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de Jupiter ; éloge le plus flatteur qu’on puisse donner à aucun prince : mais ce qui confirme la vérité de cet éloge, c’est que les lois de ce grand homme servirent de modele à Lycurgue. Il fleurissoit, selon Selden, l’an 1462 avant J. C. mais selon l’abbé Banier, dont le calcul me paroît plus exact, le regne de Minos ne tombe que vers l’an 1320 avant Notre Seigneur. (D. J.)

MINOT, s. m. (Commerce.) mesure ronde, composée d’un fût de bois ceintré par le haut en-dehors d’un cercle de fer appliqué bord à bord du fût, d’une potence de fer, d’une fleche, d’une plaque qui la soutient, & quatre goussets qui tiennent le fond en état. Il y a une sentence des prevôt des marchands & échevins de la ville de Paris, du 29 Décembre 1670, insérée dans l’ordonnance générale de la même ville, du mois de Décembre 1672, c. xxiv. qui veut que le minot ait onze pouces neuf lignes de hauteur sur un pié deux pouces huit lignes de diametre ou de large entre les deux fûts. C’est de ce minot dont on se sert à mesurer les corps ou choses seches, comme les grains, qui sont le froment, le seigle, l’orge, &c. les légumes, qui sont les pois, les feves, les lentilles, &c. les graines, qui sont le chenevis, le millet, la navette, le sainfoin, &c. les fruits secs, qui sont les chataignes, les noix, &c. les navets, les oignons, la farine, le son, &c.

Il contient trois boisseaux, chaque boisseau composé de deux demi-boisseaux ou quatre quarts de boisseau, ou seize litrons. Il faut quatre minots pour faire un septier ; les douze septiers font le muid. Ainsi le muid est de 48 minots.

Les grains & autres marchandises ci-dessus exprimées, doivent être mesurés ras, sans laisser grains sur bord ; il doit être radé ou rasé avec la radoire, instrument de bois propre à cet usage ; ce qui ne doit cependant s’entendre qu’à l’égard des grains, légumes, graines & farines ; car pour les noix & les chataignes, elles se rasent avec la main ; & pour ce qui est des oignons & des navets, ils se mesurent comble. L’avoine se mesure au double des autres grains ; en sorte que le minot d’avoine doit contenir deux minots à blé qui font six boisseaux ; de maniere que le septier d’avoine est de vingt-quatre boisseaux, & douze de ces septiers font un muid ; l’avoine se mesure rase de même que le blé. Le minot dont on se sert pour mesurer la chaux, contient, ainsi que le minot à blé, trois boisseaux, le boisseau quatre quarts, & le quart, quatre litrons. Il faut 48 minots pour faire un muid de chaux, laquelle se vend mesure comble. Le minot de charbon de bois, qui se mesure charbon sur bord, suivant l’arrêt du parlement du 24 Juillet 1671, inséré dans l’ordonnance générale de la ville de Paris, du mois de Décembre 1672, contient huit boisseaux, & chaque boisseau se divise en deux demi-boisseaux ou en quatre quarts, ou en huit demi-quarts de boisseau. Les deux minots font une mine ; en sorte que quarante minots font vingt mines qui composent le muid. Quand on dit que le minot de charbon se mesure charbon sur bord, cela veut dire que l’on doit laisser quelques charbons au-dessus du bord du minot sur toute sa superficie, sans néanmoins qu’il soit entierement comblé. En fait de charbon de terre, on ne parle que par demi-minots, chaque demi-minot faisant trois boisseaux, il faut trente demi-minots comble pour faire une voie de charbon de terre. Les étalonnages & espalement des minots dont il a été parlé ci-dessus, & de toutes leurs diminutions, se fait en l’hôtel de-ville de Paris par les jurés mesureurs de sel, étalonneurs de bois, qui sont gardiens des étalons de cuivre ou mesures matrices & originales qui doivent servir à étalonner toutes les autres. Le minot de sel se mesure ras avec la trémie.

