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souvent dans les anciennes chartes des rois d’Angleterre : mais il est difficile de déterminer la quantité de terre signifiée par ce terme. Tout ce que nous en savons de positif, c’est que l’on entendoit par là une grande quantité ou étendue de terrein, comme pouroient faire douze modii ; & quelques-uns conjecturent que chaque modius pouvoit faire cent piés en quarré.

ONCHESTE, (Géogr. anc.) ογχήστις, ville de Grece dans la Béotie, que Strabon dit être une des villes qui bordoient le Copaïs ; ce n’étoit d’abord qu’un bois consacré à Neptune, ce qui fit qu’on nomma du même nom divers bois de la Grece consacrés à ce dieu. (D. J.)

ONCHISMUS, (Géogr. anc.) ὀγχισμὸς dans Ptolomée & dans Strabon. Ὀγχισμὸς étoit un port qu’on trouvoit après ceux de Buthrote & de Cassiope. Un passage de Cicéron tiré du liv. VII. des lettres à Atticus, nous le confirme. Voici ce qu’il dit : Brundusium venimus 7 kal. Decemb. usi tuà felicitate navigandi ; ita bellè nobis flavit ab Epiro lenissimus Anchesmites : « Nous sommes arrivés à Brindes le 7 des kal. de Décembre, c’est-à-dire le 25 de Novembre, notre navigation a été aussi heureuse que la vôtre, à la faveur du vent anchesmites, qui s’est levé du côté de l’Epire, & qui nous a poussé agréablement ». Ainsi ce port qui s’est appellé dans la suite Onchesmus ou Onchismus se nommoit autrefois Anchesmus ou Anchismus, lorsque le mot n’étoit point encore si corrompu ; c’est pourquoi le vent qui souffloit de ce côté-là se nommoit Anchesmites. Nous avons donc dans cette remarque & le port que désigne Denys d’Halycarnasse, autrefois nommé port d’Anchise, & ce que veut dire Cicéron par le vent Anchesmite. Le port Onchesmus étoit un port de l’Epire entre Panorme & Cassiope ; & le vent Onchesmite ou Anchesmite étoit le vent propre à passer de ce port en Italie. (D. J.)

ONCIAL, s. m. & adj. (Antiq.) épithete que les antiquaires donnent à certaines lettres ou caracteres d’une figure fort large dont on se servoit autrefois non seulement pour les inscriptions & les épitaphes, mais encore pour les manuscrits, puisque dans les fameuses bibliotheques on en trouve d’écrits en lettres onciales.

Ce mot est formé du latin uncia qui signifie la douzieme partie d’une chose, & qui en mesure géométrique, revient à la douzieme partie d’un pié, c’est-à-dire à un pouce, ensorte qu’on croit que le corps ou le tronc des lettres onciales avoit la largeur d’un pouce.

Dans le voyage que M. l’abbé Sevin fit à Constantinople en 1729, par ordre du roi, le prince de Valachie, fils du fameux Mauro Cordato, lui fit présent d’un manuscrit en lettres onciales, qui contient des paralleles tirés de divers traités des peres, & qu’on croit avoir servi de modele à celui que Saint Jean Damascene nous a donné dans le même goût. Ce manuscrit est à la bibliotheque du roi.

ONCLE, s. m. (Jurispr.) est une qualité relative à celle de neveu & niece, & qui annonce le degré de parenté qui est entr’eux : ils sont au troisieme degré selon le droit civil, & au second selon le droit canon ; ainsi l’oncle ne peut épouser sa niece sans une dispense obtenue en cour de Rome. Sur la maniere dont les oncles succedent avec les neveux, Voyez ci-devant Neveu. (A)

ONCTION, s. f. (Théolog.) en matiere de religion, signifie un caractere particulier, un caractere qui tire certaines personnes du rang ordinaire des choses ; & les consacre d’une maniere particuliere, soit par rapport au sacré, soit par rapport au profane.

