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tage, en maniere de julep. Quelquefois on ajoute du lait sur la fin de l’ébullition. Si le malade a besoin d’une nourriture plus abondante, rafraichissante & humectante, on fait bouillir de l’orge avec un poulet, ou avec du veau ; ou bien après avoir laissé bouillir long-tems l’orge dans de l’eau, on y ajoute du bouillon de viande, on le passe, & on le prend avec la crême d’orge. (D. J.)

Orge perlé, (Agricult.) c’est de l’orge dépouillé de sa premiere enveloppe. Cet orge ne differe de l’orge mondé, qu’en ce qu’il a passé deux ou trois fois par le moulin, pour y être broyé & rendu plus petit. On choisit l’orge perlé le plus blanc, & celui au côté duquel on voit de la fleur attachée. On fait quelquefois l’orge perlé avec le millet ; & d’autres fois avec le froment : de quelque maniere qu’on le fasse il est très-nourrissant.

Cet orge ainsi préparé n’est peut-être pas fort différent de ce que les anciens appelloient crimnus : car κρίμνον, selon Galien, est la partie la plus grossiere de la farine, laquelle se trouve la plus grosse, quand on a brisé l’orge qui a échappé à la meule, & que l’on passe au travers d’un crible dont les trous sont grands. Les Allemands en font des bouillies, tantôt avec de l’eau, tantôt avec du lait, & quelquefois avec du bouillon de viande.

Orge, grain d’, (Tisserander. Imprim.) on appelle futaine à grains d’orge, une sorte de futaine ouvragée, sur laquelle le tisserand a relevé des façons assez semblables au grain de l’orge. Les Ciseleurs appellent grain d’orge, de petits ciselets dont la pointe est ronde & fort aigue. Les Imprimeurs donnent aussi le nom de grain d’orge, aux caracteres en lozange, qui leur servent à imprimer les notes du plain chant qui doivent être breves.

Orge, (Géog. anc.) fontaine de Gaule dans la province Narbonnoise. Pline, l. XVIII. ch. xxij. dit qu’il croissoit dans son eau une herbe dont les bœufs étoient si friands, qu’ils y plongeoient la tête pour en attraper. Cette fontaine a presque conservé son nom, car on la nomme aujourd’hui sorque. Voyez Sorque. (D. J.)

ORGEADE, s. f. (Diete.) hordeatum, est un remede liquide, composé avec de l’orge que l’on fait cuire jusqu’à ce qu’il creve. On y ajoute quelquefois d’autres ingrédiens, comme des semences froides, des amandes & autres choses semblables.

ORGEAT, s. m. (Diete.) dans le langage ordinaire des Limonadiers & de l’office, ce mot signifie la même chose qu’émulsion en langage de Pharmacie. Voyez Émulsion.

L’orgeat peut seulement différer de l’émulsion, en ce que étant uniquement destiné à flatter le goût, on se propose plutôt de le rendre agréable que salutaire. C’est pourquoi il est ordinairement plus sucré, plus fort ou chargé, & plus parfumé que l’émulsion. On fait entrer aussi dans la composition de l’orgeat environ un huitieme d’amandes ameres ; au lieu que dans l’émulsion on n’emploie que les amandes douces. Mais on peut avancer avec confiance, qu’excepté peut-être le cas d’inflammation actuelle de l’estomac & des intestins, l’orgeat le plus agréable est aussi salutaire qu’une émulsion plus fade, & qu’ainsi on peut accorder aux malades l’innocente consolation d’une boisson plus gracieuse, dans les cas ordinaires où l’émulsion des boutiques est indiquée. Voyez Émulsion. (b)

Orgeat, sirop d’, (Pharmacie & Mat. med.) prenez amandes douces mondées, une livre ; amandes ameres, demi-once ou une once ; sucre blanc, environ demi-livre : pilez les amandes avec ce sucre dans un mortier de marbre avec le pilon de bois, versant peu-à-peu suffisante quantité d’eau commune pour faire une émulsion très-chargée : passez &

exprimez. Vous devez avoir environ une livre & demie de liqueur. Mettez votre colature dans un vaisseau d’argent, de porcelaine ou d’étaim, avec une livre & demie de sucre, que vous ferez fondre au bain-marie ; ajoutez au sirop refroidi, deux gros de bonne eau de fleur d’orange.

