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nes ont découvert de mysteres, qui avoient échapés aux premiers auteurs qui déchiffrerent l’Art numismatique. Quelque obligation qu’on ait à ceux qui ont rompu la glace, il n’y a point de comparaison entre les lumieres que nous ont donné sur ce sujet, Nonnius, Husius, Erizzo, Strada, Hemmelarius, Occo, Vico, Paruta & leurs semblables, avec ce que nous ont appris, Mezabarba, Patin, Vaillant, Morel, le pere Hardouin, Spanheim, Bellori, Buonarotti, Béger, Haym, de Boze, & quelques autres modernes, qui ont apporté dans l’explication des médailles toute l’érudition & l’exactitude qu’on peut desirer d’excellens antiquaires. (D. J.)

NUMISMATOGRAPHIE, s. f. (Hist.) mot grec, qui signifie la description & la connoissance des médailles & des monnoies antiques, soit d’or, soit d’argent, soit de cuivre. Voyez Médaille & Monnoie.

Fulvius Orsinus, Ant. Augustinus, évêque de Sarragosse, Erizzo, noble vénitien, & Occo, ont beaucoup reussi dans la Numismatographie ; plusieurs auteurs modernes ont pareillement travaillé sur cette matiere avec succès, entre autres les deux Mezzabarbes, Patin, Spanheim, Hardouin, Morel, Vaillant, Joubert, Baudelot, Beger, de Valois, messieurs de Bose, de la Bastie ; & parmi les Anglois Evelyn.

NUMISTRO, ou NUMESTRO, (Géogr. anc.) ville d’Italie chez les Brutiens, dans les terres selon Ptolomée, liv. III. chap. j. quelques-uns croient que c’est aujourd’hui Clocento. (D. J.)

NUMMI BRATENSBURGICI. Voyez l’article Numismales, pierres.

Nummi diabolici. Voyez l’article Numismales & Lenticulaires.

NUMMULAIRE, s. f. (Botan.) c’est l’espece de lysimachie, nommée par Tournefort, lysimachia humifusa, folio rotundiore, flore luteo. J. R. H. Sa racine est traçante ; même fibreuse ; elle pousse plusieurs tiges longues, grêles, anguleuses, & rampantes à terre ; ses feuilles sont opposées deux-à-deux, arrondies, un peu crêpées, vertes-jaunâtres, d’une saveur acidule & astringente. Des aisselles des feuilles sortent des grandes fleurs jaunes, formées en rosette, d’une seule piece, pointues, attachées à des pédicules courts ; dans quelques rameaux on observe trois feuilles, & autant de fleurs à chaque nœud. Quand les fleurs sont tombées, il leur succede de petits fruits sphériques, qui renferment des semences fort menues, & à peine visibles.

Cette plante aime les lieux humides, le long des fossés, le courant des eaux. Elle fleurit depuis le mois de Mai jusques bien avant dans l’été. On remarque qu’elle s’éleve plus ou moins, suivant les terres qui lui sont favorables, & que celle qui se trouve dans les jardins croît plus grande que celle des champs.

Les feuilles de nummulaire sont aigrelettes, styptiques, & rougissent beaucoup le papier bleu. L’acide dont elles abondent, y produit avec la terre un sel alumineux enveloppé d’un peu d’huile, ce qui rend cette plante astringente & vulnéraire ; on s’en sert intérieurement & extérieurement. (D. J.)

