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Le point où le soleil se couche, lorsqu’il est dans l’équateur, est nommé l’ouest équinoctial ou vrai point de l’ouest.

Le mot d’ouest est principalement employé par les Marins pour désigner le couchant ou l’occident, & les vents qui viennent de ce côté-là. Ainsi ils disent un vent d’ouest, faire route à l’ouest, telle île est à l’ouest de telle autre. Mais, dans l’usage ordinaire, on se sert plus communément du mot de couchant pour déterminer les positions des lieux. Ainsi on dit qu’une telle maison est exposée au couchant, que la France a la mer au couchant, &c. (O)

OUGLY, (Géog.) ville d’Asie dans l’Indoustan, au royaume de Bengale. Elle est située sur le bord occidental du Gange, à 18 lieues de son embouchure. Long. 105. 30. lat. 22. (D. J.)

OUICOU, s. m. boisson composée par les Caraïbes avec des patates coupées, des bananes bien mûres, de la cassave rompue par morceaux, du gros sirop de sucre, ou, à son défaut, des cannes à sucre, le tout bien écrasé & mis en fermentation avec une suffisante quantité d’eau claire dans de grands vases de terre cuite qu’ils nomment canaris : cette boisson, à l’amertume près, ressemble à de la biere ; elle est très-forte & enivre facilement.

Lorsque les Caraïbes se rassemblent pour quelque réjouissance publique, ils font un oüicou général ; ces fêtes tumultueuses, ou plutôt ces especes d’orgies, ne se passent guere sans desordre & sans quelque événement tragique.

Les habitans blancs & noirs des îles Antilles ont beaucoup perfectionné la composition du oüicou ; ils ajoutent à une quantité d’eau suffisante & de beau sirop de sucre mêlés ensemble, des patates & des bananes coupées par morceaux, quelques racines de gingembre fraîches & écrasées, le suc & l’écorce d’un certain nombre de citrons & un morceau de cassave grillée, ou une croute de pain rôtie sur les charbons ; ils laissent fermenter ces substances pendant deux ou trois jours dans un grand pot de terre non-verni & uniquement destiné à cet usage, plus il a servi mieux il vaut. La force de la fermentation fait monter le marc vers l’orifice du pot, c’est alors qu’il faut l’écumer bien proprement, après quoi on passe la liqueur à deux ou trois reprises au-travers d’une chausse de laine, & on l’enferme dans des bouteiles bien bouchées dans chacune desquelles on a eu soin de mettre un ou deux clous de gerofle. Il est dommage que cette boisson ne puisse pas se conserver plus de trois ou quatre jours, elle est infiniment plus agréable que du cidre mousseux, à quoi elle ressemble beaucoup par la couleur & le pétillement, & même un peu par le goût. On l’estime rafraîchissante en supprimant les épices ; mais comme elle occasionne des flatuosités, & qu’un long usage pourroit nuire à l’estomac, on y ajoute comme correctifs le gingembre & le gerofle en quantité modérée par l’expérience. (M. le Romain.)

OVICULE, s. m. (Archit.) c’est un petit ove ; Baldus croit que c’est l’astragale lesbien de Vitruve. Quelques auteurs nomment ovicule, l’ove ou moulure ronde des chapiteaux, ionique & composite, laquelle est ordinairement taillée de sculpture. (D. J.)

OVIDOS, (Géog.) petite ville de Portugal dans l’Estramadure, sur une hauteur, à 9 lieues de Sautareu. Long. 9. 45. lat. 39. 5. (D. J.)