Il contient quatre boisseaux ; les quatre minots font un septier, & les douze septiers font un muid ; en sorte que le muid de sel doit être composé de quarante huit minots. Le minot de sel doit être étalonné sur les matrices déposées au greffe de l’hôtel-de-ville de Paris, en présence d’un conseiller de la cour des aides, & d’un substitut du procureur général de la même cour. Les mesurages & contre mesurages du sel dans les dépôts de greniers doivent se faire au minot avec une trémie, en comptant depuis un jusqu’à douze, sans passer ce nombre ; en sorte qu’après le douzieme minot, le compte se recommence toujours depuis un autre premier minot jusqu’à un autre douzieme, & ainsi successivement. Ordonnance des Gabelles du mois de Mai 1680, art. V. & IX. du tit. III.

Minot se dit aussi de la chose mesurée. Un minot de blé. Un minot de pois. Un minot de sel, &c. Dict. de Commerce.

MINOTAURE, (Mythol.) monstre moitié homme, moitié taureau, qui étoit le fruit d’un infâme amour de Pasiphaé...... Je m’arrête ici, car personne n’ignore ce que la fable raconte du Minotaure, de Neptune, de Pasiphaé, de Minos, de la guerre qu’il soutint contre les Athéniens, de son fils Androgée, de Thesée, de Dédale & du labyrinthe de Crete ; on sait dis-je par cœur, toutes ces fictions fabuleuses, mais on ne sait pas assez les faits historiques, qui leur ont donné naissance. Exposons les en peu de mots.

Pasiphaé femme de Minos II. roi de Crete, avoit pris de l’inclination pour Taurus, que quelques-uns font l’un des secrétaires de Minos, & d’autres l’un de ses lieutenans généraux ; Dédale favorisa leurs amours, il leur procura la liberté de se voir, il leur prêta même sa maison. Pasiphaé étant accouchée d’un fils, que les auteurs nomment Astérius ou Astérion, comme le pere en étoit incertain, & qu’on pouvoit croire ce fils de Taurus, aussi-bien que de Minos, on l’appella Minotaure.

Dédale, complice des amours de la reine, encourut l’indignation de Minos, qui le fit mettre en prison ; Pasiphaé l’en tira en lui faisant donner un vaisseau, où Dédale s’étant embarqué, pour échapper à la colere du roi & à la flotte qui le poursuivoit, il s’avisa de mettre une voile & des vergues ou antennes au bout d’un mât ; Icare sur un autre bâtiment, ne sçut pas le gouverner, il fit si bien naufrage, que le flot ayant porté son corps dans une île proche de Samos, Hercule qui s’y trouva par hasard, lui donna la sépulture. Voilà tout le fondement de la fable de Pasiphaé, qui s’enferme dans une vache d’airain, pour avoir commerce avec un taureau ; de-là la naissance de ce monstre qui a fait tant de bruit sous le nom de Minotaure, & du prétendu secret que trouva Dédale, de fendre l’air avec des aîles comme un oiseau.

Minos auroit passé pour un des plus grands princes de son tems, sans la malheureuse avanture qui troubla la paix de ses états, & ternit sa réputation. L’envie qu’il eut de vanger la mort de son fils Androgée, tué dans l’Attique par la faction des Pallantides, lui fit déclarer la guerre aux Athéniens, dont il ravagea le pays. Le tribut qu’il leur imposa attira Thesée dans l’île de Crete, où après la défaite de Minotaure, il enleva la belle Arianne.

Enfin les désordres de Pasiphaé ayant éclaté, mirent le comble aux malheurs domestiques de Minos. Il poursuivit Dédale en Sicile, où regnoit Cocalus ; mais les filles de ce monarque, touchées du mérite de Dédale, concerterent de lui sauver la vie, aux dépens de celle de Minos. Un jour que ce prince étoit dans le bain, elles lui firent mettre l’eau si chaude, qu’il y fut suffoqué ; & sa mort passa pour naturelle.