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d’éloignement qu’il y du palet d’un joueur au but. On entend sans doute que ce sont toujours ceux qui mettent leur petit palet plus près de ce but, qui gagnent un, ou plusieurs points, s’ils y ont plusieurs palets. C’est aux joueurs à fixer le nombre des points qu’il faut pour faire une partie.

PALETOT, s. m. (Ouvrage de Tailleur.) c’est un juste-au-corps d’étoffe grossiere & sans manches, qui ne vient que jusqu’au genou, & dont sont vétus les paysans, principalement en Espagne. (D. J.)

PALETTE, s. f. Poche, Cuillier, Bec a cuillier, Plat, Pale, Pale pauche, Cuillier truble, Poche, platea, leucorodius, albardeola, (Hist. nat. Ornithologie.) Willughbi, (Pl. XI. figure 3.) oiseau qu’on ne peut confondre avec aucun autre par la forme singuliere de son bec, qui est plat dans toute sa longueur ; il s’élargit à son extrémité, où il a une figure presque ronde à-peu-près comme une cuilliere ; ce qui a fait donner à cet oiseau le nom de bec à cuillier. La palette est en entier d’une belle couleur blanche, comme celle du cygne, à l’exception d’un peu de noir qui est sur les premieres des grandes plumes extérieures de l’aîle, & sur les premieres du second rang. On trouve cet oiseau en Europe ; il se perche & niche sur le sommet des arbres qui sont près de la mer ou de quelque fleuve ; il vit de poisson ; ses œufs ressemblent à ceux de la poule ; ils sont blancs, & ils ont quelques taches de couleur de sang, ou d’un cendré roussâtre. Willughbi, Ornith. Voyez Oiseau. (I)

Palette du Méxique, platea mexicana, Tlauhquechul, oiseau qui ressemble beaucoup au précédent, & qui n’en differe qu’en ce qu’il est d’une belle couleur rouge ou d’un blanc rougeâtre ; le bec a une couleur cendrée ; la tête, le cou, & une partie de la poitrine, sont dégarnis de plumes & blancs ; il y a un large trait noir entre la tête & le cou. On trouve cet oiseau au Méxique sur le bord de la mer ou des fleuves. Willughbi, Ornith. Voyez Oiseau. (I)

Palette du genou, voyez Rotule.

Palette, terme de Chirurgie, petit vaisseau d’étain ou d’argent, qui reçoit le sang qu’on tire dans l’opération de la saignée.

On dit que ce mot vient de poëlette ou petite poële, & qu’on le trouve écrit ainsi dans Villon. Dionis écrit poilette, contre l’ancien usage, puisque Paré appelloit palette, l’espece de petite écuelle à une oreille, dont on s’est toujours servi pour mesurer le sang qu’on tire dans la saignée.

Chaque palette doit tenir trois onces, afin qu’on sache au juste la quantité de sang qu’on a tiré. La mesure ordinaire est de trois palettes dans les saignées communes ; on les met sur trois assiettes différentes, ou sur un plat où elles puissent être de niveau.

Il y a des circonstances qui exigent une saignée plus forte, & d’autres où l’on ne tire que deux palettes, & quelquefois une seulement.

Au rapport de Dionis, quand on saigne le roi ou quelqu’un de la famille royale, c’est le premier médecin qui tient la bougie ; il se fait un honneur de rendre ce service, aussi-bien que le premier apoticaire de tenir les palettes. S’il y avoit quelqu’un dans la chambre que le chirurgien ne crût pas de ses amis, il pourroit le faire sortir, parce qu’il ne faut point qu’il ait pour spectateurs des gens qui pourroient l’inquiéter & le chagriner par leur présence : aujourd’hui, continue l’auteur, on n’use plus de ce privilége. Toutes les fois, dit-il, que j’ai saigné madame la dauphine, ou quelqu’un des princes, la chambre étoit pleine de monde, & même monseigneur & les princes se mettoient sous le rideau du lit sans que cela m’embarrassât.

