Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culsi, ad illiciendas hominum mentes, & augustiori sanctorum nomine, ad eorum cultum revocandas ; illustres eorum titulos primùm sibi, deinde crudelæ plebi persuasos, proposuerunt. Ex horum officinâ, Martialis Lemovicensis apostolatus, Ursini Bituricensis discipulatus, Dionysii Parisiensis areopagitica, Pauli Narbonensis proconsularis dignitas, amborum apostoli Pauli magisterium, & in aliis ecclesiis similia prodiere. Quibus quidem sano judicio & constanti animo, Galli primùm episcopi restitere. Ast ubi ecclesiæ gallicanæ parentibus sanctissimis, fidei præconibus, detractis his spoliis, injuriam fieri mentibus ingenuis & probis persuasum est, paulatim error communi consensu consurgere, & tandem antiquitate suâ, contra veritatem præscribere.

Je ne sais, dit un habile critique, si ce fut par une politique bien entendue que l’on supprima ces belles paroles dans la seconde édition. Ce retranchement ne fait-il pas voir à tout le monde, le servile ménagement qu’on a pour l’erreur, & la délicatesse excessive, ou plûtôt la sensibilité scandaleuse, de ceux qui ont intérêt à maintenir le mensonge ? Après tout, un tel moyen n’est propre qu’à attirer l’attention de tout le monde sur ces paroles. Tel qui les auroit lues sans beaucoup de réflexion, apprend à les regarder comme quelque chose de la derniere importance. Enfin, on peut dire de ce passage, ce qu’un historien de Rome a dit de Brutus & de Cassius, dont les images ne parurent point dans une pompe funebre : sed præfulgebant Cassius atque Brutus, eo ipso quod effigies eorum non videbantur. Par cela même, qu’on a tâché d’éclipser le passage dont nous parlons, on lui a donné un éclat brillant & durable. (D. J.)

Narbonne, golfe de, (Géog.) en latin Narbonense mare ; c’est une partie du golfe de Lion : il commence au port ou cap de Canfranqui, & finit au cap de Cette.

Narbonne, canal de, (Archit. marit.) après qu’on eut fait dans le dernier siecle le grand canal de Languedoc, on trouva praticable l’exécution de celui de Narbonne ; & dès l’an 1684 la ville de Narbonne obtint la permission de travailler à une communication avec le grand canal. L’ouvrage fut même conduit aux deux tiers ; mais les fonds manquerent, & les malheurs de la guerre qui survint, firent suspendre l’entreprise. La postérité ne croira pas qu’un corps aussi respectable que les états de Languedoc, se soit opposé à un ouvrage intéressant, & d’autant plus nécessaire, que la communication des deux mers se trouve souvent interrompue sur le grand canal. Si le Languedoc ne connoît pas ses vrais intérêts, ou s’il veut les dissimuler, il paroît injuste qu’une nation entiere soit la victime de ses fautes. Celle-ci est de nature à faire penser qu’elle est le fruit d’une surprise, plûtôt que d’un conseil dicté par de petits intérêts particuliers : ce n’est pas que le canal de Narbonne suffise seul pour faire jouir la France de tous les avantages que lui offre la communication des deux mers ; la durée du grand canal, la facilité de la navigation & l’économie du commerce, gagneront préalablement beaucoup, lorsque le roi rentrera dans cette aliénation de son domaine, ou qu’il la transportera aux états de la province qui y a contribué pour près de moitié. L’achat de la jurisdiction du canal, est la seule propriété des cessionnaires dans cet ouvrage, & n’est pas un remboursement onéreux. En attendant, il est clair que si la canal de Narbonne n’est pas utile au commerce, les entrepreneurs seuls y perdont ; & l’état aura toûjours une ville commerçante de plus : s’il est utile, il doit s’achever. L’heureuse constitution des provinces d’états, les rend responsables de tout le bien qui peut exister dans leur intérieur. Recher. sur les finances, tom. I. (D. J.)

