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d’Ablancourt, qui dans la traduction de Thucydide, emploie cruement le nom des mois grecs. On ne peut pas dire que ce savant homme a pris ce parti sans réflexion ; car en cela même il se retractoit, puisqu’il avoit pratiqué le contraire dans ses ouvrages précédens. Je n’affectionne point pédantesquement des termes d’un vieux calendrier conçu en langue barbare pour bien des gens ; mon oreille est peut-être aussi délicate que celle de ceux qui se piquent d’avoir du goût ; aussi le nom françois de chaque mois me plairoit bien mieux que le nom grec ; mais aucune complaisance vicieuse ne doit obtenir d’un traducteur qu’il induise sciemment en erreur, & qu’il emploie des noms affectés aux mois romains & solaires, qui n’ont aucun rapport avec les mois attiques & lunaires.

Le P. Pétau s’ést persuadé que les douze mois macédoniens répondoient aux mois d’Athènes à-peu-près de la maniere suivante : pour l’automne, Gorpiœus, Hyperberetœus, Dius ; pour l’hiver, Appellœus, Audinœus, Loüs ; pour le printems, Dyrtrus, Xanticus, Artemisius ; & pour l’été, Dœsius, Panemus & Peritius : mais si Philippe Macédonien & Plutarque prétendent, l’un que le mois Loüs répondoit au mois Boëdromion, & l’autre au mois Hécatombœon, comment un moderne peut-il oser ajuster les douze mois macédoniens, je ne dis pas aux nôtres, mais même aux mois attiques ?

Quant à ce qui regarde les mois des Corinthiens, les anciens monumens ne nous ont conservés que les noms de quelques uns.

Nous n’avons aussi que quatre mois du calendrier de Béotie, & cinq du calendrier de Lacédémone. (D. J.)

Mois des Romains, (Calendrier romain.) les moi des Romains gardent encore les mêmes noms qu’ils avoient autrefois. Le mois de Janvier, Januarius, qui commence l’année, fut ainsi nommé de Janus, dieu du tems ; Février, de la fête Februale, parce qu’il y avoit dans ce mois une purification de tout le peuple. Le mois de Mars prend son nom du dieu Mars auquel il étoit consacré. Avril vient du mot latin aperire, qui veut dire ouvrir, parce que c’est dans ce mois que la terre ouvre son sein pour produire toutes les plantes. D’autres le tirent d’un mot grec qui signifie Vénus, parce que Romulus l’avoit consacré à cette déesse, en qualité de fondatrice de l’empire romain par Enée. Le mois de Mai avoit reçu ce nom en l’honneur des jeunes gens, ou, selon quelques uns, à cause de Maia, mere de Mercure, & selon d’autres, en considération de la déesse Majesta, que l’on disoit fille de l’Honneur. Le mois de Juin tiroit son nom de Junon, ce qui a fait que quelques peuples du Latium l’ont appellé Junonius, Juniales. Le mois de Juillet qu’on nommoit le cinquieme mois, quintilis, parce qu’il est le cinquieme en commençant par Mars, porta le nom de Juillet, Julius, en l’honneur de Jules-César, comme le mois d’Août, sextilis, sixieme mois, fut appellé Augustus, à cause de l’empereur Auguste. Les autres mois ont conservé le nom du rang qu’ils avoient quand le mois de Mars étoit le premier de l’année : ainsi, Septembre, Octobre, Novembre & Décembre, ne signifioient autre chose, que le septieme, huitieme, neuvieme & dixieme mois. Dans la suite des tems, les Romains, pour faire leur cour aux empereurs, ajoutoient au nom de ces mois celui de l’empereur régnant, comme Septembre-Tibere, Octobre-Livie, en l’honneur de Tibere & de Livie sa mere. Les mêmes mois eurent aussi les noms de Germanicus, Domitianus, &c. L’empereur Commode donna même à tous les mois différens noms qu’il avoit tirés des surnoms qu’il portoit ; mais ces noms furent abolis après la mort de ce prince. On divisoit les mois en calendes, nones

& ides. Voyez ces trois mots & l’article An. (D. J.)

Mois, pl. m. (Médec.) terme vulgaire pour signifier cet écoulement périodique des femmes, que les médecins nomment flux menstruel. Les femmes ont je ne sai combien d’autres termes de mode, moins propres que celui-ci, mais que tout le monde entend, & qu’elles emploient pour désigner l’indisposition réguliere à laquelle la nature les a soumises pendant une partie de leur vie. (D. J.)

Mois de Campagne, (Art. milit.) c’est dans les troupes un mois de quarante cinq jours. Les appointemens que le roi paye aux officiers généraux employés à l’armée, aux brigadiers, &c. de ses troupes, sont fixés pour des mois de cette espece.

MOISES, s. f. pl. (Art. méch.) sont des liens de bois embrassant les arbres & les autres pieces d’un assemblage de charpente qui montent droit dans les machines : cela sert à les entretenir. Ces moises sont accollées avec des tenons & mortaises, & des chevilles ou boulons de fer qui les traversent, & qui étant clavetés, se peuvent ôter facilement. Il y en a de droites & de circulaires.

MOISIR, v. n. (Gram.) Voyez l’article Moisissure.

MOISISSURE, s. f. (Gram. & Phys.) ce terme se dit des corps qui se corrompent à l’air par le principe d’humidité qui s’y trouve caché, & dont la corruption se montre par une espece de duvet blanc qu’on voit à leur surface.

Cette moisissure est très-curieuse à voir au microscope ; elle y représente une espece de prairie, d’où sortent des herbes & des fleurs, les unes seulement en bouton, d’autres toutes épanouies, & d’autres fanées, dont chacune a sa racine, sa tige & toutes les autres parties naturelles aux plantes. On en peut voir les figures dans la Micrographie de Hook. On peut observer la même chose de la moisissure qui s’amasse sur la surface des liquides.

M. Bradley a observé avec grand soin cette moisissure dans un melon, & il a trouvé que la végétation de ces petites plantes se faisoit extrèmement vite. Chaque plante a une quantité de semences qui ne paroissent pas être trois heures à jetter racine, & dans six heures de plus la plante est dans son état de maturité, & les semences prêtes à en tomber. Quand le melon eût été couvert de moisissure pendant six jours, sa qualité végétative commença à diminuer, & elle passa entierement en deux jours de plus ; alors le melon tomba en putréfaction, & ses parties charnues ne rendirent plus qu’une eau fétide, qui commença à avoir assez de mouvement dans sa surface. Deux jours après il y parut des vers, qui en six jours de plus s’envelopperent dans leurs coque, où ils restent quatre jours, & après ils en sortirent en état de mouche. Voyez Moucheron.

MOISON, (Jurispr.) signifie le prix d’une ferme qui se paye en grain. On croit que ce terme vient de muid, parce que dans ces sortes de baux, on stipule tant de muids de blé ; d’où l’on a fait muison, & par corruption moison.

L’ordonnance de 1539, article 76. permet de saisir & de faire criées pour moysons de grains ou autres especes dûes par obligations ou jugement exécutoire, encore qu’il n’y ait point eu d’appréciation précédente. V. l’art. 176 de la Cout. de Paris. (A)

Moison, s. m. (Com.) ancien mot qui signifie mesure.

Moison ; on dit en termes d’étalonage & de mesurage de grains, qu’une mesure propre à mesurer les grains, est de la moison, de la mesure matrice sur laquelle elle doit se vérifier pour être étalonnée, lorsqu’elle est de bonne consistence, & qu’elle tient précisément autant de grains de millet que l’étalon. Voyez Etalon, Dictionn. de Com.