OVIÉDA, (Botan.) nom que donne Linnæus au genre de plante, appellé valdia par le pere Plumier. En voici les caracteres. Le calice de la fleur est court, formé d’une seule feuille, large, légérement divisée en cinq segmens droits & pointus. Ils subsistent après que la fleur est tombée. La fleur est monopétale & du genre des labiées. Le tube est fort

long, fort menu, & attaché au germe du pistil. Il est un peu plus épais au sommet qu’à la base ; la levre supérieure est creuse & évasée ; l’inférieure est partagée en trois segmens. Les étamines sont quatre filets plus longs que la fleur. Les bossettes des étamines sont arrondies. L’embryon du pistil est rond & placé entre le calice & la fleur. Le style est chevelu & de la longueur des étamines ; le stygma est fendu en deux & aigu. Le fruit est une baie sphérique, placée dans le calice qui grossit pour le recevoir, & qui est fait en forme de cloche. Les graines sont ovales & au nombre de deux. Linnæi, gen. plant. p. 295. Plumier, gen. 24. (D. J.)

OVIÉDO, (Géog.) ville d’Espagne, capitale de l’Asturie d’Oviédo, avec un évêché qui ne releve que du pape, & une université. Il s’y tint un concile en 901. Elle est sur les ruisseaux nommés l’Ove & la Deva, à 46 lieues N. E. de Compostelle, 20 N. O. de Léon, 83 N. O. de Madrid. Long. 11. 48. lat. 43. 23. (D. J.)

OUÏE, s. f. (Physiologie.) L’ouïe est une sensation excitée par les sons reçus dans l’oreille ; ou, si l’on aime mieux, c’est une perception du son qui se fait dans l’ame par le secours de tout l’organe nommé auditif.

La nature libérale a pris soin d’étendre notre commerce avec les autres êtres au-delà de ceux qui nous environnent, par l’ouïe, & même au-delà du monde où nous vivons, par la vûe. Ce commerce se fait toûjours par une matiere qui affecte un organe ; mais dans l’ouïe cette matiere est plus subtile, plus répandue loin de nous que dans le tact, le goût & l’odorat.

Ici nous commençons à sortir de notre atmosphere, car l’objet de l’ouïe est le bruit en général ; or le bruit consiste dans un vif trémoussement de l’air communiqué jusqu’à l’organe de cette sensation, & cette communication, comme on sait, se fait de fort loin. Le bruit dans lequel les vibrations de l’air sont plus amples, plus régulieres, & par-là plus agréables à l’oreille, s’appelle le son. Voyez Son.

C’est en-vain que l’air remué par les corps bruyans ou sonores nous frapperoit de toutes parts, si nous n’avions des organes particuliers pour recevoir son impression. Le vent se sent au toucher, mais la partie de l’air qui fait le son, est trop subtile pour affecter ce sens grossier, il n’y fait pas la moindre impression.

L’oreille est l’organe propre à cette sensation : son entonnoir ou son pavillon est capable de ramasser un grand nombre de rayons sonores & de les réunir : cet entonnoir est beaucoup plus grand dans certains animaux, comme dans l’âne & le lievre ; il y a des muscles qui le redressent & l’ouvrent quand l’animal écoute, c’est pourquoi ces animaux ont l’ouïe très-fine. Cet entonnoir extérieur est suivi d’un canal aboutissant à une membrane qui est comme la premiere porte des grottes de l’ouïe.

Cette membrane est tendue comme celle d’un tambour, & elle porte aussi ce nom : son centre s’enfonce un peu vers la premiere grotte qui est derriere & qu’on appelle la caisse. Dans cette grotte, il y a des ressorts qui font l’office des bascules qu’on met aux sonnettes, & qui aboutissent d’une part au centre de cette membrane, & de l’autre à l’entrée d’une seconde grotte. Ces bascules sont tirées par des muscles. Cette membrane & ses ressorts paroissent avoir dans l’ouïe le même usage que la prunelle semble avoir dans l’œil. La prunelle se resserre ou se dilate pour recevoir une image plus parfaite, & qui ne blesse point l’organe ; le tympan se tend, ou se relâche de même, pour transmettre à l’ouïe des vibrations plus parfaites & proportionnées à cet organe. Quand l’oreille est frappée d’un son trop violent,