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ble pour les Espagnols qui en furent témoins. Les principaux seigneurs, parés de leurs plus beaux ornemens & de plumes de différentes couleurs, étoient les acteurs de cette comédie. Dans les grandes occasions, les danseurs étoient quelquefois au nombre de dix mille : la danse n’en étoit pas plus confuse pour cela ; elle étoit accompagnée de chants que le peuple répétoit en chœur, & de mascarades.

NETTOYER, v. act. (Gram.) c’est ôter les ordures. Il se dit des choses matérielles : comme nettoyer un habit, un verre ; &c. & des choses intellectuelles, nettoyer ses idées, &c.

Nettoyer les épices, les drogues, &c. en Pharmacie, c’est en ôter les immondices, les ordures & la poussiere qui y sont mêlées, & séparer le bon du mauvais : c’est la même chose que monder. Voyez Monder.

Nettoyer, (Fortific.) terme dont on se sert quelquefois dans la guerre des sieges, pour exprimer l’action d’une sortie, lorsqu’elle a comblé la tranchée, & qu’elle en a chassé l’ennemi. Ainsi nettoyer la tranchée, c’est en chasser l’ennemi, & la détruire ou combler. (R)

Nettoyer, Rectifier, (Jardinage.) se dit d’une tulipe panachée, qui n’étant pas bien nette la premiere année, se nettoie & se rectifie la seconde. Si elle continue à être brouillée, il la faut rejetter de la plate bande. Quand la fleur est de belle forme & bien taillée, & que la couleur domine le panaché, on a quelqu’espérance qu’elle se rectifiera. (K)

NETTUNO, (Géog.) petite ville d’Italie, misérable & mal peuplée, dans la campagne de Rome, à l’embouchure de la riviere Loracina sur la rive droite, & à l’est du cap d’Augir. Elle a essuyé en 1757, un affreux ouragan qui a emporté tous les toits des maisons. Cellarius & la plûpart des géographes modernes s’accordent à dire que Nettuno ou Neptunium est située dans l’endroit où étoit la petite ville Ceno, appellée Navale antiatium, que les Romains enleverent aux Antiates, dans leurs premieres expéditions. Cette ville est à 7 lieues S. O. de Véletri, & à 10 S. E. de Rome. Long. 30. 25. lat. 41. 30. (D. J.)

NEUBOURG, (Géog.) ce mot signifie nouvelle ville. Nous parlerons des principales qui portent ce nom. 1°. Neubourg est une ville d’Allemagne, capitale du duché de même nom, dans les états de l’électeur palatin sur le Danube, à 5 lieues N. E. de Donavert, 2 S. O. d’Ingolstad, 8 N. E. d’Ausbourg, 18 N. O. de Munich. Long. 28. 40. lat. 48. 40. (D. J.)

Neubourg, (Géog.) petite ville d’Allemagne, au duché de Wittemberg, sur l’Éno, au-dessus de Pfortzheim. Long. 27. 11. lat. 48. 50.

Neubourg, (Géog.) ville d’Allemagne, dans le Brisgaw, près du Rhin, entre Basle & Brisach. Le duc de Saxe. Weimar la prit en 1638, & y mourut l’année suivante. Long. suivant Cassini, 28. 22. 15. lat. 49. 39.

Neubourg, (Géog.) ville de la basse Autriche, sur le Danube, à 2 lieues de Vienne, avec un monastere qui fait donner à la ville le nom de Closter-Neubourg. Matthias Corvin roi de Hongrie la prit en 1477. Maximilien I. la reprit en 1490. Long. 34. 22. lat. 48. 20.

Neubourg, ou Nyborg, (Géog.) ville forte de Danemark, sur la côte orientale de l’île de Funen, fondée en 1175. C’est dans le port de cette ville qu’on s’embarque pour traverser le Belt, & passer de l’île de Funen dans celle de Sélande. Les Suédois y furent défaits par les troupes de l’Empereur & de ses alliés en 1549. Cette victoire pro-

cura toute l’île de Funen aux Danois. Neubourg

est à 21 lieues S. O. de Copenhague. Long. 28. 36. lat. 55. 30. (D. J.)

