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embarrasse, ils veulent former quelque idée qui leur représente le rien ; mais comme chaque idée est réelle, ce qu’elle leur représente est aussi réel. Quand nous parlons du néant, afin que nos pensées se disposent conformément à notre langage, & qu’elles y répondent, il faut s’abstenir de représenter quoi que ce soit. Avant la création Dieu existoit ; mais qu’est-ce qui existoit, qu’est-ce qui tenoit la place du monde ? Rien ; point de place ; la place a été faite avec l’univers qui est sa propre place, car il est en soi-même, & non hors de soi-même. Il n’y avoit donc rien ; mais comment le concevoir ? Il ne faut rien concevoir. Qui dit rien déclare par son langage qu’il éloigne toute réalité ; il faut donc que la pensée pour répondre à ce langage écarte toute idée, & ne porte son attention sur quoi que ce soit de représentatif, à la vérité on ne s’abstient pas de toute pensée, on pense toujours ; mais dans ce cas-là penser c’est sentir simplement soi-même, c’est sentir qu’on s’abstient de se former des représentations.

Néant, (Jurisprud.) est un terme de pratique qui sert à exprimer qu’une procédure est rejettée ; les cours souveraines mettent l’appellation au néant quand elles confirment la sentence dont est appel ; quand elles l’infirment, elles mettent l’appellation & ce au néant. En matiere de grand criminel elles ne mettent pas au néant, elles prononcent qu’il a été bien jugé, mal & sans grief appellé ; les juges inférieurs ne peuvent pas se servir de ces termes, au néant, ils doivent seulement prononcer par bien ou mal jugé.

Au conseil du roi, quand une requête en cassation est rejettée, on met sur la requête néant. Voyez Appel, Infirmer, Sentence. (A)

NÉAPOLIS, (Géog. anc.) il y a plusieurs villes de ce nom dans les anciens auteurs, 1°. Néapolis en Macédoine ; 2°. Néapolis ville de la Carie : 3°. Néapolis ville de Grece en Ionie selon Strabon, entre Samos & Ephèse ; 4°. Néapolis ville d’Asie dans l’Isaurie selon Suidas ; 5°. Néapolis ville d’Egypte dans la Thébaïde ; 6°. Néapolis ville de la Pisidie ; 7°. Néapolis ville de l’île de Sardaigne sur la côte occidentale ; 8°. Néapolis ville de la Colchide, 9° Néapolis ville de la Cyrenaïque ; 10°. Néapolis ville de l’Asie propre dans la Lydie ou dans la Mœonie : voilà les principales. (D. J.)

Néapolis, (Géog. anc.) ville de Macédoine où saint Paul arriva en venant de l’ile de Samothrace, & alla de-là à Philippes : cette ville qui est toute voisine des frontieres de la Thrace, se nomme aujourd’hui Napoli. Voyez Napoli.

NÉASTRON, mot barbare inventé par Paracelse, par lequel il veut exprimer le mouvement des quatre élémens dans les corps élémentés, c’est-à-dire dans les corps qui résultent de leur combinaison, d’où il arrive que les élémens s’étant répandus, divisés en rameaux & fixés dans certains endroits, il y a des parties qui sont exposées au néastron ou mouvement du feu ; d’autres au néastron de l’eau, de l’air, de la terre, &c. Paracelse a aussi employé ce mot pour signifier la maladie des élémens. Voyez la table 9°. de generat. febr. & Castell. lexic.

NÉAPOLITAIN, onguent, (Matiere méd.) c’est un des noms qu’on donne à l’onguent mercuriel. Voyez sous le mot Mercure.

NÉATH, (Géog.) petite ville ou bourg d’Angleterre dans le Glamorgan-Schire, sur la riviere de même nom à la gauche, & près de Landaff : quelques savans croient que c’est l’ancienne Nidum, cité des Silures. Long. 14. 25. lat. 51. 22.