Remarquez qu’on n’a employé dans la préparation de ce sirop, que deux livres de sucre, sur une livre & demie de liqueur ; tandis que la proportion du sucre aux liqueurs aqueuses, pour la consistence sirupeuse, ou le point de saturation, est de deux parties de sucre contre une de liqueur. Mais dans le sirop d’orgeat, l’eau est occupée en partie par la matiere émulsive, en sorte que la dose de sucre que nous avons prescrite peut être même plus que suffisante pour charger cette liqueur au point de saturation ; mais il vaut mieux employer trop de sucre, que de n’en point employer assez. L’excès n’a d’autre inconvénient que de laisser du sucre inutile dans le vaisseau où on le fait fondre. Ce sucre superflu se sépare d’ailleurs fort aisément en versant le sirop par inclination, au lieu que la trop petite proportion de sucre rend encore plus sujette à s’altérer cette préparation qui y est dejà fort portée de sa nature.

Orgeat, sirop d’. Le sirop d’orgeat est ainsi appellé, parce qu’on demande dans les pharmacopées une décoction d’orge au lieu de l’eau commune. Mais cette décoction nuit à l’agrément, sans ajouter à la vertu. Aussi tous les artistes, qui savent évaluer d’après la pratique les lois dictées par la spéculation, se gardent bien d’employer de la décoction d’orge à la préparation du sirop d’orgeat ; & il n’est pas aisé de décider, si cette infidélité est plus blâmable chez le ministre, que la charlatanerie ou la routine chez le législateur.

Une once de sirop d’orgeat étendue dans huit ou dix onces d’eau, fait une émulsion ordinaire. Ce sirop sert donc à préparer une émulsion sur le champ. Or, comme l’émulsion préparée avec le sirop d’orgeat, a exactement les mêmes vertus que l’émulsion tirée immédiatement des semences émulsives, à cela près seulement qu’elle est nécessairement très-sucrée ; on peut user sans scrupule dans la plupart des cas de la commodité que fournit le sirop d’orgeat. Voyez Émulsion. (b)

ORGÉNOMESCI, (Géog. anc.) anciens peuples d’Espagne qui faisoient partie des Cantabres, selon Pline, l. IV. ch. xx. Le pere Hardouin leur donne la côte d’Asturée, depuis Santilane, jusqu’à l’Asta qui coule à Oviedo. (D. J.)

ORGEOLET ou ORGUEIL, s. m. (Chirurgie.) maladie des paupieres. Petite tumeur circonscrite, renitente, qui vient sur le bord des paupieres, tout auprès des cils. Elle s’échauffe, devient rouge, & se termine par suppuration. On l’appelle orgeolet, parce qu’elle est à-peu-près de la grosseur d’un grain d’orge. C’est une espece de clou ou de furoncle, qui vient originairement de l’obstruction des glandes sébacées ; aussi en arrive-t-il plus familierement à ceux qui ont eu des inflammations aux paupieres. Ce bouton est sans danger, il parcourt ordinairement en 15 Jours ses différens tems. Une mouche couverte d’emplâtre dyachileon gommé accélere la suppuration. Si l’inflammation excitoit beaucoup de douleur, il faudroit bassiner l’œil plusieurs fois par jour avec une décoction émolliente. Il est rare qu’on soit obligé d’aider par une très-petite incision avec la pointe d’une lancette, la sortie de l’humeur. Cette petite opération d’ailleurs n’a aucun inconvénient, & si elle n’est pas faite prématurement, elle peut empêcher le pus de s’épaissir & de former un durillon, difficile à résoudre à la circonférence du bouton. (Y)