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écrit contre le christianisme ont donné par mépris & par dérision aux disciples de Jesus-Christ, & à Jesus-Christ lui-même, parce qu’il étoit de Nazareth, petite ville de la basse Galilée. (O)

NAZARETH, (Géogr.) ce lieu, célebre par la demeure de Jesus-Christ jusqu’aux dernieres années de sa vie, n’est plus aujourd’hui qu’un petit village composé d’une soixantaine de maisons de pauvres gens tous habillés de toile. Il est sur le penchant d’une montagne, environnée d’autres petites collines : les religieux de saint François y ont un couvent. Long. 53. 15. lat. 32. 30.

Nazareth, du tems de Jesus-Christ, étoit une petite ville de la Palestine dans la tribu de Zabulon, au couchant du Thabor, & à l’orient de Ptolémaïde. Saint Epiphane dit que de son tems Nazareth n’étoit plus qu’une bourgade, uniquement habitée par les Juifs. Nous ne manquons pas de voyageurs qui ont eu la curiosité de s’y rendre dans le dernier siecle, & qui l’ont décrite : tels sont le pere Nau & Doubdan dans leur voyage de la Terre-sainte. Voyez aussi Coppin, Voyage de Phénicie. (D. J.)

NAZER, (Histoire mod.) c’est le nom d’un des grands officiers de la cour du roi de Perse, dont la dignité répond à celle du grand-maître de sa maison.

NAZIANCE, (Géog. anc.) petite ville d’Asie dans la Cappadoce, au voisinage de Césarée, dont elle fut suffragante, & depuis érigée en métropole.

Elle est illustrée dans l’Histoire ecclésiastique par toute la famille de saint Grégoire, pere, mere, fils, & fille. Saint Grégoire le pere en fut évêque & y mourut, & sainte None sa femme y fut enterrée auprès de lui. Ils eurent pour enfans, 1°. saint Grégoire fils aîné dont nous parlerons tout-à-l’heure ; 2°. saint Césaire le puîné, qui finit ses jours à Constantinople, mais dont le corps fut rapporté dans le tombeau de la sainte famille ; 3°. sainte Gorgonie leur sœur qui mourut en Isaurie.

Saint Grégoire fils aîné, surnommé saint Grégoire de Naziance, est regardé comme un des plus doctes, & des premiers peres de l’église grecque. Il vint au monde vers l’an 328 de Jesus-Christ, fit ses études à Athènes avec saint Basile son intime ami, s’acquit ensuite une grande célébrité par sa doctrine, & mourut en 391.

Ses Œuvres qui composent cinquante-cinq sermons ou discours, un grand nombre de lettres, & plusieurs pieces de poésie, ont été imprimées en grec & en latin à Paris en 1609, in-fol. 2 volumes. Erasme, M. Dupin, & plusieurs autres théologiens, font de grands éloges de la piété & de l’éloquence de ce pere de l’Eglise. Ils desirent cependant qu’il eût mis plus d’ordre dans sa morale, & qu’il eût évité les antithèses & similitudes trop fréquentes, les pointes & les jeux de mots ; mais ce goût de décadence étoit celui de son tems. M. de Fenelon, archevêque de Cambray, remarque, que les écoles d’Athènes étoient entierement déchues, quand saint Basile & saint Grégoire y allerent, & qu’ayant été instruits par les mauvais rhéteurs de cette ville, ils avoient été nécessairement entraînés dans le préjugé dominant sur la maniere d’écrire.

Au reste, personne n’a mieux connu que saint Grégoire de Naziance, les abus qui regnent dans les synodes & conciles, comme on en peut juger par sa réponse à une invitation qu’on lui fit d’assister à un concile solemnel d’évêques qui devoit se tenir à Constantinople. « S’il faut (répond-il) vous écrire la vérité, je suis dans la résolution de fuir toute assemblée d’évêques, parce que je n’ai jamais vû aucun synode qui ait eu un bon succès, & qui n’ait plûtôt augmenté le mal que de le diminuer ; l’esprit de dispute & celui de domination (croyez

