonathas, frere de Judas Machabée, chef du peuple, général des troupes & grand sacrificateur. Grotius, dans son commentaire sur les Machabées, dit que cette charge approchoit de celle d’écuyer tranchant, qu’un des electeurs a dans l’empire d’Allemagne. Mais le même Grotius, sur S. Matt. xix. 28. préfere une autre explication de ce terme, qui est celle de gouverneur de proyince, ou de tribu. Il est bien plus que vraissemblable que Jonathas fat nommé par Alexandre au gouvernement d’une province de l’empire de Syrie, qu’à celui de régler ce qui regardoit sa table. (D. J.)

MERIDIANI, (Hist. anc.) nom que les anciens Romains donnoient à une espece de gladiateurs qui se donnoient en spectacle, & entroient dans l’arène vers le midi, les bestiaires ayant déja combattu le matin contre les bêtes.

Les Méridiens prenoient leur nom du tems auquel ils donnoient leur spectacle. Les Méridiens ne combattoient pas contre les bêtes, mais les uns contre les autres l’épée à la main. De-là vient que Séneque dit que les combats du matin étoient pleins d’humanité, en comparaison de ceux qui les suivoient.

MÉRIDIEN, s. m. (Astronomie.) grand cercle de la sphere qui passe par le zénith & le nadir, & par les poles du monde, & qui divise la sphere du monde en deux hémispheres placés l’un à l’orient, & l’autre à l’occident. Voyez Sphere. On peut définir encore plus simplement le méridien, en disant que c’est un cercle vertical AZBN, Pl. astron. I. fig. 6. qui passe par les poles du monde P, Q. Voyez Vertical &.

On l’appelle méridien, du mot latin meridies, midi, parce que lorsque le soleil se trouve dans ce cercle, il est ou midi ou minuit pour tous les endroits situés sous ce même cercle.

Méridien, (Géographie.) c’est un grand cercle comme PAQD, Pl. géogr. fig. 7. qui passe par les poles de la terre P, Q, & par un lieu quelconque donné Z ; de façon que le plan de tous méridiens terrestres est toûjours dans le plan du méridien céleste ; d’où il s’ensuit 1°. que comme tous les méridiens entourent, pour ainsi dire, la terre, en se coupant aux poles, il y a plusieurs lieux situés sous le même méridien. 2°. Comme il est ou midi ou minuit toutes les fois que le centre du soleil est dans le méri-

dien des cieux, & comme le méridien terrestre est dans le plan du céleste, il s’ensuit qu’il est au même instant ou midi ou minuit dans tous les lieux situés sous le même méridien. 3°. On peut concevoir autant de méridiens sur la terre, que de points sur l’équateur ; de sorte que les méridiens changent à mesure que l’on change de longitude.

Premier méridien, est celui duquel on compte tous les autres en allant d’orient en occident. Le premier méridien est donc le commencement de la longitude. Voyez Longitude.

C’est une chose purement arbitraire de prendre tel ou tel méridien pour premier méridien ; aussi le premier méridien a-t-il été fixé différemment par différens auteurs en différentes nations ; & en différens tems ; ce qui a été une source de confusion dans la Géographie. La regle que les anciens observoient là-dessus étoit de faire passer le premier méridien par l’endroit le plus occidental qu’ils connussent : mais les modernes s’étant convaincus qu’il n’y avoit point d’endroit sur la terre qu’on pût regarder comme le plus occidental, on a cessé depuis ce tems de compter les longitudes des lieux, à commencer d’un point fixe.

Ptolomée prenoit pour premier méridien, celui qui passe par la plus éloignée des îles fortunées, parce que c’étoit l’endroit le plus occidental qu’on connût alors. Depuis on recula le premier méridien de plus en plus, à mesure qu’on découvrit des pays nouveaux. Quelques uns prirent pour premier méridien, celui qui passe par l’île S. Nicolas, près du cap-Verd ; Hondius, celui de l’île de Saint-Jacques ; d’autres, celui de l’île du Corbeau, l’une des Açores. Les derniers géographes, & sur-tout les Hollandois, l’ont placé au pic de Ténériffe ; d’autres, à l’île de Palme, qui est encore une des Canaries ; & enfin, les François l’ont placé par ordre de Louis XIII. à l’ile de Fer, qui est aussi une des Canaries.

On compte de cette île la longitude vers l’orient, en achevant le cercle, c’est-à-dire jusqu’au 360 degré qui vient joindre cette île à son occident. Il y a même à cette occasion une ordonnance de Louis XIII. du premier Juillet 1634, qui défend à tous pilotes, hydrographes, compositeurs & graveurs de cartes ou globes géographiques, « d’innover ni changer l’ancien établissement des méridiens, ou de constituer le premier d’iceux ailleurs qu’à la parite occidentale des îles Canaries, conformément à ce que les plus anciens & fameux géographes ont déterminé, &c. » M. de Lisle l’avoit d’abord conclu à 20 degrés cinq minutes de longitude occidentale par rapport à Paris, d’après les observations de messieurs Varin & Deshayes, faites en 1682 à Gorée, petite île d’Afrique, qui est à deux lieues du cap Verd ; mais il s’étoit arrêté ensuite au nombre rond de 20 degrés.

Il seroit sans doute plus sûr & plus commode de prendre pour point fixe un lieu plus connu, & dont la position fût mieux constatée ; tel, par exemple, que l’observatoire de Paris, & de compter ensuite la longitude orientale ou occidentale, en partant du méridien de ce lieu jusqu’au 180 degré de part & d’autre ; c’est ainsi que plusieurs astronomes & géographes le pratiquent aujourd’hui. Mais outre que cet usage n’est pas encore généralement établi, il seroit toûjours important de connoître la véritable position de l’île de Fer par rapport à Paris, pour profiter d’une infinité d’observations & de déterminations géographiques, qui ont été faites relativement à cette île.

C’est la plus occidentale des Canaries qu’on croit être les îles fortunées des anciens, & qui s’étendent peu-à-peu sur un même parallele au nombre de sept. Ptolomée au contraire qui n’en comptoit que six,