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ils sont cependant fermes sur leurs racines. Voyez Rays, Discourses, pag. 232. On en trouve ordinairement dans tous les grands marais, dans les fondrieres & dans la plupart des endroits marécageux, dans les provinces de Sommerset, de Chester, de Lancastre, de Stafford. On trouve aussi une grande quantité de ces arbres souterrains dans les terres marécageuses de Hollande, dans la Frise & auprès de Groningue, & c’est de-là que viennent les tourbes qu’on brûle dans tout le pays.

» On trouve dans la terre une infinité d’arbres, grands & petits, de toute espece ; comme sapins, chênes, bouleaux, hêtres, ifs, aubépins, saules, frênes. Dans les marais de Lincoln, le long de la riviere d’Ouse, & dans la province d’Yorck en Hatfieldchace, ces arbres sont droits, & plantés comme on les voit dans une forêt. Plusieurs autres endroits marécageux de l’Angleterre & de l’Irlande sont remplis de troncs d’arbres, aussi-bien que les marais de France, de Suisse, de Savoie & d’Italie. Voyez trans. phil. abr. pag. 218. &c. vol. IV.

» Dans la ville de Modene, & à quatre milles aux environs, en quelqu’endroit qu’on fouille, lorsqu’on est parvenu à la profondeur de 63 piés, & qu’on a percé la terre à 5 piés de profondeur de plus avec une tarriere, l’eau jaillit avec une si grande force, que le puits se remplit en fort peu de tems presque jusqu’au-dessus ; cette eau coule continuellement, & ne diminue ni n’augmente par la pluie ou par la sécheresse : ce qu’il y a de remarquable dans ce terrein, c’est que lorsqu’on est parvenu à 14 piés de profondeur, on trouve les décombremens & les ruines d’une ancienne ville, des rues pavées, des planchers, des maisons, différentes pieces de mosaïques ; après quoi, on trouve une terre assez solide, & qu’on croiroit n’avoir jamais été rémuée ; cependant au-dessous on trouve une terre humide & mêlée de végétaux, & à 26 piés, des arbres tout entiers ; comme des noisetiers avec des noisettes dessus, & une grande quantité de branches & de feuilles d’arbres : à 28 piés on trouve une craie tendre, mêlée de beaucoup de coquillages, & ce lit a onze piés d’épaisseur ; après quoi on retrouve encore des vél, étaux, des feuilles & des branches, & ainsi alternativement de la craie & une terre mêlée de végétaux, jusqu’à la profondeur de 63 piés, à laquelle profondeur est un lit de sable mêlé de petit gravier & de coquilles semblables à celles qu’on trouve sur les côtes de la mer d’Italie : ces lits successifs de terre marécageuse & de craie se trouvent toujours dans le même ordre, en quelqu’endroit qu’on fouille, & quelquefois la tarriere trouve de gros troncs d’arbres qu’il faut percer, ce qui donne beaucoup de peine aux ouvriers. On y trouve aussi des os, du charbon de terre, des cailloux & des morceaux de fer. Ramazzini, qui rapporte ces faits, croit que le golfe de Vénise s’étendoit autrefois jusqu’à Modene & au-delà, & que par la succession des tems, les rivieres, & peut-être les inondations de la mer ont formé successivement ce terrein.

» On ne s’étendra pas davantage ici sur les variétés que présentent ces couches de nouvelle formation, il suffit d’avoir montré qu’elles n’ont pas d’autres causes que les eaux courantes ou stagnantes qui sont à la surface de la terre, & qu’elles ne sont jamais aussi dures, ni aussi solides que les couches anciennes qui se sont formées sous les eaux de la mer ». Voyez l’Hist. nat. gén. & part. ton. I. d’où cet article est entierement tiré.

MARÉCHAL, s. m. (Hist. mod. & art mil.) il y a un grand nombre d’officiers de ce nom. Voyez les articles suivans.

Maréchal de Bataille, (Art milit.) c’étoit

autrefois, dans les armées de France, un officier dont la principale fonction étoit de mettre l’armée en bataille, selon l’ordre dans lequel le général avoit résolu de combattre. Ce titre ne paroît pas plus ancien que Louis XIII. Il s’est seulement conservé dans le commencement du regne de Louis XIV. Il n’en est plus question depuis la guerre de Hollande en 1672.

Marechal de camp, (Art militaire.) officier général de l’armée dont le grade est immédiatement au-dessus de celui de brigadier, & au-dessous de celui de lieutenant général.

C’est l’officier de l’armée qui a le plus de détail lorsqu’il veut bien s’appliquer à remplir tous les devoirs de son emploi. On peut dire qu’un officier qui s’en est acquitte dignement pendant sept à huit ans de pratique & d’exercice, est très-capable de remplir les fonctions de lieutenant général.

C’est sur le maréchal de camp que roule le détail des campemens & des fourrages.

Il est de jour comme le lieutenant général, dont il prend l’ordre, pour le donner ensuite aux majors généraux de l’armée. Son poste dans une armée est a la gauche des troupes qui sont sous les ordres du lieutenant général & sous les siens.

Quand le général veut faire marcher l’armée, il donne ses ordres au maréchal de camp, qui conduit le campement & l’escorte nécessaire pour sa sûreté, aux lieux qui lui ont été indiqués. Lorsqu’il est arrivé, il doit envoyer des partis dans tous les endroits des environs, pour reconnoître le pays & observer s’il n’y a point de surprise à craindre de l’ennemi : on ne sauroit être trop alerte & trop vigilant sur ce sujet ; mais il est à-propos de ne faire aller à la découverte que de petits partis conduits par des officiers intelligens, afin de ne point fatiguer excessivement & sans nécessité les troupes de l’escorte.

Avant que de faire marquer le camp, il doit en poster les gardes & sur-tout n’en pas trop mettre, car c’est ce qui fatigue extrèmement l’armée quand il faut les relever journellement. Il est absolument nécessaire d’épargner aux troupes toutes les fatigues inutiles, elles en ont toujours assez, sans qu’il soit besoin de leur en ajoûter de superflues.

Quand les gardes sont postées & que le terrein est bien reconnu, le maréchal de camp doit examiner, conjointement avec le maréchal des logis de l’armée & les majors généraux, la disposition qu’il veut donner au camp, & observer de mettre les troupes dans le terrein qui leur convient. Il prend ensuite les points de vûe nécessaires pour l’alignement du camp. Le maréchal général des logis fait après cela la distribution du terrein aux officiers majors de l’infanterie & de la cavalerie, qui en font la répartition aux majors des régimens, suivant l’étendue fixée pour le front de chaque bataillon & de chaque escadron.

Le maréchal de camp doit s’instruire des fourrages qui se trouvent dans les environs du camp, & rendre après cela compte au général de tout ce qu’il a fait & observé.

Les maréchaux de camp ont à proportion de leur rang des honneurs militaires réglés par les ordonnances.

Un maréchal de camp qui commande en chef dans une province par ordre de sa majesté, doit avoir une garde de quinze hommes commandés par un sergent, sans tambour. Il en sera de même s’il commande sous un chef au dessus de lui.

Si un gouverneur de place est maréchal de camp, l’usage est que l’officier de garde fasse mettre sa garde en haie & le fusil sur l’épaule lorsque le gouverneur passe, mais le tambour ne bat pas.

Que si le maréchal de camp a ordre pour commander en chef un corps de troupes, alors il a pour sa