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Christ lors de son ascension a été changé & métamorphosé en Dieu. Ce sont les mêmes que les Luthériens ubiquitaires. Voyez Ubiquitaires. On les a aussi nommés Transformateurs.

MÉTAMORPHOSE, s. f. (Myth.) espece de fable, où communément les hommes seuls sont admis ; car il s’agit ici d’un homme transformé en bête, en arbre, en fleuve, en montagne, en pierre, ou tout ce qu’il vous plaira ; cependant cette regle reçoit plus d’une exception. Dans la métamorphose de Pyrame & de Thisbé, le fruit d’un mûrier est changé de blanc en noir. Dans celle de Coronis & d’Apollon, un corbeau babillard éprouve le même changement.

Les métamorphoses sont fréquentes dans la Mythologie ; il y en a de deux sortes, les unes apparentes, les autres réelles. La métamorphose des dieux telle que celle de Jupiter en taureau, celle de Minerve en vieille, n’est qu’apparente, parce que ces dieux ne conservoient pas la nouvelle forme qu’ils prenoient ; mais les métamorphoses de Coronis en corneille, d’Arachné en araignée, de Lycaon en loup, étoient réelles, c’est-à-dire que les personnes ainsi changées restoient dans la nouvelle forme de leur transformation ; c’est ce que nous apprend Ovide, lui qui nous a donné le recueil le plus complet & le plus agréable des métamorphoses mythologiques.

Comme la métamorphose est plus bornée que l’apologue dans le choix de ses personnages, elle l’est aussi beaucoup plus dans son utilité ; mais elle a plusieurs agrémens qui lui sont propres : elle peut, quand elle veut, s’élever à la sublimité de l’Epopée, & redescendre à la simplicité de l’apologue. Les figures hardies, les descriptions brillantes ne lui sont point du tout étrangere ; elle finit même toujours essentiellement par un tableau fidele des circonstances d’un changement de nature.

Pour donner à la métamorphose une partie de l’utilité des fables, un de nos modernes pense qu’on pourroit mettre dans tous les changemens qu’on feindroit un certain rapport d’équité, c’est-à-dire que la transformation fût toujours ou la récompense de la vertu, ou la punition du crime. Il croit que l’observation de cette regle n’altéreroit point les agrémens de la métamorphose, & qu’elle lui procureroit l’avantage d’être une fiction instructive. Il est du-moins vrai qu’Ovide l’a quelquefois pratiquée, comme dans sa charmante métamorphose de Philémon & de Baucis, & dans celle du barbare Lycaon, tyran d’Arcadie. (D. J.)

METANÆA, (Géog. ecclés.) mot grec, qui signifie pénitence ; ce nom fut donné à un palais de l’empereur Justinien, qu’il changea en monastere. Il y mit une troupe de femmes de Constantinople, qui, par la faim & la misere, se dévouoient aux embrassemens de toutes sortes d’inconnus. Justinien délivra ces sortes de femmes de leur état honteux de prostitution, en les délivrant de la pauvreté. Il fit du palais qu’il avoit sur le bord du détroit des Dardanelles un lieu de pénitence, dans lequel il les enferma, & tâcha, dit Procope, par tous les agrémens d’une maison de retraite, de les consoler en quelque sorte de la privation des plaisirs. (D. J.)

MÉTANGISMONITES, s. m. pl. hérétiques, ainsi nommés du mot grec ἀγγεῖον, qui veut dire vaisseau. Ils disoient que le verbe est dans son pere, comme un vaisseau dans un autre. On ne sait point qui fut l’auteur de cette secte. S. Augustin, her. 57. Castro, her. 6. Pratéole.