On est dans l’usage d’avoir des palettes numérotées ; ou bien le chirurgien les marque, en mettant

un morceau de papier sur la premiere, deux sur la seconde, & trois sur la troisieme.

Dans les saignées du pié on ne se sert point de palettes ; on juge de la quantité du sang tiré, par le tems qu’il y a qu’il sort, comparé avec la grosseur du jet ; par la couleur plus ou moins rouge que l’eau reçoit, & par la teinture que cette eau communique à une serviette qu’on y trempe. Quelques chirurgiens mesurent avec un bâton la hauteur de l’eau, lorsque le pié y trempe. Ils retirent autant d’eau qu’ils veulent tirer de sang ; & après avoir ouvert la veine, ils en laissent sortir jusqu’à ce que l’eau soit au niveau de la marque faite au bâton. Voyez Saignée. (Y)

Palette, (Méch.) est la même chose qu’aube dans les moulins à eau. Voyez Aube.

Palette, (Peint.) la palette est une planche de bois qui est ordinairement de figure ovale. On y fait vers le bord un trou de figure ovale, assez grand pour pouvoir y passer tout le pouce de la main gauche, & un peu plus. Le bois de la palette est d’ordinaire de pommier ou de noyer : on enduit le dessus de la palette, quand elle est neuve, d’huile de noix seccative à plusieurs reprises, jusqu’à ce que l’huile ne s’imbibe plus dans le bois. La palette supporte les couleurs broyées à l’huile qu’on arrange au bord d’en-haut par petits tas ; le milieu & le bas de la palette servent à faire les teintes & le mélange des couleurs avec le couteau qui doit être pour cet effet d’une lame extrèmement mince. Ceux qui travaillent à détrempe ont aussi une palette, mais elle est de fer blanc, pour pouvoir la mettre sur le feu lorsque la colle se fige sur la palette en travaillant.

On dit de certains tableaux, & on l’a dit de ceux de M. le Brun, qu’ils sentent la palette ; ces mots signifient que les couleurs n’en sont point assez vraies, que la nature y est mal caractérisée, & qu’on n’y trouve point cette parfaite imitation, seule capable de séduire & de tromper les yeux ; ce qui doit être un des premiers soins des maîtres de l’art. (D. J.)

Palette du Peintre en émail, c’est un morceau d’agathe ou de verre, sur lequel il fait ses teintes avec son couteau à couleur.

Palette, en terme de Doreur sur bois, est une peau à longs poils montée en demi-cercle sur une petite planche de bois qui entre dans un manche fendu à un bout, & garni à l’autre d’un pinceau. C’est avec cette peau qu’on a mouillée legerement avec la langue, qu’on prend les feuilles d’or, & qu’on les pose sur l’ouvrage. Voyez nos explications & nos Planches du Doreur, où l’on a représenté un ouvrier qui pose de l’or avec la palette sur une bordure montée sur le chevalet.

La palette du Doreur se définit encore un instrument fait de la queue de l’animal qu’on appelle petit-gris. Il sert à prendre les feuilles d’or de dessus le coussinet pour les placer & les étendre sur l’or couleur, si l’on dore en huile, ou sur l’assiette, si c’est en détrempe. (D. J.)

Palette, terme dont les Horlogers se servent pour désigner une petite aîle que la roue de rencontre pousse, & par laquelle elle entretient les vibrations du régulateur. Dans l’échappement ordinaire des montres, il y a deux palettes réservées sur la verge du balancier ; elles forment entre elles un angle droit. Dans l’échappement à levier des pendules, les deux palettes sont sur deux tiges différentes. Voyez Échappement, Verge, & nos Planches d’Horlogerie. (P)

Palette, (Imprimerie.) les Imprimeurs nomment ainsi l’ustencile avec lequel ils relevent & rassemblent en un tas l’encre sur leur encrier, après qu’ils l’ont broyée, comme le bon usage l’exige. C’est une petite plaque de fer taillée en triangle, montée