que j’en parle sans fiel) y sont plus grands qu’on ne sauroit l’exprimer ; mais les paroles originales » valent bien mieux que ma traduction : les voici. Ἐγὼ μέν οὕτως, ἐι δεῖ τἄληθὲς γράφειν, ᾣστε πάντα σύλλογον-φεύγειν Ἐπισκόπων, ὅτι μηδεμίας Συνόδου τέλος εἶδον κρηστόν : μηδὲ λύσω καχῶν μᾶλλον έσχεκυίαι, ἢ προθήκην. Αἰ γαρ φιλονεικίαι καὶ φιλαρχίαι (ἀλλ᾽ ὅπως μήτε φορτικὸν ὑπολάϐης οὔτω γράφοντἀ) καὶ λόγου κρείττονες, &c. Ep. lv. tom. I. pag. 814. B.

Il falloit que le mal fût alors bien grand dans les assemblées ecclésiastiques, car on trouve les mêmes protestations & les mêmes plaintes de S. Grégoire répétées ailleurs avec encore plus de force. « Jamais (dit-il dans une de ses poésies) je ne me trouverai dans aucun synode ; on n’y voit que division, que querelles, que mysteres honteux, qui éclatent dans un même lieu, avec des hommes que la fureur domine ».

Ἔνθ’ ἔρις, ἔνθα μόθος τε, αὶ ἄισχια κρυπτὰ πάροιθεν,
Ἔις ἓνα δυσμένεων χῶρον ἀγειρόμενα.
. (D. J.)

NAZIERE, s. f. terme de Pêche, c’est un lieu où l’on tend des nazes pour prendre du poisson.

NAZIR ou NEZIR, s. m. (Hist. anc.) terme de dignité ou d’honneur parmi les anciens hébreux. Le patriarche Jacob, dans les dernieres bénédictions qu’il donne à Joseph son fils bien aimé, lui dit : que les bénédictions de votre pere viennent sur la tête de Joseph, sur la tête de celui qui est comme le nazir de ses freres. Genn. xlix. 26. Ce même mot nazir signifie une couronne, ou celui qui est couronné, honoré, séparé, choisi, distingué. Dans l’Orient, selon Chardin, nesir est un nom de dignité, il signifie le surintendant général de la maison du roi de Perse ; c’est le premier officier de sa couronne, le grand économe de son domaine, de sa maison, & de ses trésors. Il a l’inspection sur les officiers de la maison du roi, sur sa table, sa garde, ses pensions : c’est-à-peu près ce que les anciens Perses appelloient les yeux du roi, selon Xénophon Cyroped. liv. VIII. Moyse donne aussi à Joseph le nom de nazir dans le Deutéronom. xxxiij. 16. peut-être parce que ce patriarche avoit eu la principale part dans le gouvernement de l’Egypte. Calmet, Dictionnaire de la Bible, tome III. pag. 22. (G)

N E

NÉA, (Géog. anc.) nom, 1°. d’une ville d’Egypte, au voisinage de la ville de Chemnis ; 2°. d’une ville de la Troade selon Pline, liv. II. chap. 96. 3°. une île de la mer Egée, entre Lemnos & l’Hélespont ; 4°. d’une ville de Sicile, que Pline & Cicéron appellent Netini : quelques-uns croient que c’est aujourd’hui Notir, & d’autres que c’est Ninir.

NEÆTHUS, (Géog. anc.) fleuve de la grande Grece, dans le territoire de Crotone, & qui avoit son embouchure dans le golfe de même nom : Théocrite en parle, & Ovide le surnomme Salentinum.

NÉANE, ou NÉYN, ou NYN, (Géog.) riviere d’Angleterre. Elle a sa source dans le Northamptunshire qu’elle traverse. Voyez Neyn. (D. J.)

NÉANT, RIEN, ou NÉGATION, (Métaphys.) suivant les philosophes scholastiques, est une chose qui n’a point d’être réel, & qui ne se conçoit & ne se nomme que par une négation.

On voit des gens qui se plaignent qu’après tous les efforts imaginables pour concevoir le néant, ils n’en peuvent venir à bout. Qu’est-ce qui a précédé la création du monde ? qu’est-ce qui en tenoit la place ? Rien. Mais le moyen de se représenter ce rien ? Il est plus aisé de se représenter une matiere éternelle. Ces gens là font des efforts là où il n’en faudroit point faire, & voilà justement ce qui les