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Ceux qui lavent les laines ont soin de recueillir cette graisse, qui surnage sur l’eau où ils les lavent, & ils la mettent, après l’avoir fait passer par un linge, dans des petits barils dans lesquels les marchands Epiciers & Droguistes la reçoivent.

Le Berry, la Beauce & la Normandie sont les provinces de France qui fournissent davantage d’œsype, sans doute à cause des nombreux troupeaux qui s’y nourrissent. Les Normands lui donnent le nom de si : en Berry on l’appelle serin, & ailleurs soin.

Cette drogue doit être choisie nouvelle, d’une consistance moyenne, d’un gris de souris, sans saleté, & d’une odeur supportable. Quand elle vieillit elle ressemble à du savon sec, & s’empuantit à l’excès. Cependant elle a une propriété extraordinaire, qui est qu’après un très-long tems & une insupportable puanteur, elle acquiert une odeur agréable & approchant de celle de l’ambre gris.

Œsipe, (Mat. med.) Les anciens pharmacologistes ont attribué, suivant leur usage, beaucoup de vertus à cette graisse, qu’ils ont principalement recommandée contre les douleurs de la rate & de l’estomac, la dureté du foie, & les nodosités des membres ; contre les ulceres du fondement & de la vulve, &c. L’usage de ce remede est absolument aboli. (b)

ŒTA, (Géogr. anc.) longue chaîne de montagnes dans la Grece, qu’elle traverse depuis le pas des Thermophyles jusqu’au golfe d’Ambracie. L’Œta commence aux Thermophyles, au bord du golfe Maliac, & se termine dans la mer, auprès des îles Eschinades. Sophien dit que le nom moderne est Bunina.

Cette montagne de Thessalie, entre le Pinde & le Parnasse, est célebre dans l’histoire grecque, par le pas de Thermophyles, & dans la Fable, par la mort d’Hercule qui s’y brûla : d’où vient que le peuple qui habitoit au pié de l’Œta avoit un culte particulier pour ce héros. Ce mont étoit encore renommé par son hellébore. Enfin, comme le mont Œta se perd dans la mer Égée, qui est à l’extrémité de l’Europe à l’orient, les Poëtes ont feint que le soleil & les étoiles se levoient derriere cette montagne, & que de-là naissoient le jour & la nuit. (D. J.)

ŒTING ou ŒTINGEN, (Géog.) ville d’Allemagne dans la Souabe, avec titre de comté. Long. 28. 20. lat. 48. 52.

Œtingen est la patrie de Wolfius (Jérôme) un des habiles humanistes du xvj. siecle en Allemagne. On Lui doit plusieurs bonnes traductions latines des orateurs grecs & d’autres auteurs. Il mourut de la pierre à Augsbourg en 1580, à 64 ans. Il y a eu plusieurs autres savans hommes de son nom en Allemagne & en Suisse.

Œting ou Ottingen, (Géog.) ville d’Allemagne dans la haute Baviere, sous la jurisdiction de Burckhausen. Elle est sur l’Inn, & se divise en ancienne & en nouvelle. Long. 30. 32. lat. 48. 8. (D. J.)

ŒUF, dans l’Histoire Naturelle, c’est cette partie qui se forme dans les femelles des animaux, & qui, sous une écaille ou écorce qu’on nomme coque, renferme un petit animal de même espece, dont les parties se développent & se dilatent ensuite, soit par incubation, soit par l’accession d’un suc nourricier.

Les especes d’animaux qui produisent des œufs se nomment en particulier ovipares ; & la partie de la femelle dans laquelle l’œuf se forme, se nomme ovaire. Voyez Ovaire.

Comme de tous les œufs ceux des poules ou ceux dont se forment les poulets sont les plus communs & en même tems ceux qui ont été plus observés,

nous dirons quelque chose ici de leur structure & de la maniere dont les poulets s’y engendrent.

La partie extérieure d’un œuf de poule est donc la coque, écorce blanche, mince, friable, qui renferme & garantit toutes les autres parties des injures qu’elles auroient à craindre du dehors. Immédiatement après la coque il y a une membrane commune, membrana communis, qui tapisse toute la cavité de la coque, & qui lui est attachée très-serrée, excepté dans le gros bout de l’œuf, où on découvre entre ces deux parties une petite cavité qui peu-à-peu devient plus considérable. Dans cette membrane sont contenus les deux albumina ou blancs, enveloppés chacun dans sa membrane propre. Dans le milieu du blanc est le vitellus ou jaune, enveloppé aussi particulierement dans son enveloppe ou membrane particuliere : l’albumen extérieur est oblong ou ovale, & il suit la figure de la coque ; l’intérieur est sphérique, & d’une substance plus crasse & plus visqueuse, & le jaune est de la même figure. A chacune de ses extrémités est un chalaza, & les deux ensemble sont comme les poles de ce microcosme : ce sont des corps blancs, denses, dont chacun est composé de trois petits globules, semblables à des grains de grêle joints ensemble. Non-seulement c’est dans ces chalazas que les différentes membranes sont jointes ou attachées ensemble, ce qui fait que les différentes liqueurs se tiennent chacune dans sa place ou sa position respective ; mais ils servent encore à tenir toujours une même partie de l’œuf en en haut, de quelque côté qu’on se tourne. Voyez Chalaza.

Vers le milieu, entre les deux chalazas, sur le côté du jaune & dans sa membrane, est une petite vessie de la figure d’une vessie ou lentille, qu’on appelle en latin cicatricula, & en françois germe, & que quelques auteurs nomment aussi l’œil-de-bœuf, & qui contient une humeur dans laquelle le poulet s’engendre.

Toutes ces parties qu’on distingue dans l’œuf de poule, se trouvent aussi dans les autres œufs : l’une des parties de l’œuf est ce dont l’animal se forme, & le reste est destiné à sa nourriture ; suivant cela, la premiere semence ou stamen du poulet est dans la cicatricule.

L’albumen est le suc nourricier qui sert à l’étendre & à le nourrir jusqu’à ce qu’il devienne gros, & le jaune lui sert de nourriture lorsqu’il est tout-à-fait formé, & même en partie lorsqu’il est éclos ; car il reste après que l’œuf est éclos une bonne partie du jaune, laquelle est reçue dans le ventre du poulet comme dans un magasin, & portée de-là par les appendicula ou canal intestinal, aussi bien que par entonnoir, dans les boyaux, & qui sert comme de lait. Voyez Eclore & Punctum saliens.

Un œuf proprement dit est ce du total dequoi l’animal se forme ; tels sont ceux des mouches, des papillons, &c. qu’Aristote appelle vermiculi.

Il y a entre cette derniere espece d’œufs & la premiere, cette différence, qu’au lieu que ceux de la premiere espece (aussi-tôt que la femelle les a pondus) n’ont plus besoin que de chaleur & d’incubation, sans aucune nourriture extérieure, pour porter le fœtus à sa perfection ; ceux de la derniere espece, après qu’ils sont tombés de l’ovaire dans la matrice, ont besoin des sucs nourriciers de la matrice pour s’étendre & grossir : c’est aussi ce qui fait qu’ils restent plus long-tems dans la matrice que les autres.

La principale différence qui se trouve entre les œufs proprement dits, c’est qu’il y en a qui sont parfaits, c’est-à-dire qu’ils ne manquent d’aucune des parties que nous venons de décrire, lors même qu’ils sont-dans l’ovaire ou dans la matrice ; & d’autres imparfaits, qui n’ont toutes ces parties à-la-fois