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ne seroit rasée, ni démantelée ; mais cet article ne fut point observé, On rasa la Motte de fond en comble ; on ruina plusieurs particuliers innocens par cette indigne action ; & la reine-mere flétrit sa mémoire en violant la parole donnée. Voyez les mémoires de Beauveau. (D. J.)

MOTTER, La, ou MOTTERN, (Géog.) riviere de France en Alsace. Elle prend sa source dans les montagnes de Vosge, & se jette dans le Rhin, proche Drouzenheim.

MOTYCA, (Géog. anc.) ville de Sicile, près du promontoire Pachynus, selon Ptolomée. Pline, lib. III. chap. viij. nomme les habitans de cette ville Mutycenses ; & Ciceron appelle le territoire Mutyensis ager : mais vraissemblablement le copiste a oublié le c. Cette ville est aujourd’hui connue sous le nom de Modica.

MOU, adj. pris substantivement, (Gramm. & Cuisine.) il ne se dit que du poumon de veau, qu’on appelle à la boucherie mou de veau.

MOUAB ou MOAB, (Géog.) selon M. de l’Isle, nouvelle petite ville de l’Arabie heureuse, fondée par le roi d’Yemen en 1710, dans un terroir fertile, entre Damar & Sanaa, sur la pente d’une petite montagne. Le roi d’Yemen fait son séjour dans une maison de plaisance qu’il a bâtie au haut de la même montagne. Long. 64. 40. lat. 14. 5.

MOUCET, voyez Mineau.

MOUCHACHE, s. f. (Hist. des drog.) nom vulgaire d’une espece d’amidon que l’on fait dans les Iles avec du suc de manioc bien desséché au soleil, où il devient blanc comme neige. Le suc récemment tiré du manioc, a un petit goût aigrelet, & est un vrai poison, qui perd néanmoins toutes ses mauvaises qualités, ou en vieillissant, ou par le feu ; de sorte que les sauvages, après l’avoir gardé & desséché, en mettent sans aucun accident dans les fausses qu’ils font bouillir, & dans presque tous leurs gâteaux. (D. J.)

MOUCHE, s. f. musca, (Hist. nat.) insecte qui a des aîles transparentes. La mouche differe du papillon en ce que ses aîles ne sont pas couvertes de poussiere : elle differe des scarabés, des sauterelles & de plusieurs autres insectes aîlés, en ce que ses aîles n’ont point de fourreau ou de couverture particuliere, & qu’elles peuvent seulement s’en servir quelquefois les unes aux autres. Les mouches ont une tête, un corcelet, un corps ; la tête tient ordinairement au corcelet par un cou assez court, & sur lequel elle peut souvent tourner comme sur un pivot : les aîles sont attachées au corcelet ; & lorsqu’il y a deux corcelets, le premier est le plus petit ; c’est au second que tiennent les aîles.

On peut diviser les mouches en deux classes générales, dont l’une comprend les mouches qui n’ont que deux aîles, & l’autre celles qui en ont quatre. Chacune de ces deux classes générales peut être sous-divisée en quatre classes particulieres, dont la premiere comprend les mouches qui ont une trompe, & qui n’ont point de dents ou de serres ; la seconde est composée des mouches qui ont une bouche sans dents sensibles ; la troisieme renferme les mouches qui ont une bouche munie de dents ; & la quatrieme, les mouches qui ont une trompe & des dents. Les mouches à deux aîles, observées par M. de Reaumur, se sont toujours rapportées à la premiere & à la seconde de ces classes ; par exemple, les grosses mouches bleues des vers de la viande, toutes les petites mouches que l’on voit dans les maisons, & les cousins, ont une trompe sans avoir de dents, & sont de la premiere classe. Les petites mouches qui paroissent des premieres au printems dans les jardins, & que l’on appelle mouches S. Marc, & certaines mouches qui ressemblent à des cousins, mais qui sont souvent

plus grandes, ont une bouche sans dents, & appartiennent à la seconde classe.

Il y a beaucoup de genres de mouches à quatre aîles dans la troisieme & la quatrieme classe. Toutes les guêpes ont une bouche & deux dents en-dehors, aussi elles sont de la troisieme classe ; toutes les abeilles, ayant une trompe & deux dents au-dessus de la trompe, sont de la quatrieme classe. Il y a aussi des mouches à quatre aîles, qui appartiennent à la premiere & à la seconde classe ; telles sont toutes les mouchés papillionnacées, qui viennent de différentes especes de teignes aquatiques ; elles n’ont qu’une bouche sans dents, ainsi elles sont de la seconde classe. Tous les pucerons aîlés & les faux pucerons ailés, les cigales ont une trompe sans avoir de dents, & sont par conséquent de la premiere classe.

On pourroit faire une cinquieme classe qui comprendroit les mouches à tête en trompe. Ces têtes sont fort allongées, & ont comme celles des oiseaux, une sorte de long bec, mais qui ne s’ouvre que par son bout, c’est-à-dire à l’endroit où les têtes des autres insectes finissent. Celles de quelques-uns ont un prolongement qui a la figure d’une trompe, mais qui est roide, qui ne peut changer de figure ni de position, sans que la tête en change. C’est au bout de cette partie allongée que sont les dents, ou les instrumens au moyen desquels le petit animal prend de la nourriture. La mouche scorpion a la tête en trompe.

Après ces cinq premieres classes, on peut faire trois autres classes subordonnées, dont les caracteres seront pris de la forme du corps : savoir, 1°. la classe des mouches à corps court & plus large qu’épais ; telles sont les mouches bleues de la viande, les abeilles, cent & cent autres genres de mouches, soit à deux aîles, soit à quatre ailes. 2°. La classe des mouches à corps long, comme celui des demoiselles, des cousins, &c. 3°. La classe des mouches à corps long ou court, qui est joint au corcelet par un simple fil visible, comme dans les frelons, les guêpes, plusieurs mouches ichneumons, les mouches des galles, du chêne, &c.

Les caracteres des genres sont tirés du port des aîles & de la trompe, de la figure des antennes, & d’autres parties extérieures du corps, & sur-tout des postérieures.

Il faut considérer le port des aîles, lorsque la mouche est en repos, ou lorsqu’elle marche. 1°. Celles qui portent leurs aîles paralleles au plan de position, sont en plus grand nombre que celles qui les tiennent dans des directions inclinées. 2°. Les mouches qui portent leurs aîles de façon qu’elles couvrent le corps en partie, sans se couvrir l’une l’autre, si elles n’ont que deux aîles, ou si elles en ont quatre, sans qu’une des supérieures empiete sensiblement sur l’autre aile supérieure ; telles sont les mouches bleues de la viande & les mouches des maisons. 3°. Les aîles de plusieurs mouches se croisent plus ou moins sur le corps. 4°. D’autres sont faites de façon, & se croisent à un tel point que le corps déborde au-delà de chacune des aîles. 5°. D’autres ne se croisent que sur la partie postérieure du corps, & laissent entr’elles une portion de la partie extérieure à découvert. 6°. Les aîles de plusieurs autres mouches se croisent sur le corps, & celle qui est supérieur, se trouve plus élevée sur la ligne du milieu du corps que sur les côtés. 7°. Quelques mouches ont les aîles posées sur le dos, & appliquées les unes contre les autres dans un plan vertical ; telles sont plusieurs especes de petites demoiselles, & les mouches éphemeres. 8°. Les aîles de plusieurs autres mouches sont appliquées obliquement contre les côtés, & se rencontrent au-dessus du corps ; par exemple, les aîles de la mouche du petit-lion, des pucerons, & celles de la mouche