les du saucisson, depuis le point où l’on met le feu, lequel se nomme foyer, jusqu’au centre de chaque chambre. En sorte que s’il s’en trouve quelques-uns plus près du foyer que les autres, il faut faire différens coudes ou zigzags au saucisson, afin qu’il y en ait la même quantité du foyer à ces chambres qui en sont proches, qu’il y en a du même foyer à celles qui en sont les plus éloignées.
Les mines simples & les doubles sont le plus en usage dans les sieges. On ne se sert guère des autres que lorsqu’on veut démolir ou détruire totalement des ouvrages.
L’usage de charger les mines avec de la poudre est moins ancien que sa découverte. Le premier essai qu’on en fit fut en 1487. Les Génois assiégeant Serezanella, ville qui appartenoit aux Florentins, un ingénieur voulut faire sauter la muraille du château avec de la poudre dessous ; mais l’effet n’ayant pas répondu à son attente, on ne pensa plus à perfectionner l’idée de cet ingénieur, jusqu’à ce que Pierre de Navarre qui servoit alors dans l’armée des Génois, & qui s’étant depuis mis au service des Espagnols, en fit usage en 1503 contre les François au siege du château de l’Œuf, espece de fort ou de citadelle de la ville de Naples. Le commandant de ce fort n’ayant point voulu se rendre à la sommation que lui en fit faire Pierre de Navarre, celui-ci fit sauter en l’air la muraille du château, & le prit d’assaut.
Ceux qui voudront plus de détails sur ce sujet pourront avoir recours au traité d’Artillerie, seconde édition des élémens de la guerre des sieges.
Voyez, Planche X. de fortification, fig. 7, 8, 9, 10, 11 & 12, les différens effets d’une mine qui joue.
La fig. 7. est le profil de la chambre de la mine & de la galerie.
a, est la chambre ou le fourneau de la mine.
b, est un lit de paille & de sacs à terre sur lesquels on met la poudre.
c, sont les arcs-boutans avec lesquels on ferme la chambre.
d, est l’auget qui contient le saucisson ; e, est le saucisson.
f, est une cheville qui perce le saucisson, & qui le retient dans la chambre.
ABCD, fig. 8. exprime la partie du revêtement qu’on se propose de détruire par la mine.
La fig. 9. fait voir le profil de cette partie du revêtement & de la chambre de la mine.
La fig. 10. est la vûe par-devant d’une mine qui joue.
La fig. 11. est la vûe par le côté de l’effet de la mine.
Et la fig. 12. le profil du revêtement après que la mine a joué. Les lignes ponctuées font voir la partie que la mine a fait sauter.
Mine, (Monn. rom.) la mine valoit cent drachmes attiques selon l’estimation de Pline, liv. XXI. sur la fin. Mna, dit-il, quam nostri minam vocant, pendit drachmas atticas centum. Le même historien nous apprend quelques lignes auparavant, que la drachme étoit du poids d’un denier d’argent. Comme nous pouvons estimer le denier romain d’argent au-moins à quinze sols de notre monnoie actuelle, il s’ensuivra que la mine qui valoit cent drachmes, feroit au-moins 70 de nos livres. Je sais que ce calcul ne s’accorde pas avec celui de plusieurs françois, qui ont évalué la mine attique à 50 livres ; mais c’est qu’alors notre marc d’argent étoit à environ 36 livres. Voyez Mine des Hébreux. (D. J.)
Mine des Hébreux, (Monnoie hébraïque.) La mine hébraïque nommée en hébreu min, valoit soixante sicles, qui font selon le docteur Bernard, neuf livres sterling ; mais la mine attique dont il est parlé dans le nouveau-Testament, valoit cent drach-
huit shellings, neuf sols. (D. J.)
Mine, (Commerce.) est aussi une mesure de France. Voyez Mesure.
Mine, est une mesure estimative qui sert à mesurer les grains, les légumes secs, les graines, comme le froment, le seigle, l’orge, les féves, pois, lentilles, &c.
La mine n’est pas un vaisseau réel tel que le minot qui sert de mesure de continence, mais une estimation de plusieurs autres mesures.
A Paris, la mine de grains, de légumes, de graines, est composée de six boisseaux ou de deux minots radés & sans grain sur le bord. Il faut deux mines pour le septier, & vingt-quatre mines pour le muid.
A Rouen, la mine est de quatre boisseaux : à Diepe, les dix-huit mines font le muid de Paris, & dix-sept muddes d’Amsterdam.
A Péronne, la mine fait la moitié du septier. Voyez Septier & Muid.
Mine est une mesure de grains dont on se sert en quelques lieux d’Italie, particulierement à Gènes, où vingt-cinq mines du pays font le last d’Amsterdam. Voyez Last.
Mine est aussi une mesure de charbon de bois, qui n’est pas un vaisseau particulier, mais un composé de plusieurs mesures.
La mine de charbon, qu’on nomme aussi quelquefois sac ou charge, parce que le sac de charbon qui contient un muid est la charge d’un homme, contient deux minots ou seize boisseaux.
Mine se dit pareillement de la chose mesurée : une mine de blé, une mine d’avoine, une mine de charbon, &c. Dictionnaire de Commerce.
MINÉENS, (Théologie.) nom que saint Jérome donne dans son épître 80 aux Nazaréens, dont il fait une secte parmi les Juifs. Voyez Nazaréens.
MINÉIDES, s. f. pl. (Mythologie.) ou les filles de Minyas nées à Thèbes : elles refuserent de se trouver à la célébration des Orgies, soutenant que Bacchus n’étoit pas fils de Jupiter. Pendant que tout le monde étoit occupé à cette fête, elles seules continuerent à travailler, sans donner aucun repos à leurs esclaves, marquant par-là, dit Ovide, le mépris qu’elles faisoient du fils de Sémélé, & de ses jeux sacrés. Mais tout d’un coup, elles entendent un bruit confus de tambours, de flûtes, & de trompettes ; une odeur de myrrhe & de safran s’exhale dans leur chambre ; la toile qu’elles faisoient se couvre de verdure, & pousse des pampres, & des feuilles de lierre. Le fil qu’elles venoient d’employer, se convertit en ceps chargés de raisins ; & ces raisins prennent la couleur de pourpre, qui étoit répandue sur tout leur ouvrage. Un bruit terrible ébranle la maison ; elle parut à l’instant remplie de flambeaux allumés, & de mille autres feux, qui brilloient de toutes parts. Les Minéides effrayées veulent en vain se sauver ; pendant qu’elles cherchent à se réfugier dans les endroits les plus secrets, une membrane extrèmement déliée couvre leurs corps, & des aîles fort minces s’étendent sur leurs bras. Elles s’élevent en l’air par le moyen de ces aîles sans plumes, & s’y soutiennent ; elles veulent parler, une espece de murmure plaintif est toute la voix qui leur reste pour exprimer leurs regrets ; en un mot, elles sont changées en chauve-souris. C’est le conte d’Ovide ; voici comme la Fontaine en embellit la fin.
Bacchus entre & sa cour, confus, & long cortége :
Où sont, dit-il, ces sœurs à la main sacrilége ?
Que Pallas les défende, & vienne en leur faveur
Opposer son égide à ma juste fureur,
Rien ne m’empêchera de punir leur offense :