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ce cas, il faudra attendre le printems. Il faut encore en excepter les arbres toujours verds, pour lesquels la fin d’Août ou le commencement de Septembre sont le tems le plus propre à coucher les plus robustes, parce qu’alors ils ne sont plus en seve. A l’égard de tous les arbres un peu délicats, soit qu’ils quittent leurs feuilles ou qu’ils soient toujours verds, il faut laisser passer le froid & le hâle, pour ne s’en occuper que dans le mois d’Avril.

On observe que dans les arbres qui ont le bois dur, ce sont les jeunes rejettons qui font le plus aisément racine ; & qu’au contraire, dans les arbres qui sont d’un bois tendre & mollasse, c’est le vieux bois qui reprend le mieux.

On dit coucher les arbres, marcotter des œillets, provigner des seps. A ce dernier égard, voyez Provin. Article de M. Daubenton.

MARDAC, s. m. (Mat. méd. anc.) nom donné par les anciens à la litharge, car les auteurs arabes la nomment quelquefois mardac, & quelquefois merdesangi ; mais c’est une seule & même chose. Avicenne n’a fait que traduire, sous le nom de mardac, le chapitre de Dioscoride sur la litharge ; & ce que dit Sérapion du merdesangi, est la description de la litharge par Galien. (D. J.)

MARDARA (Géogr. anc.) Ptolomée nomme deux villes de ce nom. 1°. Une ville du Pont-Cappadocien, longit. 71. 30. lat. 43. 40. 2°. Une ville de la petite Arménie. Longit. 69. 6. lat. 39. 40. (D. J.)

MARDELLE, ou MARGELLE, s. m. (Maçon.) dans l’art de bâtir, c’est une pierre percée, qui posée à hauteur d’appui, fait le bord d’un puits.

MARDES les, (Géogr. anc.) Mardi, ancien peuple de Médie, voisin des Perses. Ils ravageoient les campagnes, & furent subjugués par Alexandre. Il y avoit aussi un peuple marde contigu à l’Hircanie & aux Tapyriens. Enfin Pline, liv. VI. chap. xvj. parle des Mardes, peuples de la Margiane, qui s’étendoient depuis les montagnes d’Autriche, jusqu’aux Bactriens. (D. J.)

MARDI, s. m. (Chronol.) troisieme jour de la semaine, consacré autrefois par les payens à la planete de Mars, d’où lui est venu son nom. On l’appelle dans l’office de l’Eglise, feria tertia.

MARE, s. f. (Géogr. anc.) mot latin d’où nous avons fait celui de mer, qui signifie la même chose ; mais les auteurs se servoient du mot mare dans le sens que nous exprimons par celui de côte, pour signifier la mer qui bat les côtes d’un pays. En voici des exemples.

Mare Ægyptium, est la côte d’Egypte ; mare Œolium, la côte aux environs de Smyrne ; mare Asiaticum ; la côte de l’Asie proprement dite dans l’Anatolie ; mare Ausonium, la côte occidentale du royaume de Naples, & la mer de Sicile ; mare Cantabricum, la côte de Biscaye ; mare Cilicium, la côte de Cilicie, aujourd’hui la côte de Caramanie ; mare Germanicum, les côtes de Zélande, de Hollande, de Frise, & ce qui suit jusqu’à l’Elbe, où commence mare Cimbricum, c’est-à-dire, la mer qui lave la presqu’île où sont le Holstein, le Jutland, & le Sleswig ; mare Iberum, la côte d’Espagne, depuis le golfe de Lyon, jusqu’au détroit ; mare Illiricum, la côte de Dalmatie ; mare Lygusticum, la côte de la Lygurie, ou la riviere de Gènes ; mare Lycium, la côte de la Lycie, au midi de l’Anatolie. Elle fait présentement partie de la mer de Caramanie ; mare Suevicum, les côtes méridionales de la mer Baltique, vers la Poméranie ; mare Tyrrhenum, la côte occidenîale de l’Italie ; mare Venedicum, le golfe de Dantzig.