MÉTANOEA, (Hist. de l’église greque.) cérémonie religieuse qui est d’usage dans l’Eglise greque. Métanoea signifie de profondes inclinations du corps ; elles consistent à se pancher fort bas, & à mettre la main contre terre avant que de se relever. C’est une sorte de pénitence des Chrétiens grecs, & leurs

confesseurs leur en prescrivent toujours un certain nombre, quand ils leur donnent l’absolution. Cependant quoique le peuple regarde ces grandes inclinations du corps comme des devoirs essentiels, il condamne les génufléxions, & prétend qu’on ne doit adorer Dieu que debout. Lorsqu’il m’arrivoit, dit M. la Guilletiere, de trouver à Misitra des Grecs qui me reprochoient la génufléxion comme une hérésie, je leur fermois la bouche avec le bon mot d’un ancien lacédémonien un peu paraphrasé. Un étranger qui étoit venu voir la ville de Sparte, s’étant tenu fort long-tems sur un pié, pour montrer qu’il étoit infatigable dans les exercices du corps, dit à un lacédémonien : « Tu ne te tiendrois pas si long-tems sur un pié. Non pas moi, répondit le spartiate ; mais il n’y a point d’oison qui n’en fit autant ». (D. J.)

MÉTAPA, (Géog. anc.) ville de l’Arcanie. Polybe, l. V. c. vij, dit qu’elle étoit située sur le bord du lac Triconide. (D. J.)

MÉTAPHORE, s. f. (Gram.) « c’est, dit M. du Marsais, une figure, par laquelle on transporte, pour ainsi dire, la signification propre d’un nom (j’aimerois mieux dire d’un mot) à une autre signification qui ne lui convient qu’en vertu d’un comparaison qui est dans l’esprit. Un mot pris dans un sens métaphorique perd sa signification propre, & en prend une nouvelle qui ne se présente à l’esprit que par la comparaison que l’on fait entre le sens propre de ce mot, & ce qu’on lui compare : par exemple, quand on dit que le mensonge se pare souvent des couleurs de la vérité ; en cette phrase, couleurs n’a plus de signification propre & primitive ; ce mot ne marque plus cette lumiere modifiée qui nous fait voir les objets ou blancs, ou rouges, ou jaunes, &c. il signifie les dehors, les apparentes ; & cela par comparaison entre le sens propre de couleurs & les dehors que prend un homme qui nous en impose sous le masque de la sincérité. Les couleurs font connoître les objets sensibles, elles en font voir les dehors & les apparences ; un homme qui ment, imite quelquefois si bien la contenance & le discours de celui qui ne ment pas, que lui trouvant le même dehors & pour ainsi dire les mêmes couleurs, nous croyons qu’il nous dit la vérité : ainsi comme nous jugeons qu’un objet qui nous paroît blanc est blanc, de même nous sommes souvent la dupe d’une sincérité apparente ; & dans le tems qu’un imposteur ne fait que prendre les dehors d’homme sincere, nous croyons qu’il nous parle sincerement.

» Quand on dit la lumiere de l’esprit, ce mot de lumiere est pris métaphoriquement ; car comme la lumiere dans le sens propre nous fait voir les objets corporels, de même la faculté de connoître & d’appercevoir, éclaire l’esprit & le met en état de porter des jugemens sains.

» La métaphore est donc une espece de trope ; le mot, dont on se sert dans la métaphore, est pris dans un autre sens que dans le sens propre ; il est, pour ainsi dire, dans une demeure empruntée, dit un ancien, festus, verbo metaphoram : ce qui est commun & essentiel à tous les tropes.

» De plus, il y a une sorte de comparaison où quelque rapport équivalent entre le mot auquel on donne un sens métaphorique, & l’objet à quoi on veut l’appliquer ; par exemple, quand on dit d’un homme en colere, c’est un lion, lion est pris alors dans un sens métaphorique ; on compare l’homme en colere au lion, & voilà ce qui distingue la métaphore des autres figures ».

[Le P. Lami dit dans sa rhétorique, liv. II. ch. iij. que tous les tropes sont des métaphores ; car, dit-il, ce mot qui est grec, signifie translation ; & il ajoute