Neubourg, (Géog.) bourg de France, en Normandie, entre la Rille & la Seine, au milieu d’une belle plaine, à 6 lieues de Rouen, & à 4 d’Elbeuf. Il a donné le nom à un très-petit pays fertile en grains. Long. 18. 36. lat. 49. 14.

NEUCAN, (Géog.) ville de Perse, dans le Khorassan. Long. 82. 41. lat. sept. 38. 8.

NEUCHATEL, petit état en Suisse, avec titre de principauté, est situé dans le mont Ima, au 47d. de lat. septentrionale, & au 23d. de long. Il peut avoir 12 lieues de long, sur 5 dans sa plus grande largeur. Il comprend le comté de Neuchâtel, & la seigneurie de Valeugin, réunis depuis près de deux siecles sous une même domination. Ses bornes sont au nord, l’évêché de Bâle, à l’orient, le canton de Berne ; au midi, un lac qui le sépare de ce canton & de celui de Frybourg, & à l’occident, la Franche-comté. Son étendue étoit plus considérable autrefois. Des terres données en appanage aux cadets de la maison souveraine, & l’acquisition qu’en ont fait les états voisins ont resserré ses anciennes limites. Mais quelque peu spacieux que soit le terrain qu’il occupe, ses productions naturelles, l’histoire de ses souverains, la forme singuliere de son gouvernement, & les droits extraordinaires dont jouissent les peuples qui l’habitent, tous ces objets fournissent matiere à la curiosité, & méritent quelques détails.

On distingue aisément trois régions dans le pays de Neuchâtel ; l’inférieure, qui s’étend en amphithéâtre, le long du bord septentrional du lac ; la moyenne, séparée de l’autre par une chaîne de montagnes ; & la supérieure, au nord des deux précédentes. La premiere offre un vignoble presque continuel. Les vins rouges qu’il produit sont très-estimés, & osent quelquefois disputer le prix aux vins de Bourgogne. La seconde est fertile en grains, en pâturages. Elle comprend deux vallons, appellés le val de Ruz, & le val de Travers : ce dernier est connu par la salubrité de l’air qu’on y respire, & qui influe sur l’humeur de ses habitans. La partie supérieure enfin, qu’on appelle communément les montagnes, présente un spectacle digne de la curiosité d’un philosophe, & de la sensibilité d’un ami des hommes. Aussi n’a-t-il pas échappé à un citoyen de Genève, qui a publié quelques écrits dignes d’un rhéteur athénien. Rien de plus aride ni de plus ingrat que cette partie de l’état de Neuchâtel. C’est un vallon étroit placé dans un climat très rude. L’hyver y est la plus longue saison de l’année ; le printems & l’automne y sont presque inconnus. Aux frimats, aux neiges dont la hauteur surpasse souvent celle des maisons, & enfouit les habitans, succéde un été très-chaud, mais très-court. La terre n’y produit que de l’avoine. Les pâturages sont la seule ressource que la nature y fournisse. Qui s’attendroit à trouver dans un tel pays le génie, l’industrie, les graces, la politesse réunies avec l’abondance ; à y voir les sciences en honneur, & divers arts utiles ou agréables cultivés avec le plus grand succès, par le peuple immense qui l’habite ? L’Horlogerie en particulier dans toutes ses branches, la Coutellerie, la Gravure, la Peinture en émail, ont rendu ce pays célebre dans toute l’Europe. On y perfectionne les découvertes, on en fait de nouvelles. Un de ces montagnards posséde seul le secret des moulins guimpiers, nécessaires aux fabriques de galons. Un autre s’est fait la plus grande réputation dans la méchanique ; il a osé marcher dans une carriere que M. de Vaucanson a illustrée. Le roi d’Espagne Ferdinand VI. l’ayant appellé auprès de lui, il y fit transporter une pendule admirable de son invention, qui orne ac-