Les anciens ont aussi nommé l’Océan, mare exterius, mer extérieure, par opposition à la Méditerranée, qu’ils appelloient mare interius, mer intérieure. Ils nommoient aussi mare inferum, la mer de

Toscane, par opposition à mare superum, nom qu’ils donnoient à la mer Adriatique.

Ils ont appellé mare Hesperium, l’Océan au couchant de la Lybie ; mare Hyperboreum, la mer au septentrion de l’Europe & de l’Asie : ils n’en avoient que des idées très-confuses.

Enfin, ils ont nommé mare Myrtoum, cette partie de l’Archipel, qui s’étendoit entre l’Argolide dans le Péloponnese, l’Attique, l’Eubée & les îles d’Andros, de Tine, de Scyro & de Sérife. Ce nom de Myrtoum, lui vient de la petite île de Myrtos, qui est à la pointe méridionale de Négrepont. La fable dit d’un certain Myrtile, écuyer d’Enomaiis, que Pélops jetta dans cette mer. (D. J.)

Mare Smaragdinum, (Hist. nat.) nom que quelques auteurs ont donné à un jaspe de couleur de fer, & suivant d’autres, à la prime d’émeraude.

MARÉAGE, s. m. (Marine.) c’est le marché qu’on fait avec les matelots à un certain prix fixe pour tout le voyage, quelque long qu’il soit.

MARÉCAGE, s. m. en Géographie, est une espece de lac ou plutôt de marais. Voyez Lac & Marais.

Il y en a de deux sortes ; le premier est un composé d’eau & de terre mêlées ensemble, & qui pour l’ordinaire n’est pas assez ferme pour qu’un homme puisse passer dessus. Voyez Marais.

La 2° sorte sont des étangs ou amas d’au bourbeuse, au-dessus de laquelle on voit çà & là des éminences de terrein sec qui s’élevent sur la surface. Chambers.

« Lorsque les eaux qui sont à la surface de la terre ne peuvent trouver d’écoulement, elles forment des marais & des marécages. Les plus fameux marais de l’Europe sont ceux de Moscovie, à la source du Tanaïs ; ceux de Finlande, où sont les grands marais Savolax & Enasak ; il y en a aussi en Hollande, en Westphalie, & dans plusieurs autres pays bas. En Asie, on a les marais de l’Euphrate, ceux de la Tartarie, le Palus Méotide ; cependant en général, il y en a moins en Asie & en Afrique, qu’en Europe ; mais l’Amérique n’est, pour ainsi dire, qu’un marais continu dans toutes ses plaines : cette grande quantité de marais est une preuve de la nouveauté du pays, & du petit nombre des habitans, encore plus que du peu d’industrie.

» Il y a de très-grands marécages en Angleterre, dans la province de Lincoln, près de la mer, qui a perdu beaucoup de terrein d’un côté, & en a gagné de l’autre. On trouve dans l’ancien terrein une grande quantité d’arbres qui y sont enterrés au-dessous du nouveau terrein amené par les eaux. On en trouve de même en grande quantité en Ecosse, à l’embouchure de la riviere Ness. Auprès de Bruges, en Flandres, en fouillant à 40 ou 50 piés de profondeur, on trouve une très-grande quantité d’arbres aussi près les uns des autres que dans une forêt ; les troncs, les rameaux & les feuilles sont si bien conservés, qu’on distingue aisément les différentes especes d’arbres. Il y a 500 ans que cette terre où l’on trouve des arbres, étoit une mer, & avant ce tems-là on n’a point de mémoire ni de tradition que jamais cette terre eût existé : cependant il est nécessaire que cela ait été ainsi dans le tems que ces arbres ont crû & végété ; ainsi le terrein qui dans les tems les plus reculés étoit une terre ferme couverte de bois, a été ensuite couvert par les eaux de la mer, qui y ont amené 40 ou 50 piés d’épaisseur de terre, & ensuite ces eaux se sont retirées.

» Dans l’île de Man on trouve dans un marais qui a six milles de long & trois milles de large, appellé Curragh, des arbres souterrains qui sont des sapins, & quoiqu’ils soient à 18 ou 20 piés de profondeur,