Nummulaire, herbe aux écus, (Mat. méd.) cette plante que les Botanistes ont aussi appellée centimorbia, herbe à cent maux, à cause des grandes propriétés qu’ils lui ont attribuées, est pourtant fort peu usitée en Médecine ; c’est une de celles sur l’éloge desquelles un auteur très-moderne de matiere médicale, le continuateur de Geoffroi, a été le plus sobre, quoiqu’il ait bien noté ce nom de centimorbia, & l’origine de ce nom. Voici en substance ce qu’il en dit : « l’herbe aux écus est très-astringente & très-vulnéraire, très propre pour arrêter toute sorte de flux de sang & les fleurs-blanches, & pour

consolider les playes intérieures, les ulceres du poumon, les playes & ulceres de l’extérieur ». Camerarius assure qu’elle est bonne contre le scorbut, bouillie avec le lait. Tragus la conseille bouillie avec du vin & du miel dans les ulceres du poumon ; & dans du lait, contre la dyssenterie & les fleurs-blanches. Mathiole, Schroder, Ettmuller & Rai assurent qu’elle guérit les descentes des petits enfans, étant appliquée extérieurement, & prise en poudre intérieurement à la dose d’un scrupule dans une cueillerée de lait ou de bouillie, une fois le jour, en continuant pendant quelque tems : le suc de cette plante entre dans l’emplâtre oppodeltoch. (b)

NUMMULARIUS, s. m. (Littérat.) ce mot désignoit chez les Romains, non-seulement un banquier ou une personne qui commerçoit en banque, mais encore celui qui apprécioit la valeur des especes, suivant leur poids & leur titre. (D. J.)

NUMMUS ou NUMUS, (Hist. anc.) étoit chez les Romains le nom d’une piece de monnoie, autrement nommée sestertius. Voyez Sesterce.

On l’appelloit aussi quelquefois nummus sestertius. Decem millia nummum, & decem millia sestertium, signifioient chez les Romains la même somme : le petit sesterce, & par conséquent le nummus, valoit deux sols & demi de notre monnoie. Voyez Monnoie.

NUNCIATIO, (Littér.) ce mot latin veut dire en général, l’action d’annoncer une chose ; mais il designoit particulierement chez les Romains la déclaration d’un augure sur ce qu’il avoit observé dans les auspices. Le rapport des mauvais présages par les augures se nommoit obnunciatio, & Cicéron nous apprend que le tribun du peuple fit une loi qui défendoit d’acquiescer aux auspices & aux augures, & de pronostiquer des malheurs futurs, obnunciare, pour rompre les assemblées & les résolutions qu’on y pourroit prendre. (D. J.)

NUNCUPATIF, adj. terme de Jurisprudence, qui ne se dit qu’en parlant d’un testament. Or un testament nuncupatif que Justinien appelle ἄγραφον βούλησιν, voluntatem non scriptam, étoit celui par lequel le testateur nommoit seulement de vive voix l’héritier qu’il vouloit instituer, & les légataires à qui il faisoit des largesses, & cela en présence de sept témoins convoqués pour cet effet ; si le testateur étoit aveugle, il falloit un huitieme témoin, ou un notaire qui rédigeât par écrit la volonté du testateur.

Le testament nuncupatif n’est usité qu’en pays de droit écrit, où il est tenu pour bon ; mais en pays coutumier il est rejetté, à-moins qu’il ne soit testament militaire. Voyez Testament.

NUNDINAL, (Belles-Lettres.) c’est le nom que donnoient les Romains aux huit premieres lettres de l’alphabet, dont ils faisoient usage dans leur calendrier. Voyez Lettre.

La suite des lettres A, B, C, D, E, F, G, H, y étoit écrite disposée en colonne, & répétée successivement depuis le premier jour de l’année jusqu’au dernier. Une de ces lettres marquoit les jours de marché ou d’assemblée qu’on appelloit nundinæ quasi novem dies, parce qu’il revenoit tous les neuf jours.

Le peuple de la campagne, après avoir travaillé huit jours de suite, venoit à la ville le neuvieme jour pour vendre ses denrées, & pour s’instruire de ce qui avoit rapport, soit à la religion, soit au gouvernement.

Lorsque le jour nundinal tomboit, par exemple, sur la lettre A, il arrivoit le 1, le 9, le 17, & le 25 de Janvier, & ainsi de suite de neuf jours en neuf