1°. Par rapport au sacré, on voit dans l’Ecriture

que Jacob allant en Mésopotamie, oignit d’huile la pierre sur laquelle il avoit reposé, & où Dieu lui avoit fait avoir une vision, Genes. xxviij. Cette onction étoit une espece de consécration de cette pierre, pour devenir un autel dédié au Seigneur. C’est encore, dans le même sens, qu’aujourd’hui les évêques font des onctions sur les murs des églises qu’ils dédient, & sur les pieres destinées à mettre sur l’autel pour la célébration de la messe.

Dans les contrées orientales, où l’huile & les aromates étoient communs, on avoit coutume autrefois de distinguer du commun les personnes destinées a des fonctions sacrées ou à des usages extraordinaires, par des onctions, c’est-à-dire en les frottant d’onguens composés d’huile & d’aromates, ce qui marquoit l’effusion des dons nécessaires à ces personnes pour s’acquitter dignement des fonctions de leur charge, comme aussi l’attente où l’on étoit que ces personnes répondroient à la haute idée que l’on avoit conçue de leur mérite. De ce nombre on peut compter dans l’ordre de la religion, les prêtres & les prophetes. Voyez l’art Œcon. pol..

L’onction que reçut Aaron avec ses fils, influa sur toute sa race, qui par-là devint consacrée à Dieu & dévouée à son culte. On peut voir les cérémonies de cette consécration dans le Lévitique, c. viij.

Plusieurs croient qu’Aaron reçut l’onction sur la tête ; que pour ses fils, on ne leur oignit que les mains ; & que quant aux lévites, on ne leur donna aucune onction. Les rabbins ajoutent que tant que l’huile composée par Moïse dura, on oignit les souverains pontifes, mais qu’ensuite on se contenta d’installer le grand-prêtre, en le revêtant pendant sept jours de suite de ses habits sacrés. Les grands-prêtres reçus de la premiere maniere s’appelloient sacrificateurs oints, & celui qui avoit été simplement installé par la cérémonie des habits, initié par les habits.

Il est parlé aussi dans l’Ecriture de l’onction des prophetes, mais on n’a aucune connoissance de la maniere dont elle se faisoit ; on doute même qu’on leur ait réellement donné l’onction. Ainsi Elie est envoyé pour oindre Elisée prophete en sa place : Eliseum unges prophetam pro te, Reg. xxx. Mais dans l’exécution, il ne fait autre chose à Elisée que de lui mettre son manteau sur les épaules, d’où il s’ensuit qu’à cet égard le mot d’onction ne signifie ici qu’une simple vocation ou destination à la prophétie. Dans l’Église romaine on consacre, par des onctions, le pouce & l’index de chaque main des ordinands qui sont promus à la prêtrise.

Outre cela, dans la loi nouvelle, les catholiques reconnoissent trois sacremens où l’onction a lieu : savoir, le baptême où l’onction se fait sur le sommet de la tête, sur la poitrine & entre les deux épaules du baptisé ; la confirmation où elle se fait sur le front ; & l’extrême-onction qu’on donne aux agonisans sur cinq parties du corps, qu’on regarde comme les organes des cinq sens par lesquels ils ont péché ou pu pécher. Voyez Baptême, Confirmation, Extrème-Onction.

2°. Par rapport au profane ; c’est-à-dire, en tant qu’elle n’a pas un rapport direct à la religion ni au ministere des autels, l’onction a eu lieu par rapport aux rois. Nous en voyons distinctement la pratique dans l’histoire sainte. Samuel donne l’onction à Saül : Tulit Samuel lenticulam olei, & effudit super caput ejus. I. Reg. c. xj. 1. Le même prophete donne l’onction royale au jeune David : Tulit Samuel cornu olei, & unxit eum in medio fratrum ejus. I. Reg. c. xvj. Salomon fut oint par le grand-prêtre Sadoc & par le prophete Nathan. III. Reg. c. j.

Mais dans la loi nouvelle, les auteurs regardent l’onction des rois comme introduite long-tems après