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qui avoient été immolés dans les sacrifices des anciens Celtes. Mais tous ces sentimens n’ont guere de probabilité ; & il y a lieu de croire que les animaux à qui ces ossemens ont appartenu, ont été ensevelis en terre par quelque révolution arrivée à cette partie du continent.

Près d’Etampes il se trouve un amas d’ossemens de différentes grandeurs, très-semblable à celui de Canstadt qui vient d’être décrit.

Les ouvrages des Naturalistes sont remplis d’exemples de pareils ossemens qui se sont trouvés enfouis dans la terre à différentes profondeurs, & dans différens pays. En 1672 on trouva à Cambourg en Thuringe, & en 1685, près de Hildbourghasen, quelques dents d’éléphans ; & même en 1695 on déterra près de Tonna en Thuringe, un squelette entier d’éléphant, avec quatre dents molaires, & deux défenses chacune de huit piés de longueur. Les Miscellanea Berolinensia parlent du squelette d’un crocodile qui fut trouvé dans les mines de la Thuringe. Dans la grotte de Baumann, & dans celle de Schartzfeld, près du Hartz, on rencontre des vertebres, des côtes, des omoplates, & une grande quantité d’ossemens de toute espece. A l’égard des os de mammoth, nous en avons parlé assez au long à l’article Ivoire fossile.

On voit dans l’Histoire de l’Académie des Sciences de l’année 1719, qu’on trouva en Gascogne un amas considérable d’ossemens de différentes grandeurs, qui furent mis à découvert par la chûte d’un rocher ; il y avoit des dents, des os de cuisses & de jambes, & même un fragment de bois de cerf ou d’élan. On verra une énumération assez longue des différens ossemens d’éléphans & d’autres animaux, trouvés en Angleterre & dans beaucoup d’autres pays, dans un mémoire du célebre chevalier Hans Sloane, inséré dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences, année 1727.

En Angleterre, dans la province de Derbyshire, en fouillant pour découvrir une mine de plomb, on trouva en 1744 un squelette humain, ainsi que des bois de cerf. Ces ossemens étoient recouverts d’une pierre très-dure, au point de faire feu contre les outils des ouvriers ; de sorte qu’ils paroissoient avoir été logés dans une cavité qui étoit dans cette pierre. Voyez les Transactions philosoph. n. 475. On voit aussi à Rome, dans la villa Ludovisia un amas d’ossemens humains, qui sont recouverts d’une incrustation pierreuse, sans être eux-mêmes changés en pierre. Voyez les Transactions philosoph. n. 477.

On a trouvé en Champagne, dans une carriere qui est auprès du village de Lieucoton, distant de trois lieues de Langres, un squelette humain entier, d’une grandeur extraordinaire, dont le femur ou l’os de la cuisse avoit près de deux piés de longueur ; ce squelette se trouva pris entre deux bancs de pierre dont il étoit enveloppé. (—)

OSSERY ou OSSERI, (Géog.) petite contrée d’Irlande, dans la province de Leinster, partagée en deux par la riviere de Nure.

OSSEUX, euse, adj. qui est de la nature de l’os.

OSSICULE. Voyez Noyau.

OSSIFICATION, s. f. s’OSSIFIER, v. neut. (Physiolog.) c’est la formation des os en longueur, en grosseur, & en solidité, par le secours des sucs nourriciers qui y arrivent, les développent, les alongent, augmentent leur épaississement & leur dureté, jusqu’à ce qu’enfin n’étant plus capables d’admettre les sucs nécessaires à leur nutrition, ils s’alterent dans leur substance, & rendent inévitable le dépérissement de la machine. Mais comment se fait l’ossification ? c’est un mystere dont la connoissance nous est cachée, & sur lequel on n’a donné que des

conjectures ; voici celles que je crois les plus vraissemblables.

On peut considérer les os dans leur origine comme autant de petits tuyaux creux revêtus d’une fine pellicule en-dehors & en-dedans. Cette double pellicule ou membrane fournit la substance qui doit devenir osseuse, ou le devient elle-même en partie ; car le petit intervalle qui est entre ces deux membranes, c’est-à-dire, entre le périoste intérieur & le périoste extérieur, devient bien-tôt une lame osseuse.

Dans les premiers tems les os du fœtus ne sont encore que des filets d’une matiere ductile, que l’on apperçoit aisément & distinctement à-travers la peau & les autres parties extérieures, qui sont alors extrémement minces, & presque transparentes. L’os de la cuisse, par exemple, n’est qu’un petit filet fort court, qui contient une cavité. Ce petit tuyau creux est fermé aux deux bouts par une matiere ductile, & il est revêtu à sa surface extérieure & à l’intérieure de sa cavité de deux membranes composées dans leur épaisseur de plusieurs plans de fibres toutes molles & ductiles ; à mesure que ce petit tuyau reçoit des sucs nourriciers. Les deux extrémités s’éloignent de la partie du milieu ; cette partie reste toujours à la même place, tandis que toutes les autres s’en éloignent peu-à-peu des deux côtés ; elles ne peuvent s’éloigner dans cette direction opposée sans réagir sur cette partie du milieu : les parties qui environnent ce point du milieu prennent donc plus de consistance, plus de solidité, & commencent à s’ossifier les premieres.

L’intervalle des deux périostes devient osseux dans la partie du milieu de la longueur de l’os ; ensuite les parties qui avoisinent le milieu sont celles qui s’ossifient, tandis que les extrémités de l’os, & les parties qui avoisinent ces extrémités, restent ductiles & spongieuses. Et comme la partie du milieu est celle qui est la premiere ossifiée, elle ne peut plus s’étendre ; il n’est pas possible qu’elle prenne autant de grosseur que les autres. La partie du milieu doit donc être la partie la plus menue de l’os ; car les autres parties & les extrémités ne se durcissant qu’après celle du milieu, elles doivent prendre plus d’accroissement & de volume ; c’est par cette raison que la partie du milieu des os est plus menue que toutes les autres parties, & que les têtes des os qui se durcissent les dernieres, & qui sont les parties les plus éloignées du milieu sont aussi les plus grosses de l’os.

Indépendamment de cet accroissement en longueur, l’os prend en même tems un accroissement en grosseur qui se fait ainsi ; la premiere lame osseuse est produite par la partie intérieure & le périoste extérieur. Il s’en forme bien tôt deux autres qui se collent de chaque côté de la premiere, & en même tems la circonférence & le diametre de la cavité. Les parties intérieures des deux périostes continuant ainsi à s’ossifier, & l’os continue à grossir par l’addition de toutes ces couches osseuses produites par les périostes.

Mais l’ossification est encore produite par plusieurs autres causes qu’il faut développer. Elle se fait, suivant l’illustre Monro, dans son ostéogonie, 1°. à l’aide de la suppression considérable qu’exercent sur les os, plus que sur aucune partie, les grands poids qu’ils ont à supporter ; 2°. par la violente contraction des muscles qui y sont attachés ; 3°. par la force des parties qui les constituent, & qui font des efforts continuels pour s’étendre & s’accroître.

C’est en conséquence de toutes ces actions réunies, que les fibres solides & les vaisseaux des os sont tenus plus serrés, & que les particules des fluides portées dans ces vaisseaux, deviennent propres