NARBONNOISE, Gaule, (Géog. anc.) en latin, Gallia Narbonensis ou provincia romana. Avant la division des Gaules par Auguste, les Romains appelloient provincia romana, tous les pays de la Gaule qui étoient compris depuis les Pyrénées, ou les frontieres d’Espagne, jusqu’aux Alpes ou jusqu’à l’Italie, & entre la mer Méditerranée, les Cevennes, le Rhône avant qu’il soit joint à la Saone, & le lac de Genève. On lui avoit donné le nom de provincia, parce qu’elle étoit la premiere & la seule province des Romains au-delà des Alpes. Lorsqu’Auguste eut fait la division des Gaules, la province romaine fut appellée Gallia Narbonensis, Gaule Narbonnoise. Pline en donne les bornes, lib. III. ch. iv. & remarque qu’elle étoit alors si peuplée de colonies romaines & de villes municipales, qu’il paroît tenté de la regarder plûtôt comme l’Italie même, que comme une province dépendante de l’Italie.

Après Auguste, mais avant Constantin, la province de Narbonne fut démembrée, & forma deux autres provinces ; savoir la province des Alpes, & la province Viennoise. Enfin dans la suite, la province Narbonnoise fut divisée en premiere & seconde Narbonnoise ; mais elle fut toujours regardée comme appartenante aux Gaules, jusqu’au regne des Goths qui la mirent sous la dépendance de l’Espagne, & elle y demeura jusque près du huitieme siecle.

Si vous êtes curieux de connoître la division de la Gaule Narbonnoise du tems d’Auguste, vous la trouverez détaillée dans le P. Briet. (D. J.)

NARCÉA, (Mythol.) surnom de Minerve, tiré d’un temple qui lui fut bâti en Elide par Narcée, fils de Bacchus & de la nymphe Physcoa.

NARCISSE, narcissus, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur liliacée, monopétale, campaforme, & divisée en six parties qui entourent le milieu de la fleur en forme de couronne. Le calice qui est ordinairement enveloppé d’une gaine membraneuse, devient dans la suite un fruit oblong ou arrondi, qui a trois pointes, & qui s’ouvre en trois parties. Ce fruit est divisé en trois loges, & renferme des semences arrondies. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Le narcisse blanc automnal, & celui d’Espagne à fleur jaune, qui a six feuilles rangées en forme d’étoile, sont aussi délicats que le premier. Le petit narcisse à fleurs doubles veut une terre plus humide. Le grand narcisse, appellé le nompareil, celui des Indes à fleur-de-lys, & de couleur rouge-pâle, exigent une terre meilleure, & d’être mis dans des pots. Tous ces narcisses ont un calice qui devient un fruit partagé en trois loges enfermant des semences un peu rondes qui, outre les bulbes, en multiplient l’espece. La culture en est ordinaire.

On distingue encore le narcisse à longue tige, panaché, chargé de fleurs, & nommé cou de chameau, parce que cette plante représente en quelque sorte le col de cet animal.

Le narcisse aime mieux être élevé de cayeux que de graine ; il fleurit dans le printems. (K)

Narcisse, s. f. (Littérat.) c’étoit, dit Sophocle, la fleur chérie des divinités infernales, à cause du malheur arrivé au jeune Narcisse. On offroit aux furies des couronnes & des guirlandes de narcisse, parce que, selon le commentateur d’Homere, les furies engourdissoient les scélerats : ναρκὴ signifie assoupissement.

Narcisse fons, (Géog. anc.) en grec ναρκίσου πυγὴ ; fontaine d’un village nommé Hédonacon, situé aux confins des Therpiens, selon Pausanias, liv. IX. ch. xxxj. c’est la fontaine où l’on prétendoit que Narcisse se regarda, & entra en admiration de sa figure. Ovide a décrit élégamment cette fable