Néath, (Géog.) riviere d’Angleterre ; elle a sa source dans le South-Walles, traverse Glamorganshire, mouille la ville de Néath, & va se jetter un

peu au-dessous dans le canal de saint George.

NÉBAHAS, (Histoire de l’Idolâtr.) idole des Hévéens, dont il est parlé au liv. IV. des Rois xvij. 31. Porro Hevæi fecerune Nebahæ & Tarthæ ; les rabins croient que cette idole étoit taillée comme l’Anubis des Egyptiens. (D. J.)

NEBEL, s. m. (Hist. anc.) mesure hébraïque qui contenoit trois bathes, c’est-à-dire quatre-vingt-sept pintes, chopine, demi-septier, deux pouces cubes & cette fraction de pouces, mesure de Paris ; suivant l’évaluation qu’en donne le pere Calmet, à la tête de son Dictionnaire de la Bible. (G)

NEBELLOCH, (Hist. nat.) ce mot est allemand, il signifie trou des brouillards. On nomme ainsi une caverne fameuse située dans le duché de Wirtemberg, près de la ville de Pfulingen ; on y voit un grand nombre de stalactites & de concrétions pierreuses, à qui l’imagination fait attribuer des formes que la nature n’a fait qu’ébaucher grossierement. Cette caverne a beaucoup d’étendue & ressemble beaucoup à celle de Baumann & aux autres grottes remplies de concrétions. Voyez Grotte. (—)

NÉBO, voyez NABO.

NÉBOUZAN le, (Géog.) petit pays du gouvernement de Guienne dans la Gascogne, le long du pays de Cominges ; Saint-Gaudens en est la capitale, les états du pays s’y tiennent.

NÉBRISSA ou NABRISSA, Géog. anc.) ville d’Espagne dans la Boetique, sur la branche orientale du Bœtis ; mais cette branche s’étant bouchée avec le tems, Nébrissa se trouve aujourd’hui à deux lieues du fleuve Guadalquivir ; on la nomme maintenant Lébrixa. Voyez ce mot. (D. J.)

NEBRITES, s. f. (Hist. nat.) nom que les anciens donnoient à une pierre dont on ne connoît point la nature ; on nous apprend seulement qu’elle étoit rougeâtre ou d’un jaune brun comme la peau de faunes ou satyres, & qu’elle étoit consacrée à Bacchus : cependant Pline dit que cette pierre étoit noire.

NÉBRODES, (Géog. anc.) montagne de la Sicile ; Strabon écrit Neurodes. Silvius Italicus fait mention de cette montagne en ces termes :

Nebrodes gemini nutrit divortia fontis,
Quo mons Sicaniæ non surgit ditior umbræ
.


(D. J.)

NÉBULÉ, adj. en terme de Blason, se dit d’un écusson chargé de plusieurs petites figures en forme de nuées qui passent les unes dans les autres, ou quand la ligne extérieure d’une bordure ou d’une piece est dentelée ou ondée.

Girolami à Florence, coupé nébulé d’argent & de gueules.

NÉBULEUX, adj. il se dit du ciel lorsqu’il est obscurci par des nuages.

Nébuleux, s. m. (Astronom.) terme qu’on applique dans l’Astronomie à quelques étoiles fixes, d’une lumiere pâle & obscure ; elles sont plus petites que celles de la sixieme grandeur, & par conséquent difficiles à distinguer à la vûe simple ; tout-au-plus on les voit comme de petits nuages, ou de petites taches obscures.

Avec un médiocre télescope ces nébuleuses se voient facilement ; elles paroissent d’une matiere à peu-près semblable à la voie lactée ou galaxie. Voyez Étoile & Galaxie.

Dans la nébuleuse appellée præsepe, qui est à la poitrine du cancer, on a compté jusqu’à trente-six petites étoiles, dont il y en a trois que M. Flamsted a mis dans son catalogue. Voyez Cancer.

Dans la nébuleuse d’orion on en a compté vingt-une. Le pere le Comte ajoute, que dans la constel-